Chapitre II:
De Noyons à Senlis
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Ils prirent la fuite vers l'Ouest, et ne s'arrêtèrent qu'a la nuit tombée. Encore sous le choc de la cruauté du combat, Brunneliede parlait des hommes qui avaient attaqués ses parents, de sa mère étendue dans son sang, .. Son père faisait ce qu'il pouvait pour la calmer, mais tout le monde savait ,qu'il fallait qu'elle s'exprime ainsi, n'ayant pas l'habitude, comme eux, des carnages et des morts..
-Tu as été guerrier, Batalfrir? Wiomade regardait le vieil homme, se demandant quel âge il pouvait bien avoir.
-Oui, quand mes genoux ne craquaient pas! Je servais en Austrasie, comme lancier de rang..
- En tout cas, jolie framée, elle doit valoir son poids en pièces..
Le fer de la lance de Batalfrir était décoré de ridelles gravées dans le métal, formant des chevrons alignés sur la gouttière centrale..
- Je la tiens de mon père, il l'a reçut en cadeau pour avoir sauvé un noble de l'est, dans une forêt quelque part.. Je ne l'ai jamais vendue, même rouillée par endroits, elle tient le coup! La discussion parti sur les armes de chacun, et elle calma la jeune fille, ou tout du moins l'ennuyât assez pour qu'elle s'endorme.
- Demain, dit Wiomade, nous trouverons un pont et iront au nord, j'y ai de la famille et nous nous y reposerons, puis nous aviserons de la marche à suivre... Un prince de sang ne peut pas fuir devant des hommes qui le pourchassent tel un chien, ce dans son propre royaume!
La nuit fût courte, Angamir les réveillât en revenant d'une excursion matinale : il ramenait un lapin sanglant, et des nouvelles : la route à l'ouest débouchait sur un petit village, avec un pont de bois. Avant ça, il y avait un entrelacs de bois et marais, peu praticables à cheval..
- Je ne suis pas retourné à Compendio depuis longtemps, mais à Noyons nous trouverons ma cousine et son mari, qui nous aideront...
-Si je veux être roi, il va falloir, Wiomade, que j'aille à Paris, et que je rassemble les nobles.. Les Pépinides ne laisseront jamais cela arriver, vu ce que leur sbire de Soissons a tenté!
- On n'en sait rien, il agissait peut être par pur égocentrisme, espérant attirer l'attention.. émit Angamir..
- Je n'attend pas de toi de comprendre la politique... Nous devons aller au sud!! Et je lèverai une armée pour réduire cette ville ou j'ai été malmené!!
Piqué au vif par Childéric, Angamir préférât se taire et s'éloignât, tandis que Wiomade continuait à argumenter. Finalement, les mauvaises manières du princes mirent un terme au débat, et il se retrouvât soit seul à aller au sud, soit accompagné et faisant un détour au nord... Un choix vite fait, surtout vu ses ressources actuelles...
Batalfrir s'approchât de Angamir et Wiomade, au cours de l'avancée, après avoir traversé le petit pont qui était gardé par un vieux soldat qui demandait un prix dérisoire..
- Messeigneurs, puis-je vous demander de vous accompagner? Je n'ai plus de travail, et peu d'économies.. Plus de femme, et une fille à nourrir.. Je pourrai vous être utile : je sais encore me battre et peut toucher un homme à vingt pas avec ma lance..
- Et qui s'occupera de ta fille? Elle ne peut nous suivre, n''est-de pas, Wio? Angamir mimait le scepticisme à merveille..
- Non... Mais.. il y a peut être un moyen, et gratuit pour toi, Batalfrir.. Par contre, tu ne viendra pas avec nous si le médecin de ma cousine émet un avis contraire... Tu es blessé...
- Quelle solution Seigneur? Ma blessure à la tête est refermée, et celle du flanc.. peu profonde, je verrai votre homme, mais je l'ai déjà nettoyée..
- Ne discute pas, c'est la seule condition! Bon, ma cousine aura certainement besoin d'une servante, les femmes en ont toujours besoin... et elle y apprendra à vivre dans une grande ville ! Elle sera nourrie, logée, et entre de bonnes mains..
- C'est trop espérer! Merci mille fois !! Après toute cette aventure, vous aurez en moi un ami et un serviteur, monseigneur!
Angamir rit de bon cœur devant l'enthousiasme du père trop heureux pour sa fille, et Wiomade émit un grognement d'assentiment, et reposât ses yeux sur la route : tout était étrangement trop calme..
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Brunneliede ne fût pas enthousiaste quant son père lui fit part de ses projets... Servir une femme, s'était peu sympathique à côté de la vie qu'elle avait toujours connue, et qu'elle aurait préféré continuer...
- Ma fille, c'est bien mieux pour toi : tu mangera bien, tu apprendra de bonnes manières, moi, j'aurai un salaire, et qui sait, un bon poste si ce Childéric de vient roi...
- Mais père, si je tombe sur une vielle acariâtre qui me bât? Elle n'y mettait pas le ton, n'y croyant pas trop elle même..
- Je ne pense pas, la cousine de Wiomade est a peine plus âgée que lui... Et puis...
- .. et puis?
- J'ai bien vu comment tu es quand il est là, et ta façon de le regarder.. ma fille, tu vises trop haut...
-Mais...
- Non, tais toi! Tu n'y arrivera pas plus en restant fille de ferme! Vois ça comme une façon de peut être y progresser! Je tâcherai d'en toucher deux mots à cet homme quand nous serons sur la route, mais je te le dis : n'espère pas trop...! Et puis, une petite éducation t'ouvrira le chemin d'un meilleur mariage que celui que tu ne pouvais espérer dans notre chaumière...
- Père! je...
- Ne discutes pas! C'est mieux pour nous, et surtout pour toi ! Et il est hors de question que tu vive sur la route avec nous! Nous en reparlerons quand je rentrerai de notre mission avec ce prince! Jusque là, contentes toi de m'obéir, je suis encore ton père, non?
Les échanges entre le père et sa fille amusèrent Angamir, assis non loin et préparant le repas de ce soir là, deux jours après leur fuite de Soissons. L'échange ne fut pas perdu par Trandan non plus, qui montait la garde non loin, mais s'intéressait plus à la jeune femme qu'a d'éventuels poursuivants.. En son fort intérieur, il bouillait: le père de Brunneliede venait de confirmer ses craintes : lui, pourtant si fort, si bon, et bientôt riche, n'avait pas été regardé par cette fille ! Elle préférait les titres et la beauté physique, comme toutes les femmes ! Il lui montrerai, à elle, ce qu'il valait! Il irait lui parler, il suffisait d'un moment seuls, et lui rapporterait ce qu'elle exigerait! Des oreilles d'ennemis, des fleurs, des bijoux, n'importe! Mais il l'aurait !! Tout dans ses pensées, il ne prit pas garde à Batalfrir qui venait le remplacer, et sursautât..
- Aller, jeune homme, part manger, tu tombes de fatigues et ne guette plus rien... Regardes toi, tu trembles alors que ce n'est que moi !!
Mécontent d'avoir été pris en faute, il s'en allât mâchouiller une part de viande séchée, tout en regardant de l'autre côté du petit feu la fille... et ses pensées repartirent dans une folle cavalcade...
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Noyons, Neustrie
Trois jours plus tard, ils arrivaient devant les remparts de terre et de bois de la cité de Noyons. Les gardes à l'entrée se montrèrent suspicieux, mais les laissèrent passés après une petite taxe. Arrivés dans la partie des seigneurs, ils retrouvèrent la cousine de Wiomade, Sigelinde, une jeune femme de vingt-sept ans et mariée au seigneur de la ville. Elle avait deux enfants en bas âge, l'un héritier du titre de comte de la ville, l'autre serai destiné à aller chez les moines, sauf s'il arrivait malheur à son ainé..
La comtesse était grande, au dessus de la moyenne des hommes autour d'elle, les cheveux coupés courts pour son époque, d'un roux doré, ce qui rehaussait ses yeux d'un bleu de glace, et lui donnait un air hautain.. Elle se tenait en haut des marches en pierre de la grande entrée, on venait d'annoncer son cousin et en effet, un petit groupe de cavaliers se tenait dans la petite coure, mettant pied à terre. L'un d'eux était son cousin, et un était une femme. Les autres, tous des guerriers.. L'un des compagnons de Wiomade releva son capuchon, et elle sentit qu'il était « anormal ».. Sigelhinde repéra ses arcades plus proéminentes, et sa taille haute, son front bombé... Nul doute, il avait tous les traits des princes de sang, tout jusqu'à ses cheveux blonds et sa peau claire..
- Bienvenue, cousin. Ça faisait longtemps que tu n'étais pas venu..
- Bonjour, chère cousine. Wiomade s'approchât et embrassa sa cousine.
- Nous avons besoin d'un toit ce soir, ainsi que d'un bain! Sans compter ta table du diner, qui, si je me souviens bien, est assez copieuse et raffinée..
-Évidement... Moi qui pensait que tu venais pour moi...
- Mon cher Wiomade voulait passer depuis longtemps, mais nous avons étés plusieurs fois écartés de votre château, madame..
Sigelinde se tournait vers Angamir, qui venait de parler.
- Cousine, voici Angamir, un habile guerrier de ton oncle, et qui m'est assigné pour me suivre et me bercer quant je vais mal! Et là, c'est Childérick, un des princes de sang..
Sigelinde avait vu juste... Un prince, ici, ça ne s'était pas vu depuis … Tout à sa stupéfaction, elle ne se rendit pas compte tout de suite que l'homme venait de lui prendre la main, et de l'embrasser.
- Une joie et un honneur de connaître si belle femme... Il ré-embrassât sa main..
- Je.. Mon mari, dit-elle, se tournant vers Wiomade, est parti ce matin même au sud, on a reçu une lettre convoquant une assemblée au champ de mars, pour les principaux nobles..
Se retournant vers Childérick, elle vit que son regard la dévorait, et se sentit mal à l'aise, elle qui était d'habitude si sure et si fière de son rang..
- Par ici, vous devez avoir besoin d'eau, et aussi d'un bain.. Vos serviteurs peuvent suivre mes domestiques, ils auront eux aussi le droit à un nettoyage, sinon, je n'aurai pas d'appétit ce soir!
Tous suivirent les domestiques qui firent entrer la troupe, sans les deux nobles partis dans les appartements privés, dans une salle ou on lavait les linges, et ou les bacs servaient au nettoyage des hommes de temps à autres. Batalfrir fit mur de son corps quant sa fille se lavât, mais Tradan réussi à voir un bout de flanc et une jambe pâle, avant de se prendre une bourrade par Angamir
- Dépêches toi, on doit vérifier les chevaux, nettoyer les armes, et commander de la nourriture pour demain!
Le soir même, tous furent conviés à la table de la comtesse, et mangèrent avec d'autres membres locaux admis à la table. L'atmosphère était lourde, et bruyante, mais les cousins et Childérick avait eut tout le temps de parler entre eux auparavant, et c'est une Sigelinde toute excitée par ces histoires de sang qui accepta de prendre à sa charge la jeune fille de Soissons.
- Je lui apprendrai tout, tu verra, ne t'inquiètes pas. Avait-elle dit. D'ailleurs, pourquoi l'a tu emmenée?
- Aucune idée, je l'ai rencontrée par hasard..
-Et..?
- Et rien. Que sais tu de la mort du roi? La conversation était partie sur ce qu'ici ont avait appris à ce propos, mais la comtesse avait noté dans un coin de sa jolie tête le changement de sujet dans la conversation..
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Le lendemain matin, ils étaient sur le départ. Brunneliede était en larmes, elle n'avait jamais quitté son père, et toute la tension depuis la mort de sa mère, l'homme tué, la fuite, refluait et elle lâchait toutes ses larmes.. Plus tôt dans la matinée, l'un des hommes de Wiomade était venu la voire, et elle avait eut peur.. Il avait attendu qu'elle soit seule, et l'avait bloquée dans un coin.. Il avait parlé de devenir sa femme, qu'il l'aimait, qu'il reviendrait une fois Childérick rentré à Paris, qu'il parlerait à son père en chemin.. Puis c'était la comtesse, qui était venue la stimuler pour qu'elle commence aux lingeries, qu'elle n'était pas là pour rêvasser, et que si elle voulait apprendre à se comporter comme une dame franque, il fallait commencer par les tâches ménagères.. Et qu'elle avait bien remarqué comment la jeune fille regardait son cousin au diner de la vaille, qu'elle n'avait aucune chance de se mettre à son niveau, si ce n'est en apprenant à devenir une aristocrate,
-Et ça, ça passe par le fait d'aller tout de suite prendre le linge et le laver! avait-elle ajouté.. Puis son père, les adieux.. Il avait l'air fatigué, et pas si en forme qu'il ne le disait..
- Je reviens directement après, sauf si le jeune noble a quelque chose pour moi.. Avec un peu de chance, je serai à son service jusqu'à être trop vieux, et j'aurai de quoi te payer un bon mariage, ma fille..
Il l'avait embrassé, lui avait recommandé de bien se tenir et d'apprendre au maximum dans l'entourage des ces nobles.Se retrouvant seule, dans un matin brumeux et frais, elle entendit la voix de la chef cuisinière derrière elle.. Il fallait y retourner, puis aller chercher de la viande séchée pour le repas des domestiques..
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Route de Senlis, Hiver 737
Le petit groupe alternait la marche et la monte de leurs chevaux maintenant fatigués. Obligés d'éviter les villes, ils mettaient plus de temps que prévu à rejoindre l'assemblée du champ de Mars, qui, pour une fois, ne se tiendrait pas une fois le printemps arrivé..
Il ne pleuvait plus, mais la neige n'améliorait pas l'état des routes boueuses, et leurs pieds menaçaient d'êtres envahis de champignons dans l'humidité quotidienne et sans répit. C'est en arrivant devant la cité de Senlis qu'il firent une pause, cette après midi là.
Il leur faudrait refaire les fers des chevaux, et dormir au sec, acheter de nouveaux linges de pieds, nourrir les chevaux, et trouver tout ce qu'ils n'avaient pu acheter sur les petits villages ou fermes croisées en route.
- Le seigneur de Senlis est un pro Pépinides connu, surtout qu'ils n'ont plus besoin d'un motif inventé pour nous poursuivre : le meurtre du comites de Soissons a du être diffusé partout à l'heure qu'il est..
Angamir était de plus en plus maussade ces derniers temps.. La mort de leur compagnon Chlotem le peinait, Childérick se montrait hautain avec les non nobles, Tradan se montrait distant et agressif, et Batalfrir semblait perdre des forces à vue... Tandis que Wiomade avait pris un comportement sérieux qu'il ne lui connaissait pas..
- Mais, mon ami, nous ne pouvons continuer plus longtemps sans passer par une ville... D'ici, nous irons ,directement à Paris sans relai, et ça sera bien mieux..
- Je suis d'accord, Wio, mais je redoute qu'un de ces chiens ne nous cherche querelle,et qu'on soit reconnus...
-
S'il en est ainsi, on se battra, et ils mourront!
Childérick semblait de plus en plus prompt à vouloir distribuer la mort, il répétait de plus en plus que «ses sujets» devaient lui obéir désormais... Un autre élément irritant de plus dans cette aventure qui le dépassait... Angamir soupirât, et emboitât le pas à la troupe déjà en route vers la porte nord. Les anciennes murailles romaines, encore majestueuses malgré leur délabrement, montraient fièrement leurs alignements de briques et de pierres blanches, tandis que les tours ovoïdes ressortaient d'un air digne mais menaçant, semblant briser les lignes rouges et blanches de la grande muraille dans un trompe l'œil qu'on ne découvrait qu'en arrivant au pieds de celles ci.
En ville, ils trouvèrent une auberge assez propre, ou Batalfrir s'assoupit rapidement, les deux nobles préférèrent rester dans une chambre, discutant comme à leur nouvelle habitude. Angamir prit soin des chevaux et allât trouver un forgeron pour leurs fers, tandis que Tradan se mit en devoir de trouver des provisions et des linges. Il apprit que le Comites de Noyons était passé deux semaines auparavant, et que le seigneur de Senlis ne l'avait pas suivi à Paris, il battait la campagne après des fugitifs assassins.. Retournant chercher les chevaux pour les ferrer, il manquât Tradan qui revenait des casernes de la ville...
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Noyons, deux jours auparavant..
Brunneliede était désormais la bonne à tout faire de la comtesse, et à ce titre, s'était rendue bien vite compte de la vie «légère» de cette dernière.. Un des artisans de la ville, un menuisier apparemment, l'avait même prise à part et lui avait demandé si elle « fournissait le même genre de générosités »...Sans compter son lit trop dur, ses levés difficiles pour blanchir linge, préparer repas, et faire des courses en ville, tenir la chandelle de la noble et veiller sa porte jusqu'au coucher, Brunneliede avait du mal à s'intégrer dans sa nouvelle vie... la plupart des autres domestiques étaient soit des hommes, soit des femmes bien plus âgées.. C'est quatre jours plus tard qu'elle recroisât le menuisier, qui semblait être un habitué plus que les autres, et qu'elle entendit, tenant fièrement la chandelle « Laisses là, mon cousin ne me permettrait pas qu'il lui arrive quelque chose... Si tu la touches, dis adieu à tes visites, et penses à ta vie, il se pourrait bien que.. » le reste se perdit aux oreilles de Brunneliede. Le ton de la voix était menaçant, mais avec la même teinte de suggestivité qu'elle connaissait à la comtesse quant des hommes « visitaient ses appartements »... Elle se rappelât du cuisiner, qui avait essayé de la déshabiller, un soir, après la cuisine.. Elle avait eut le temps de hurler, et la noble, avertie, avait fait punir le pauvre homme.. Depuis, il marchait en clopinant, ses orteils arrachés, il n'avait échappé au tranchage de ses doigts que parce que ceux ci étaient utiles à son métier... et que la comtesse appréciait ses plats.... Encore quelques semaines, et mon père reviendra.. La jeune fille, ce soir là, s'endormit sur cette pensée réconfortante, comme chaque soir...
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Senlis, petit matin
Angamir allait chercher un pain ou deux pour le voyage.
Avec les années qui passaient , il dormait de moins en moins.. Premier levé, il en profitât pour aller d'étirer dehors, avant de partir chez le boulanger : mieux valait arriver avant tout le monde, ça éviterait d'avoir un choix réduit sur les pains non vendus de la veille..Arrivant devant l'enseigne du boulanger, il croisât un homme armé qui partait dans une rue latérale.. Au dedans, seule deux femmes faisaient la conversation..
- Bien le bonjour! Vous êtes matinal ! Si c'est pour une commande, mon mari vient tout juste de partir.. Si vous voulez du pain de ce matin, je vous servirait à sa place ce matin !
- Merci bien.. Il désignât deux pains de forme quelconque, à croute épaisse, et payât
- C'est lui que j'ai croisé en entrant?
- Effectivement.. Les deux femmes avaient stoppé leur conversation tout au long de la transaction..
- Un artisan en armes.. Pourtant, il n'y a aucune guerre, non?
- C'est que.. Voyez vous, le Seigneur est rentré hier soir. Et ce matin, ils vont appréhender de dangereux criminels en ville.. Mieux vaut être en nombre, on ne sait jamais...
- Mon mari aussi, qui est charron, est armé et se rend chez le seigneur ce matin. dit la seconde femme. Si ça se passe comme l'autre fois, ils vont encore cavaler dans les bois après les vilains... Les gardes de la porte ne referment jamais celle ci, les gens n'aiment pas que la porte soit fermée.. et forcément, les vilains courent, et passent, et nos hommes perdent du temps à les rattraper!
-Je lui dit toujours, d'aller réclamer pour la porte, mais non, et puis...
- Oui, oui, je comprends.. Angamir lui coupait la parole..
- Je.. Je dois repartir livrer mes tissus ce matin vers le pont de la Seine, au sud.. Vous dites que les fugitifs partent vers ou , d'habitude?
- Heu... Vers une des portes... Nord, souvent, à cause des bois.. Au sud, ya que la route, et trop de monde dessus!
- Ha! Tant mieux ! Je serai plus tranquille entouré alors! Mais dites moi, les gardes fouillent ils tous les passagers, s'il y a une battue?
- Pour sur ! Ça ralentit de beaucoup les voyageurs parfois...
- J'espère que ça ne durera pas trop longtemps, je n'aimerai pas avoir à rentrer de nuit avec ces brigands pas loin !
-Ha.. La femme du boulanger semblât réfléchir, prenant une moue concentrée..dans ce cas, si vous voulez éviter les fouilles et les blocus des voies, je vous conseille, pour la route sud, d'aller sur le petit chemin une fois le premier bosquet sur votre droite passé. Là, vous rejoindrez l'ancienne voie romaine, assez délabrée, qui désert des villages. Mais je pense, vu le nombre d'hommes recrutés ce matin, que vous n'aurez pas à vous en faire! Ils seront arrêtes et exécutés, croyez moi ! Et vous voyagerez tranquille sur la bonne route !
-
Merci, je me souviendrait du chemin et de la vielle voie, si je vois qu'on avance pas! Une bonne journée, mesdames!
C'est un Angamir rouge sous l'effort d'une marche rapide, mais ne voulant alerter personne, qui allait d'un bon pas vers l'auberge ou tout le monde se réveillait..
En chemin, il croisât des hommes mal réveillées pour la plupart, dont certains allaient vers les rues latérales à l'auberge.. Sentant une panique l'envahir, il se maudit d'avoir laisser ses armes dans la chambre...
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Senlis, chambre de l'auberge
Batalfrir se sentait reposé, mais toujours aussi mal.. Les douleurs dans ses jambes étaient parties, mais reviendraient une fois les efforts à faire, ou une marche longue...
La nuit, il devait laisser sa jambe pendre le long du lit, la plus blanche des deux, la droite.. Sinon, la douleur revenait lorsqu'il était allongé... Ce matin, il massait sa jambe, regardant par la fenêtre.. Il vit Angamir, à l'autre bout de la petite place, marcher d'un drôle d'air.. De partout sur la même place, des hommes armées de lances bougeaient...
Entendant un grognement dans son dos, il lançât:
- Quelque chose me dit, ami Tradan, qu'on va avoir des ennuis..
Tradan ne répondit rien, mais semblait mal; réveillé...
-Il faut prévenir les nobles.. Batalfrir se levât, mais quelque chose en lui l'empêchât de continuer son geste... Il se rassit, ne sachant pas comment prendre la situation : ses jambes.. plus de douleur ! Par contre, il se sentie mal... Sous lui, un liquide chaud se répandait... Il était vieux, mais pas à ce point l... La chambre était grise, et il sentit à peine le sol le frapper...
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Tradan veillait depuis la veille, et avait peu dormi. Il feignait le sommeil depuis plusieurs heures, et attendait avec anxiété l'arrivée des soldats Senlisiens.. Quant le vieux fit sa remarque, il en fut quasiment soulagé... Il coup de scramasaxe dans le bas du dos, sans même un cri.. «Ce vieux là n'emmerdera plus personne» se dit il.. laissant Batalfrir tomber comme un sac de terre, il était déjà à prendre les armes de la chambre et les bloquer sous le lit, quant il allât vers la chambre de Wiomade et de Childérick.. «Leur retirer leurs épées, et ils seront sans défense...» avait préconisé le Seigneur de Senlis.. Qui ne voulait pas d'un incident comparable à celui de Soissons...
«Tu sera remercié, et j'enverrai quérir la fille dont tu veux la main, à Noyons. Une ferme pour toi, en tant que mon vassal, et une belle femme, telle que tu la décrit, ton avenir est fait!» Tradan s'était senti bien, bien plus que les jours derniers, autant que quant il avait tué ces hommes basanés dans le sud des royaumes Francs... Il se voyait déjà, Brunneliede à ses côtés, éplorée par la mort de son père, haïssant Wiomade pour ce meurtre, et la réconfortant, elle l'aimerait.. Oui ! Et ils vivraient des revenus de ses terres.. SES terres! Ses fils seraient respectés, et il vieillirait auprès d'une femme qu'il espèrerait toujours belle, voyant sa famille aller d'exploit guerrier en poste important...
Mais la nuit avait été longue, et l'anxiété le rongeait.. Et si un des deux nobles avait ouvert la fenêtre? Et s'ils avaient déjà leurs épées?
- Tradan? Que fais tu là?
Il n'osât pas se retourner, cette voix lui était trop familière... C'était Angamir, qui montait les escaliers en courant...
- Prends nos armes! On va en avoir besoin... Moi, je préviens Wiomade et Childérick!
Tradan ne bougeât pas, mais ne fit rien pour stopper son compagnon. De toutes façons, les deux nobles étaient déjà sortis de leur chambre, et tenaient leurs épées longues à la main..
- Nous n'avons pas étés assez discrets.. Anga, as tu pensé à seller les chevaux hier soir, avant de remonter?
- Oui Wio, mais ils sont nombreux, et déjà là.. Se tournant vers Tradan : Et alors? Vas chercher Batalfrir et des armes! Dépêches toi !!
Il partit dans la chambre des nobles et prit les rations qui y étaient entreposées, et descendit avec les deux hommes armés jusqu'aux écuries. Dans la rue, on entendait des pas, nombreux, et des cris étouffés. Tradan n'était pas avec eux..
- Sale merdeux, depuis le temps que je lui dit qu'il ne vas pas bien, toujours à trainer! On va se faire avoir par sa faute! Angamir déposât ses paquets et courut vers les chambres, chercher ses amis ,et ses armes.. Quant il arrivât dans la chambre, il ne vit ni ses armes, ni Tradan, ni Batalfrir.. Une mare de sang maculait le sol.. Commençant à paniquer, il prit son petit couteau, et fit mouvement lentement, sur qu'il y avait des hommes non loin prêts à sauter sur lui.. Arrivé dans le couloir, il suivit les traces de sang.. Pour arriver devant une autre chambre, fermée.. Il ouvrit la porte, et vit une femme, égorgée, sur un lit, un homme, son mari certainement, allongé auprès d'elle, le sang gouttant encore de ses carotides.. Batalfrir était dans une drôle de position, comme si on l'avait jeté là, au sol.. La porte se refermât sur le nez d'Angamir, et il lâchât sa seule arme. Un couteau se mit sous sa gorge, et la voix de Tradan, pleine d'angoisse, lui intimait à l'oreille de ne plus bouger.. Qu'ils s'en sortiraient, eux deux, sauf s'il résistait.. Eux n'étaient pas coupable.. Qu'il ne devait surtout pas bouger... Il fallait attendre les gardes..
Angamir avait la tête qui tournait.. Pourquoi son compagnon parlait il ainsi? Pourquoi ces trois cadavres?
- On aura qu'a dire que c'est le vieux qui a tranché la tête du Comites de Soissons..
- Tradan.. Qu'as tu fait? Et..pourquoi? Relâches moi, maintenant!
- Ho non ! Tu risquerait de faire l'imbécile ! Écoutes moi, notre ami nous as toujours manqué de respect, par sa naissance, par ses manières, et depuis qu'il a rencontré ce fou de Childérick, il est de plus en plus distant, et méchant ! Regardes comme il m'a vol..
- Il t'a quoi? Et Tu nous a trahit pour ça? Alors que tu aurai très bien pu repartir, Wio t'aurait donné de l'or pour rentrer seul, et tranquillement !
- Tais toi! Tu ne sais pas! J'aurai des terres, et on m'a promis..
-Promis Quoi? Qui t'as promis quoi que ce soit? Tradan?
Tradan ne bougeait plus, il sentait l'acier froid d'une lame entre ses jambes... La voix de Batalfrir, grêle ,raisonnait dans la pièce.. Une sorte de murmure...
-Lâches le , petit con, lâches le, ou je te castre, et je t'arrache les entrailles, et tu souffrira, lâches le.. Tradan poussât un cri suraigu, et se retournât pour frapper le vieil homme. Celui ci se prit le couteau dans l'œil, et lâchât son arme.. Dans le même temps, quelque chose frappât Tradan derrière la tête, et il partit contre le mur.. Ce fut le noir complet..
Angamir ne prit pas le temps de s'arrêter sur le corps de Batalfrir, il ramassât un couteau, une épée courte, et courut retrouver les deux nobles, il n'y avait plus qu'eux maintenant ! Et si Tradan les avait vendus, il devraient faire vite.. L'itinéraire glané chez la boulangère ne serait pas de trop ! En Arrivant en bas des escaliers, il vit une trentaine d'hommes entourant Wiomade et Childérick, tout deux à dos de cheval, l'arme au clair..
Personne ne voulait engager le combat, et personne ne remarquait Angamir, dans l'encadrement de la porte.. La scène était fixe, un homme richement vêtu, le Seigneur de Senlis, ricanait en même temps qu'il insultait les deux hommes au centre de la petite coure.
- Allez, déposez vos armes, de toutes façons, je n'ai aucun droit de vous juger, moins encore de vous exécuter.. Vous allez vivre quelques jours en plein air, le temps d'arriver à Paris.. ne faites pas les imbéciles, et ne mettez pas en jeux la vie d'hommes qui n'ont rien demandés !
Tradan et deux miliciens venaient d'arriver derrière Angamir.. Tradan prit la lance de la main d'un des guerriers, et se jeta sur son ancien ami, lui perçant le dos. Le cri semblât revendable tout le monde, les lances s'abaissèrent autour de deux cavaliers qui ne purent plus bouger, et Angamir s'écroulât sur les pavés.
- C'est lui qui a tué le Comites! Laissez moi l'achever!! cirait un homme fou, avec une grosse bosse sur le front.. Il se battait avec un milicien qui voulait reprendre sa lance... Ce qui laissât le temps à Angamir de se retourner sur le dos et de trancher le mollet de Tradan, dans un geste désespéré, avant de recevoir une pluie de coups venant des miliciens qui s'étaient retournés sur lui..
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Senlis, grande place, trois heures plus tard
Les deux nobles étaient sévèrement gardés par des hommes à cheval, et attendaient le seigneur de Senlis, qui devait les emmener à Paris dans l'après midi..
le corps d'Angamir, couvert de plaies, avait été mis non loin, et une oraison publique avait été faire : « ainsi finissent les tueurs de nobles francs » pouvait on lire sur un écriteau en dessous.. Quant à Tradan, il ne se servirait plus jamais de sa jambe droite comme avant.. Il avait eut le droit à des insultes de la part de Wiomade, et avait misé les deux meurtres qu'il avait commis en voulant cacher le corps de Batalfrir et les armes sur le dos du vieil homme, qui d'après lui avait voulu s'échapper voyant la foule en armes devant sa fenêtre.. et avait pris les deux autres locataires pour des miliciens..
C'est un Tradan tout joyeux qui vint saluer son ancien maitre et le prince de sang, en insistant bien sur le fait qu'il se marierai très prochainement avec la fille que Wiomade avait sauvée, que pour une fois, on reconnaissait ses véritables qualités, et d'autres phrases qui échappèrent aux deux nobles, qui se fermèrent devant tant d'absurdes paroles.
Plus tard, sur le chemin, Le seigneur de Senlis s'approchât d'eux
-C'est un grand jour pour moi, j'attends un titre officiel depuis longtemps, je vais l'avoir pour l'arrestation du meurtrier et de vous deux, recherchés pour des motifs politiques, enfin passons... Vous savez, votre ami Tradan, fût d'une grande aide! Mais bien que je cautionne de tels actes, et que je soutienne les Pépinides dans leur action contre notre propre royaume, je n'en suis pas moins doté d'un sens moral.. Cet homme voulait une femme qui ne veut pas de lui si j'ai bien compris, et des terres.. Imbécile comme il est, il a voulu bien trop, et n'a pas sourcillé quand je lui ai offert bien plus.. Tout ce qu'il aura de moi, c'est une pointe de flèche à la sortie de la ville... ca me fera quelques armes et un cheval gratuits ! J'espère que malgré cette note pragmatique, vous apprécierez le fait que ce traitre crève dans un fossé tel le chien qu'il est.. !
Au fait, comme je ne suis pas en poste depuis très longtemps, je pense que vous ne connaissez pas mon identité: Je me nomme Sabroïne Luz.. Ravi de connaître un membre de la ligné royale!Il sourit d'un air franc, et s'éloignât d'eux..
Le voyage durerai quelques jours, et même s'ils n'étaient pas attachés, il y avait bien quinze, hommes armées et montés qui les surveillaient.. Leur seule chance serait de tomber sur un conseil des nobles en faveur de Childérick ,et pas d'un autre prince, s'il en restait... Charles n'irait jamais les tuer, mais un emprisonnement long, comme ça s'était tant vu, ne pourrait pas être mieux !
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Noyons, le lendemain matin
Brunneliede allait chercher un bac d'eau, pour nettoyer les linges sales des domestiques du bâtiment principal, comme on le lui avait montré. Ses mains étaient déjà rouges des savons qu'elle devait utiliser pour décrasser les tissus, c'était le quatrième aller-retour qu'elle faisait... Sigelinde lui avait fait savoir la veille qu'une fois tout cela fini, elle devrait monter la retrouver dans sa chambre. Elle devait donc se dépêcher, si elle voulait avoir le temps de manger quelque chose avant la préparation du repas de la mi-journée..
Une fois cela fini, elle partit retrouver la noble dans sa chambre... laquelle était sombre, et à la chaleur étouffante.
- Ouvre donc les tentures des fenêtres, et va me chercher un bac d'eau. S'exécutant, la jeune fille vit que Sigelinde attendait dans son lit, assise et mâchonnant un morceau de pain rassi.. Elle allât donc, une fois de plus chercher de l'eau, et remontât dans la chambre. La noble était en train de se soulager dans un pot, et, sans aucune gêne, lui donnât l'ordre de venir mettre l'eau à tiédir sur les braises de la cheminée, et de prendre ses vêtements pur la journée.
- Tu vas me nettoyer, tu dois aussi apprendre ça.. Déjà gênée par l'action en cours de la noble, c'est une Brunneliede rouge pivoine qui allât aux coffres chercher une chemise de lin, tandis qu'elle essayât de lisser la tunique de laine rouge soyeuse jetée négligemment à terre..
- Alors, tu viens ? La noble était debout, nue , devant elle.. Tu ne vas quand même pas me jeter de l'eau simplement sur moi, et espérer que je sèche ainsi? Prends le savon dans le petit coffre noir derrière toi, et un linge pour frotter, tandis qu'avec le second tu me sèchera! Il faut vraiment tout t'apprendre!
Ne pouvant être plus rouge, elle allât chercher l'eau qui devenait plus chaude, et s'appliquât à tremper le premier linge dedans, puis frottât le savon dessus commençait des mouvements circulaires sur le dos de sa compagne.
- Plus doucement, je ne suis pas un poney !! Et je ne suis pas frileuse, ça ne sert à rien de se dépêcher!!
Le ton devenait plus sec, et Brunneliede se dit qu'elle devait faire attention pour une tâche si délicate, ne pas décevoir son père et se faire mettre à la porte, vu le changement d'attitude de la noble..
- Voilà, avant de passer à un autre endroit de peau, enlèves le savon avant qu'il ne sèche, et essuies.. Brunneliede accomplissait sa tâche comme on lui demandait
«Plus bas» «Plus fort!» «Repasses ici». Les ordres commençaient à lui peser, jusqu'à ce qu'elle soit trop stupéfaite pour s'en énerver d'avantage... l'autre femme venait de lui prendre la main pleine de savon et de la glisser en bas de son ventre..