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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 00:01

Chapitre XI:

Les nuées rhénanes

 

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C'est un Thierry grognon qui se reveillât, ligotté, sur le dos d'une mule.

Plus trace des autres cavaliers, il n'y avait que Wiomade et un jeune homme, un paysan.. D'ailleurs, Wiomade aussi, l'était, paysan! Habillé de vêtements sales et déchirés, il ressemblait à un de ces vieux laboureurs musclés, ne seraient les cheveux longs..

Thierry voulut parler, mais un gout metallique le retint. Une dent branlante, aussi.

 

  • Tu m'a frappé! Salaud, je..

  • Et tu as du apprecier. Maintenant, tais toi, ou je recommence.

    Il sortit un couteau à manche doré, et coupât les liens qui retenaient les mains de hierry. Celui ci, dans sa précipitation, sautât à bas de sa monture, mais roulât dans l'herbe: ses pieds etaient encore attachés!

  • Pourquoi tu m'humilie comme ça, dis?

  • Loin de moi l'idée, mon petit prince. Tu n'avais qu'a attendre que je te coute les liens..

  • Toujours réponse à tout. Thierry gromellait, et enrageait de sa douleur bucale. Sa dent bougeait, et elle pourrirait d'ici des années, et ça le rendait maussade. En plus, il venait de s'égratiner un coude!

  • Ou on va?

  • Nord.

  • Quoi?

  • Lèves toi et viens, on a pas le temps. On te cherche, et cet homme -il désignât le paysan, qui souriait betement- est la seule aide que nous avons. Contre une applique d'or pour ceinture, il nous enmène au Rhin. De là, on prendra un bateau frison.

  • Je ne veux pas! Je reste ici!

  • Tu apprécie les coups à la bouche? Si oui, continues donc faire l'enfant! Dès demain soir, nous seront dans les mairais de frise, et il faudra faire attention, le moindre faut pas, et on se fera égorger comme des petits marchands bien gras..

    Le paysan sourit encore, l'air bête. Avait il tout compris? Savait il qui il escortait? Depuis qu'il avait l'applique dans les mains, il souriait, et ne répondait plus que par monosyllhabes aux questions..

  • La cour d'un roi franc n'est plus ce qu'elle était...

  • Tu peux toujours retourner vers Laon, petit prince..

  • ...

 

 

 

C'est en pleine nuit, après avoir remercié leur accompagnateur, et lui avoir racheté le reste de vivres, qu'ils commencèrent leur marche dans les hautes herbes humides du littoral frison. Au primier petit village côtier qu'ils rencontreraient, ils iraient demander un navire. Quelques bijoux feraient l'affaire, s'ils ne tombaient pas sur des pirates..

 

N'osant pas faire un camp, vu le nombre de marres qu'ils rencontraient, il continuèrent, et furent bientôt assaillis par un brouillard épais, et froid.

 

  • Encore? Tes amis viennent trop tard, et..

  • Silence! Tout est ettoufé ici, et il ne faudrait pas tomber dans une marre de boue.. suis moi, et continuons avant de tomber refroidis et couverts de champignons suintants!

  • Gromellement de Thierry..

 

 

Au petit matin, le brouillard était toujours là.. Ils durent pourtant se laisser tomber sur une petite zone moins humide et scabieuse qu'ailleurs.. Nul chemin, pas de chaumière ou de ferme, rien. Ca déprimait Wiomade, qui ne conaissait pas cette partie du royaume. Irates, boue, herbe, un endroit affriolant!

 

Vers la midi, ils arrivèrent à une embouchure étroite. Rechargeant leurs gourdes, il se remirent à parler

  • Aucun oise, aucun petit animal... on va creuver de faim!

  • C'est plus inquiétant que ça.. Pas d'animaux... le sol doit être empoisonné par les Dieux! Ou pire... la pisse des saxons doit être toxique!

Thierry rechachat l'eau qu'il buvait, et regardât Wiomade d'un air efrayé

  • Je plaisantais! Bois comme tu veux. Les animaux ne doivent rien avoir à faire dans un endroit aussi pourri, voila tout..

    Il se tut brusquement. Un bruit de raclage venait de se faire entendre..

    Thierry, viens ici et..

    C'est le souffle coupé qu'il vit Thierry tomber dans la vase, un javelot dans le dos. Peu après, quelques ombres sortirent des brumes, et parmis elle, une hache jetée droit sur Wiomade.

    Sans avoir le temps de dégainer, il reçut l'arme dans l'épaule gauche. Son bras principal pendant lamentablement sur son flanc, il pris sa lame courte, et la brandit vers les assaillants. Hirsutes, visqueux comme leur pays, ils ramenaient une tout petite barque, et deux se penchaient déjà sur le cadavre de Thierry..

  • Laissez le!
    Wiomade s'elençât, mais trois hommes se mirent à l'attaquer. Sa lame efilée perçât l'abdomen du premier, et les deux autres abatirent lance et hache sur le corps du vieil homme.

    C'est une sillhouette élancée, armée d'une lame incurvée en argent qui vint trouver les frisons occupés à dépouiller les deux cadavres. D'une main, elle désignât la barque, et ils comprirent qu'ils devaient partir. Ils surent que la barque avaient désormais un sac rempli de bijoux en or et pierres précieuses, et effectivement, une sacoche venait d'apparaitre là, sans qu'ils la voient. Ils emportèrent leur camarade blassé mortellement, devenu tout vert, et laissèrent la sillhouette féérique se pencher sur les deux francs morts.

    D'un coup de pied sec, et puissant pour une si frèle creature, Erda, c'etait elle, renversât le corps de Thierry sur le dos. Elle saisit sa chevelur, et, à l'aide de la lame d'argent, coupât les cheveux du cadavre

  • Au moins, tu servira un peu mieux mort, je l'espère... Tu n'etais qu'un imbécile, hélas..

Puis elle rejettât d'un geste brusque le cadavre au milieu du flot tranquile, et tandis qu'elle grognait, elle se penchât sur l'autre coprs.

 

  • J'espère que tu as un don masochiste, mon cher ami.. Car tu n'as pas fini de prendre des coups!
    Tandis qu'elle parlait, elle faisait de petits signes des doigts, et la brume semblât virevolter, mais ce n'etait que le vent.

Sous elle, le cadavre vit ses rides disparaitre, et les cheveux blanchis redevenir blonds. Les blessures, l'une à la tempe, l'autre au thorax, se refermèrent. Les tissus de laine rugueuse écrue se transformèrent en lin, laine et soie brodées et richement teintes d'indigo et de pourpre, tandis que des serpends d'acier s'entortillaient de partout. Bientôt, une armure de mailles rivetée entourait le corps, tandis qu'un chant qui semblait sortir des vieux rites druidiques se faisait entendre.

Les doigts bougèrent, et se refermèrent sur une poignée de spatha romaine en corne blanchie. L'autre main saisit un casque à panache brun, et les yeux verts s'ouvrirent, en clignant deux fois.

 

  • Clarrissimus !! Clarissimus!! Général!!

    Wiomade se surprit à comprendre ce latin fluide.

  • Ici.. je..

  • général! Vous avez chutté, pas étonnant vu ces sales trous! Vous les avez eu?

  • Qu.. Qui?

  • Les pirates germains général! Vous les avez vu avant nous, vos origi..

    Le soldat semblait stupéfait lui même de se qu'il avait commencé à dire..

  • Et bien quoi, mes origines?

  • Je suis désolé, général, mais.. ça doit etre cette brume, je ne voulais pas vous manquer de respect, et je respecte les germains. Ma mère est elle même illyrienne, et mon père..

  • Oui, et ?
    Wiomade se relevait. Comment avait il été porté ici? Qu'est ce que c'était que ce deguisement, cette armure étrange, ce casque qu'il semblait connaitre sans l'avoir jamais vu? Et ce soldat, équipé d'une cuirasse à la vieille mode antique, comme on les voyait dans les pièces théatrales? Quelles pièces, d'ailleurs?

  • Général? Est-ce que ça va? Vous savez, je voulais dire.. dans ce brouillard, vos yeux perçants de.; heu.. germain.. voient meux que les notres.. et.. mais ça va bien?
    Soutenant son général, l'optio Glarisus,anciennement de la légion IV Flavia Felix, était désemparé. Ce guerrier, qu'il vait découvert lors de la bataille de Arssorn, comme disaient les romains avec leur accent méditéranéen, etait devenu un général au srvice de Rome, apprécié et si robuste.. le voire si sonné après une simple chute de cheval, dans un terrein de boue..



    Non loin de là, la frèle sillhouette d'Erda enportait le cadavre au cou brisé d'un auxilliaire germain de haut rang dans l'armée romaine.. une chutte de cheval fatale, mais voulue des dieux... L'homme, traitre à la toute jeune idée de formation d'une ligue germanique sur la rive droite du Rhin, n'aurait pas servi la "cause". Le remplacer par Wiomade, voilat ce qu'il fallait faire! Voila ce qu'elle dirait aux autres, dieux pour la plupart mesquins et vengeurs.. Elle, au moins, tentait de préserver les anciens rites...

    Elle ne pouvait qu'esperer que Wiomade arriverait à se faire passer pour le général mercenaire Vomudus, comme on le disait à la "romaine". Et qu'il survivrait... Six ans séparaient la fin de cette bataille qui avait vu l'homme se vendre à l'empire, et celle qui ferait entrer les Francs dans l'histoire...

     

  • Courage, mon ami. Tu va souffrir, et mourrir encore. Rien n'est fini, pour toi. J'espère que tu me pardonnera..

    Se détournant, la mince sollhouette et son lourd et grossier fardeau disparurent dans la brume. Les chants se turent...

     

 

  • J'ai bien cru qu'on avait affaire à de sales druides, général! Brrr!! Vivement qu'on retourne plus au sud, quitte à repartir dans ces foutues futaies de votre pays, ici, j'aime pas!

  • A qui le dis tu...
    Wiomade se posait la question tant à son acolyte qu'a lui même... Qui était il? Thierry? Childerick? Soissons?? Tout semblait scabreux et flou... et c'est la tête pleine de douleurs et de pensées déchiquettées qu'il partit vers le camp de tentes installées là, le temps de reprendre les actions militaire soutre Rhin.. Tout le monde là attendait le retour de la chasse de leur chef, ce prince mercenaire germanique..

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 23:27

hapitre X:

rebellion prématurée

 

 

 

 

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C'est à la fin du mois de juillet que l'armée de Thierry arrivât à Laon, et fit halte devant ses remparts et ses portes fermées.

Le messager envoyé pour demander la reddition de la ville fut abattu par une flèche dans le dos au moment ou les éclaireurs revenaient du sud de la ville : de l'autre côté des collines ou la ville se perchait, de la poussière s'élevait sur une large bande.. Des hommes étaient restés pour épier, mais on calculait bien dix mille hommes, voire plus.. Et si des éclaireurs les voyaient, nul doute que du haut des remparts de Laon, on voyait aussi l'armée de secours envoyée par Pépin..

 

 

 

Laon, remparts sud, été 767

 

Charles regardât son frère sortir de la tente montée rapidement.

Se tournant vers son aide de camp, un vieux guerrier placé à ses côtés par le roi son père, il l'interrogeât d'un regard,

  • Votre père vous a confié le commandement, et il le prend mal, étant l'ainé.. c'est compréhensible. Mais il devrait éviter de le montrer devant tous. Vous êtes le général, vous ordonnez. Si je puis me permettre, et je vous dis cela car je vous juge bien plus compétant que lui, vous devriez prendre garde, avec votre père mourant..

  • Il suffit! C'est mon frère, et il a des enfants! Jamais je ne.. Non !! Nous sommes ici pour mater ce trublion qui se prend pour l'héritier de ces incapables qui nous ont trop longtemps asservis, occupons nous de cela. Et si, un jour, je suis roi des francs, je veillerai à ce que leur nom soit rayé, sali, cela évitera à notre famille d'avoir des ennemis de ce genre tous les dix ans..

  • Sage décision, mon prince. Si je puis me permettre, mieux vaut demander à la garnison de Laon de sortir par la porte sud, qui vous est déjà ouverte, et ainsi renforcer votre troupe et..

  • Non ! Nous sommes déjà en surnombre, et je ne veux pas qu'un groupe ennemi s'empare de la ville et la tienne pendant plusieurs jours!

  • Mais, mon prince, n'ouliez pas qu'ils s'agit de mercenaires et de gardes des frontières orientales, expérimentés et..

  • Justement, une grande partie sont des mercenaires.. Depuis hier soir, ils ont déjà du voire qu'on était très nombreux..

 

 

 

 

 

Laon, remparts nord, ete 767

 

Thierry donnait ses ordres et regardait d'un air satisfait ses troupes se mettre en ordre de bataille. L'armée ennemie pouvait être divisée par deux : la moitié était en effet des recrues, et mêmes si certains étaient des hommes ayant déjà combattu au cours de leur vie, ils ne valaient pas les troupes de vétérans qu'il avait sous ses ordres! Une fois les fils du roi en fuite, il ne resterait plus qu'a refaire une demande de capitulation à la ville, qui se rendrait certainement...et là commencerait la gloire de Thierry V, il rétablirait sa race, sa famille. Il irait traquet jusqu'au bout tous ces partisans des pépinides, puis ça serait au tour de ces maudits saxons. Qui sait? Il irait peut être jusque Byzance...

 

Pour commencer, un couronnement, même sommaire, remettrait les choses à leur place : les plus traitres se retourneraient contre l'ancien maire du palais, les indécis resteraient sur leurs positions, et les imbeciles soutiendraient Pépin, à Soissons s'ils l'osaient, ou enfermés à Paris..

Le plus ennuyeux serait de faire le siège des villes,surtout de Paris, entourée d'eau pour sa partie centrale.. Peu importe! Thierry ferait de Laon sa capitale, le début de son règne se ferait ici, aujourd'hui !!

Crachant dans l'herbe haute, il fit signe à un homme posté derrière lui, qui vint lui tendre une gourde de cuir et de bois. Après avoir avalé plusieurs goulées d'eau tiède, le chef de la rebellion se mit à cheval, et galoppât jusqu'a ses troupes. Les mercenaires à droite, les garnisons à gauche, le centre était tenu par des troupes qui avaient prétées allégeance depuis Trêves.. Elles feraient le gros du travail, habituées à combattre les barbares de l'est depuis des années maintenant.

Wiomade avait tenté d'equiper tout le monde d'un bouclier, même sommaire et fait de simples planches clouées perpendiculairement.. Quant aux haches de jet, autant les oublier : tout le monde se battait au dorps à corps, lance ou hache lourde, voire épée pour les plus riches -et ceux qui avaient pu s'en fournir une!- mais ceux là restaient à cheval, avec Wiomade, et faisaient mouvement vers la gauche, afin de faire une manoeuvre d'encerclement..

 

Contrairement à ce qu'avait demandé Wiomade, trouvant que cela faisait trop "saxon", Thierry avait fait cavaliers tous les hommes nobles, ou assez riches pour avoir une épée longue. La troupe de fantassins n'aurait donc aucun chef, noble ou capitaine de haut rang permis elle..

 

Prennant une grande goulée d'air, Thierry se dressât sur ses etriers, et hurla d'un ton plus aigue qu'il ne l'aurait voulu : " Pour mes pères, pour le royaume !! Vengeance!!" Quelques cris lui répondirent, puis il partit se mettre avec les autres cavaliers, et sortir sa spatha ouvragée de chevrons d'aciers. Un cavalier lui tendis un casque filigrammé à plumeau blanc, dont les gardes joues étaient décorés de croix chrétiennes dorées. Tout en le sanglant, il regardait son armée avancer.. En face, aucun mouvement... Laches!

 

  • Lâches, mêmes plus nombreux, ils ont peur!! Lachât Thierry en regardant ses hommes les plus proches, dont Wiomade,

  • Tu ne devrait pas les sous estimmer, ils..

  • Ils sont de petits nobles qui jouent aux rois, leurs troupes le savent, et ils périront pour avoir osé tous leurs forfaits et meutres!!

    Coupant court à toute réplique, Thierry orcdonnât de se déplacer sur la gauche, pour charger une fois le corps à corps engagé, faisant fi des cavaliers ennemis pourtant bien plus nombreux..

 

 

Wiomade se retrouvât au septième rang. Il essayait de ne pas perdre de vue le plummeau blanc..Difficile avec la poussière soulevée par les sabots!
Thierry semblait possédé par sa propre folie, et prenait de gros risques.. L'infanterie n'avait aucun chef pour la rallier sur le champ de bataille, et, même si bien équipée, sa cavalerie était bien moins nombreuse que celle des pépinides.. Surtout si on chargeait directement dans la masse combattante, ce qui laisserait tout mouvement aux cavalier adverses... mais trop tard pour contredire "le roi"...

 

La bataille s'engageat rapidement, les hommes portant des javelots allant au devant de leurs lignes respectives tirer sur l'ennemi.. Puis les deux murs de boucliers avancèrent, et, à vingt mètres à peine l'un de l'autre, les hommes hurlèrent... pour expulser leurs peurs, pour rendre l'ennemi craintif.. l'ennemi, le frère franc ! Cri de franc contre cri de franc, cri d'ancien gallo-romain contre cri d'ancien gallo-romain!

Le centre et l'aile gauchent engagèrent le combat, qui fut plus brutal que sanglant, comme il était de coutume devant toute bataille ou chaque camp combatait en ligne sérrée derrière ses boucliers.. Mais l'aide droite restât sur place..

 

  • Tavanick ! Hurlât Thierry. Va me pousser ses vides-cul-de-poulets et reviens avant qu'il ne soit trop tard pour toi pour avoir ta part de gloire contre ces chiens là!

  • Bien ,mon roi ! Le cavalier à cape brune et plumeau rouge sang fit volte face et contournât les combattants pour porter les ordres.

    Entre temps, Thierry mis en ordre ses cavaliers, et atendis. L'ennemi ne bougeait pas, ce qui laissait le temps d'enfoncer la droite de l'infanterie, et de se dégager au cas ou... Il vit Wiomade venir vers lui, mais lui tournât résolument le dos, et fit avancer sa monture de quelques pas.. Reportant son attention sur le champ de bataille, il vit sa gauche progresser.. Bientôt, une charge de flanc ne serait plus utile... Le centre piétinait, mais ne reculais pas.. la droite n'avait pas bougée, et les guerriers en face non plus... Que faisait Tavanick??

  • Mon prince! Regardez!!

Thierry regardât ce qu'un de ses suivants poitait du bras: Tavanick venait de chutter de cheval, et la droite de son armée infléchissait ses boucliers vers le centre de Thierry..

Non ! Tavanick n'avait pas chutter, mais venait de tomber après s'être fait frapper au ventre ! Le flanc droit.. Un cris le fit tourner la tête : la cavalerie ennemie le chargeait .. Mais un autre cris, plus proche, le fit frissonner, et se retourner completement : les capitaines mercenaires venaient d'attaquer son centre!!

Sur le champ de bataille, le centre de Thierry était taillé en pièces par les mercenaires expérimentés, pris qu'ils étaient avec l'armée adverse en face.. et les derniers rangs rompirent avant de s'enfuire.. la gauche, tenue par les garnisons rebelles, ne tint pas plus, sachant qu'elle serait exterminée si elle restait sur place..

 

Les cavaliers combattaient sur une petite coline en aplomb, d'ou on voyait clairement les remparts qui se prolongeaient vers le sud ouest, avec les tours les plus orientales en aplomb du champ de bataille.. Une fois les quelques cavaliers mercenaires massacrés, il ne restait à Thierry qu'un tiers de son unité d'origine.. Voyant la traitrise des troupes d'infanterie mercenaires, plusieurs cavaliers réussirent à s'enfuire avant l'impact de l'ennemi, et seuls un groupe d'une dizaine d'hommes avaient contrechargés, Wiomade à leur tête...

A un contre sept, les cavaliers lachèrent prise, et bientôt, ce fut une mélée de fantassins et d'hommes à cheval qui refluait vers le nord, dépassant le camp, courrant.. Les sabots ennemis tallonaient, les cris des hommes touchés dans le dos se rapprochaient des premiers à avoir fui..

Thierry transpirait, la sueur lui piquait les yeux, et une étrange boule de feu lui rongeait le ventre.. Il n'avait tué aucun ennemi, ni même reçu de coup ! Lâchant son bouclier, il talonnât encore plus sa monture, et ne risquât aucun coup d'oeil en arrière... Au nord, et vite!!

 

Wiomade avait tent de crontrecharger, mais peu de cavaliers avaient suivis.. Entre les traitres, les fuyards et ceux trop tétanisés pour comprendre ce qu'il se passait, il se retrouvait avec onze hommes à charger face aux centaines en face.. Le choc ne lui permit pas de frapper l'ennemi : une lance richochât contre son casque et la sangle lui lacérât les chaires du cou, une autre transpeçât les jugulaires de son cheval, la hampe se brisant sur l'impact, et la pointe s'arretant à quelques centimètres du pli de l'aine du cavalier.. Le cheval chuttât, Wiomade aussi, et prit un sabot sur l'épaule.. Lachant son arme, il tentât de se proteger en sautant de l'autre côté du corps mort de sa monture, et attendit, le scramasaxe à la main..

 

Une fois la charge passée, la seconde ligne adverse avançait tranquillement, attendant le moment pour puirsuivre les pillards.. Avisant deux cavaliers en tra in de combattre, Wiomade s'en prit au plus proche. Impossible de savoir dans quel camp il était tant les deux francs étaient habillés de la même manière! Deux coups de scramasaxe dans le flanc gauche et il l'ejectât de selle.. Avisant le survivant, il fit un signe de tête, que l'autre lui rendit, puis hurlant tout deux, ils poussèrent vers les fuyards...

Se faire passer pour l'un des leurs, et s'enfuir.. Trop terrifié à l'idée que Thierry eut succombé, il continuât jusqu'a ce que les flancs de sa monture furent recouvers de sueurs, et qu'une verritable brume sorte des naseaux. Les pattes du cheval menaçaient de lacher, aussi mit il pied à terre, traiant la monture exténuée derrière lui.. Derrière une petite butte, il entendit un combat, des cris, il continuât vers ce qui lui semblait le nord, sans s'arreter.. tout était pardu, tout avait été si vite..

 

Ce n'est que tard dans la nuit qu'il arrivât près des remparts de terre de Marle, qui étaient sans protection.. La ville, qui avait ouvert ses portes à Thierry quelques jours auparavant, était en émois : les princes pépinnides allaient ils massacrer les habitants? Tout le monde faisait des baluchons, bagages et autres charettes, aussi Wiomade put il traverser les rues de terre boueuse sans être inquiété.. Mais nulle part il ne trouvât de nourriture, ou de commerçant.. Attachant son cheval à une rambarde, il prit sa hache et allât fractuer une porte d'une maisonette à toit de chaume: personne n'y fit attention..

Avbisant la première pèce, il passât dans ce qu'il pensait être le garde manger : il volât deux pains, un jambon et une cruche, qu'il emitouflât dans sa cape, puis repartit d'un pas tranquile vers les portes nords.

Avant de quitter la ville, il vit un groupe de fuyards, qui lui apprirent qu'ils tentaient de rejoindre les villes plus au nord, ou le prince rebelle irait sans nul doute monter une nouvelle armée... L'espoir au coeur, il partit sur son cheval à une allure modérée, espérant ardement que Thierry avait survécu..

 

 

Cambray, été 767

 

 

Les cavaliers entraient par dizaines en ville. Ils allèrent directement chez le capitaine de la garde, qui, n'ayant pas pris parti pour l'un des camps, fut executé sommairement.. Au second, ils demandèrent de l'aide pour traquer les soldats qui auraient pu arriver du sud avant eux.. Ils portaient un petit étendar, celui du "prince" Charles..

 

De l'autre côté, vers l'est, un groupe de cavaliers sortait discretement, mais ils furent apperçus par des éclaireurs pépinides..

Talonnant leurs chevaux, Wiomade, Thierry et trois autres fidèles, c'etait eux, fuirent vers les bois.. Cinqs hommes, voila à quoi en était réduite l'armée rebelle!

Le lendemain de la défaite, Thierry avait espéré remonter une armée.. Mais d'autres avaient trahis, espérant regagner les faveurs du roi.. Il avait fallu les tuer, ce qui n'avait pas été sans pertes.. Sans compter des déserteurs..

Puis, faisant route vers le nord, ils avaient encore perdus des hommes, avant d'êtres rejoints par Wiomade, que talonnait un groupe de cavaliers ennemis.. Après l'échauffourée, Thierry avait compté ses troupes : trentes hommes..

Depuis, vingtcinqs, dont deux nobles, avaient profités de la halte à cambray pour disparaitre.. Puis les éclaireurs ennemis étaient arrivés, tranquant partout tout homme ayant pu accompagner le "faux prince", comme on l'appelait désormais..

N'osant pas reparler à Wiomade, il avait décider de retourner à l'est, à Trêves, et aviser une fois sur place.. Le viel homme n'avait rien dit, se contentant de suivre... Ce qui irritait en fait plus le jeune héritier mérovingien...

Des critiques, il s'y attendait, des attaques acides, sur son égo démesuré, sur les désertions, sur la trahison des mercenaires pour l'or du roi.. mais un silence pesant, ça non ! Forcément!! C'était lui qui lui avait dit d'attendre! Lui encore qui avait demandé de ne pas mettre tous les nobles à cheval du même côté! Lui encore qui l'avait élevé et qui avait désrormais un regard attristé et plein de décéption...

L'idée d'abattre cet homme ici, maintenant, le démengeât une seconde.. Wiomade était sans doute la cause de tous les tourments de Thierry, s'il n'avait pas été là... il serait mort depuis longtemps, et n'aurait pas du subir cette honte, et... Il s'apperçut que l'homme le regardait, mais pas avec cet air supérieur et moralisateur qu'il lui connaissait depuis la veille.. Non, ce regard, pour l'avoir connu tant de fois depuis tout petity, était dangeureux.. les yeux tournaient aux vert sombre...le sang bouillait..

 

  • Quoi? Tu ne dis rien, que ,veux tu, à la fin??

    Pas de réponse..

  • Alors!! Parles, vas-y , dis moi que tu me l'avais bien dit!

  • Assez! Tu sais très bien que je vois ou tu veux en venir. Et tu sais aussi que je ne te tuerai pas ici pour t'epargner les soucis à venir.. j'ai juré à ton père!

  • Blablabla! Fables! Foutaises ! Tu aurais du mieux gerer l'armée, au lieu de cela, ils ont trahis pour quelques misérables piecettes ! Tu avais la charge de l'organisation, tu avais de l'or depuis tant d'années!! Et donc...??!! Tu vois ou en en est??

  • Arretes là, mon garçon, je suis patient, je t'aime énormément, mais..

  • Mais quoi?
    Les trois autres cavaliers s'étaient écartés des deux hommes se querellant..

  • Tu étais censé être aidé des dieux, aussi, non? Ne t'ont il pas aidés il y a des annes, face aux saxons?? Alors, pourquoi, là, ne les as tu pas fait venir??!

  • Tu sais bien qu'on ne commande pas les dieux, et..

  • La ferme!! Je n'aurai jamais du croire à tes sornettes!! Sans ton enlevement à ma mère, sans tes maniguances, sans tes tours de passe passe avec tes dieux abjectes, je n'en serai pas là !! Même si les maires du palais s'étaint quand mêmes rebellés, j'aurai été un prince, et je..

  • Et tu serais mort! Maintenant, écoutes moi bien : même ton père, qui était emporté, n'était pas aussi stupide. Désormais, tu n'as plus rien, et moi non plus. Comment veux tu mener à bien quoi que ce soit? Nous n'iront pas à Trêves, nous..

  • LA FERME!! Sortant sa spatha, Thierry, le visage rouge, les veines saillantes, s'appretait à attaquer, tout en ayant la bave aux lèvres...

Un coup de pied de la part de Wiomade sur sa monture le désarçonnât, et il se retrouvât à manger la poussière, avec le pied de Wiomade sur sa nuque..

  • Tu es toujours aussit sot.. Je ne sais pas ou j'ai échoué dans ton éducation, je sais que je ne suis pas doué pour .. "ça", mais je croyais t'avoir enseigné la patience, et non pas l'arrogance et l'emportement ! Maintenant, écoutes : je resterai avec toi, car les dieux l'ont décidé ainsi, même si ça doit me mener à ma perte, et même si c'est pour le plus grand déshoneur de ta race...

    Thierry geignait, mais n'arrivait pas à se dégager se sous la semelle de cuir de Wiomade, qui lui écrasât la main quant il fit mine de sortir son couteau. Ce dernier reprit :

  • En tombant là, tu aurais pu mourrir sur ta propre épée, sur le champ de bataille, aussi, comme quoi les Dieux ne sont pas si... bref, je t'accompagnerais! Ils ont décidés que tu devais vivre, et j'ai fait mon mon serment à ton père.. Mais laisse moi te dire ceci : nous iront au nord, pour travserser ensuite la mer et aller en Bretagne. Les pirates saxons et frisons font que la région est mal contrôllée par les francs, et, en face, les royaumes saxons ont toujours ebtretenus de bonnes relations avec nous depuis les fils de Clovis.. Si tu veux aller à Trêves, il faudra me tuer... Compris?

    Il relevât son pied, et Thierry se remis brusquement sur ses pieds.

  • Vous trois ! Tuez cet homme !

    Aucun des cavaliers ne bougeât, et cbacun détournât les yeux...

    Bouillant de rage, Thierry s'appretât à frapper Wiomade, quant il reçut un coup en pleine pomette..

    Portant le corps assomé de Thierry, Wiomade fit signe aux trois autres de le suivre, et ils prirent la direction du nord, vers les marais frisons, dans l'espoir de trouver une embarcation, et ainsi de passer en Bretagne anglo-saxone..

 

 

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19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 22:24

 

Chapitre IX:

Fin de campagne

 

 

 

 

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Trêves, Novembre 761

 

 

  1. Monseigneur Thyr, je vous prie de m'écouter!

L'homme qui courait aux côtés de Thierry, trottant malgré ses multiples couches de vêtements et de gras, avait une voix chevrotante et aiguë.

  1. Maitre boulanger, je vous ai déjà écouté. Votre fils viendra avec moi, que vous payez ou pas, ou que vous ailliez trouver vos.. «  connaissances »..

  2. Mais!!

  3. Non. Je ne sais pas qui était au poste de chef des milices avant moi, mais on ne m'achète pas aussi facilement. On reste sur ses gardes pour l'hiver, et les troupes royales encore là ne serviront à rien. Et l'ordre du général royal est clair : je dois garder les abords de la ville. La milice ira demain dans les bois, avec moi, traquer les pillards saxons. Votre fils viendra, comme tout second fils des hommes assez aisés pour se séparer d'un de leurs fils pendant quelques jours. Refusez vous de servir votre roi? Refusez vous de m'obéir, et d'être traitre au royaume ??

  4. Je.. Non ! Mais... l'hiver... la foret.. c'est dangereux !

  5. Comme tout saxon. Votre fils ne va pas mourir d'une engelure, non? Alors, il vient, ou vous payez la taxe imposée au trésor..

  6. Exorbitante ! Je pensais que vous et votre ami, vous..

  7. Au revoir, maitre.

 

Thierry commençait à maudire le jour ou il avait accepté le poste de chef des troupes postées à l'est, dans cette ville importante.. Se faire reconnaître, lever une armée, reprendre le trône...Tous ces espoirs étaient partis en fumés devant son « armée » : une douzaine de cavaliers, trente archers et quelques hommes d'armes, avec haches et boucliers. Quant aux « milices de ville », elles étaient inexistantes : théoriquement plusieurs centaines d'hommes. Mais les armureries étaient vides : tout au plus de quoi équiper a peine cinquante hommes légèrement, plus des gourdins, même pas fériés... Et avec Wiomade repartit dans les forêts de Compendio chercher de l'or, sans attirer l'attention, Thierry se retrouvait tout seul à gérer les commandes d'armes légères, les fabrications de boucliers, les acheminements de vivres pour la garnison, et les patrouilles à organiser. En effet, les pillards saxons, enhardis par le départ des armées, s'aventuraient des les fermages et brulaient ce qu'ils trouvaient, tuant ou emportant les populations sur place, franques, germaniques ou même saxonnes neutres soumises à la loi des Pépinides.

De plus, les hommes influents ou riches de la ville défilaient tous un par un pour demander, exiger ou négocier, afin de ne pas être engagés, eux ou leur famille, dans les cinq cents miliciens choisis pour veiller sur la ville, à hauteur d'un jour sur dix à tour de rôle. Le système, conçu par Wiomade, se voulait impartial et permettant aux hommes de continuer à travailler les autres jours, tout en recevant une instruction sommaire. Mais certains hommes, bien trop habitués à ne servir qu'en passant leur tour ou à être sous la protection des troupes frontalières, se retrouvaient depuis le changement dynastique sous les déprédations des pillards.. Sans compter ce nouveau dirigeant étranger qui n'acceptait pas les pots de vins..

L'hiver allait être rude, tant physiquement que pour les nefs du seigneur Thyr..

 

Soupirant, il claquât la porte des casernements au nez du boulanger, et prit une chope en bois afin de se servir un mélange de miel et de bière chaude, assez abjecte mais revigorant.. Si Novembre était aussi froid et glacial, comment survivrait-il aux mois suivants?

Se calant contre une chaise près d'un âtre qui déversait les chambres communes de l'étage via des tuyauteries chauffantes, il se maudissait d'avoir quasiment obligé son ami à rester ici, et maudissait surtout ses rêves fumeux de gloire et de reconquête... Mais il avait une circonstance atténuante : les dieux qu'il croyait faux, païens, lui avaient montrés en la personne de son ami leur pouvoir inouï : l'épée, le rajeunissement modéré mais palpable, tangible, et les changements de lieux et luminosité qui l'avaient fait crier tel un enfant appeuré.. Comparé à un dieu unique qu'on ne voyait jamais, ceux ci étaient bien plus puissants, et avec eux à ses côtés, il pourrait vaincre et regagner le trône qui le revenait de droit...

C'est rêvassant sur sa chaise qu'un guerrier vint le voir en fin de journée: les pillards avaient étés aperçus, il faudrait leur donner la chasse.. malgré la nuit..

 

 

 

 

 

 

Trêves, 767

 

A vingt cinq ans, Thierry jugeât qu'il attendait déjà depuis bien assez longtemps.

Malgré les supplications de son ami, il dépensât l'or que celui ci avait accumulé pour payer la garnison de Trêves, et rallier d'autres mercenaires à sa cause : une fois son rang rétabli, ils auraient le choix de rentrer dans la garde royale, ou de partir avec plus d'or qu'ils n'en auraient jamais dépensé en une vie!

 

Même s'il était censé avoir plus de cinquante ans, un âge vénérable à une époque ou seuls certains princes et clercs dépassaient la quarantaine, Wiomade en faisait nettement moins, mis à part ses cheveux qui se teintaient de gris et donnaient un air délavé à sa personne..

Pourtant, c'est ce qu'il était : un vieillard. Et un vieillard, c'est bien connu, est toujours trop prudent..

Ainsi résonnait Thierry, et ainsi résonnèrent les capitaines des soldats qu'ils avait ralliés.

Au matin du premier jour d'été, c'est une armée de plusieurs milliers de guerriers qui prit la route du sud, vers Soissons tout d'abord, afin de défier le roi pépinnide vieillissant, et ses fils, Carloman et Charles. En prenant ne service que Soissons et Noyons, puis Paris, le royaume serait à sa merci. Les nobles le rejoindrait, et ils poursuivrait les félons jusqu'au bout. L'armée avait assez de vivres pour l'été, on prendrait sur place ce qu'il faudrait. Les chariots, les chevaux, tout avait été réglé par Wiomade, qui voyait là un moyen d'éviter le pire à celui qu'il avait jurer de protéger : au moins, les hommes ne mourraient pas de faim et n'auraient pas à se déplacer à faible vitesse.. maigre consolation, mais Wiomade n'avait plus aucun contrôle sur l'héritier mérovingien..

 

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 16:11

 

Chapitre VIII:

La brume des dieux

 

 

 

 

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Lieu inconnu, quelques minutes plus tard

 

 

Il faisait froid. Il faisait noir...

Thierry basculât de sa monture, et perdit son arme.. Pas sonné, sans douleur alors qu'il avait heurté le sol..Thierry se relevât... plus de forêt, aucun relief, il ne voyait pas plus loin que quelques mètres.. Pris d'une soudaine angoisse, il sortit son couteau, et le brandit devant lui.. bêtement, il se mit à hurler...

 

 

Wiomade avait mal au ventre, très mal... Il ne sentait plus ses jambes, et du sang remontait à sa bouche : en tombant, la poignée de son épée lui avait brisé les côtes...

 

  • Plus aussi fort qu'avant, hein..?

    La voix venait de derrière lui, mais il ne pouvait pas se retourner...

  • Tu suis toujours les anciennes voies, malgré un peu moins de ferveur à cela... de toutes façons, j'ai toujours détesté les fanatiques..

    Wiomade ne comprenait toujours pas... le noir alentours étaient peut être du à son hémorragie... il sentait le sang se répandre sur ses jambes, mais le javelot avait disparu.. cette voix était familière et étrange, pas celle d'un saxon, elle était si fluide et si proche du germanique franc..

  • Alors?

  • Alors.. quoi.. je..

  • Encore assez fort pour parler.... mmhh.. attendons encore un peu...

  • Je... Wiomade n'avait plus la force de parler..

  • Bon, je te propose une chose : je te sauve de ton agonie.. et tu me rends service...

  • Mourir.. ne plait à personne, hein..?

  • Je.. Qui..?

  • Plus tard, je considère ça comme un oui. De toutes manières, il n'y a plus personne d'autre..pas même ce dernier de la lignée de Chlodion..

    Une sourde chaleur explosât dans les poumons de Wiomade, la même chose dans son ventre.. et tous ses membres subirent le même traitement.. Quand il se réveillât, ses douleurs dans le dos avaient disparues. Une lueur faible et bleutée régnait autour de lui, mais sans source visibles. Après un examen rapide, il vit que ses blessures avaient disparues, et que ses anciennes cicatrices n'étaient plus là non plus...

 

  • Alors ? Quel effet cela fait-il, de frôler la mort..?

  • Je.. Qui et ou êtes vous? Suis-je mort??

  • Allons allons... je comprends que cela puisse te troubler... nous avons un accord, mais je vais être plus sympathique afin que tu tiennes ta part..

  • Mais de quoi..?

  • Ça suffit ! Regardes donc derrière toi, Wiomade né à Compendio ! La voix s'était faite impérieuse... Wiomade s'était retourné, et vit une jeune femme assise en tailleurs sur le sol. Il la détaillât : cheveux jaunâtres entremêlés en grosses mèches tombant sur ses reins, avec des feuilles de houx et de chêne mêlées, comme si elles y étaient tombées là.. Pourtant, quand elle relevât la tête, aucune ne tombât. Sa peau était blanche, trop blanche pour être naturelle, et parsemée de petites tâches de rousseur. Ses lèvres étaient rouges cerise, d'une courbe sensuelle tout en restant sévères, et ses pommettes marquaient le visage d'une touche d'austérité attirante.. C'est là qu'il se rendit compte qu'elle était nue. Totalement nue!

  • As-tu finis de me détailler ?

    Wiomade se reprit, se sentant mal..

  • As., ces jeunes...

  • Plus si jeune.. mais.. qui êtes vous? Et q..

  • Tu verra que tu as désormais perdu quoi.. mmh, à votre échelle, ça fait disons, quinze années... petit « cadeau » pour vous convertir à ma pensée..

  • Merci, mais je ne me laisse pas si..

  • Tais toi ! Elle se levât, et Wiomade eut du mal à détacher ses yeux des courbes avantageuses de la femme, ainsi qu'à son pubis d'un brun roux luisant dans cette lueur étrange..

  • Bon, j'avoue qu'apparaitre sous cette forme aide en général bien les hommes à me servir.. Mais les croyants sont de plus en plus rares, et je ne pense pas que tu sois du genre à monnayer ta vie contre un moment de .. plaisir..non?

  • Non mais pourquoi je..

  • J'ai oublié de me présenter.. ton peuple me connais, ou me connaissais sous le nom de Erda.. celle qui règne sur les bois et les eaux..

  • Er..da...??!

  • Et oui... Elle partit d'un petit rire enfantin.. Je suis bien elle, tu en as la preuve au vu de ta guérison et rajeunissement, non..?

  • Heu.. je..

  • Peu importe, tu verra que les dieux ne s'embarrassent que peu de vos.. « récriminations »... Pour faire bref, je vais te dire ce que j'attends, et faire court, car je n'ai plus la puissance d'autrefois : ton rôle sera de venir à moi et de me rendre un petit service..

  • J'ai juré de protéger..

  • Je sais. Cette lignée va s'éteindre ici, de toutes manières... Ne sois pas triste : tu ne pourra rien y faire... Je te laisse veiller sur ce dernier rejeton de cette famille dégénérée.. mais dès qu'il sera sur le chemin des ténèbres, je te rappellerai... compris?

  • Je ne suis pas d'acc..

  • Tu n'as pas le choix : je t'ai sauvé !

  • Je ne l'ai pas demandé !

  • Ingrat ! Tu te dis croyant dans l'ancienne religion, et tu oses braver mes décisions..?

  • Malgré ce que..

  • Silence ! Tu ne sais même pas ce que je te demanderai ! Il s'agit de bien plus que de protéger la fin d'une lignée décadente ! Maintenant, retournes d'où tu viens !

  • Attendez, je …!!

 

La lumière,partit, la femme nue aussi, et Wiomade se retrouvât dans le noir...

Quand il ouvrit les yeux, le soleil se levait sur la forêt...

 

Wiomade se mit en marche, tout en trébuchant sur des branches mortes. A chaque fois, il se maudissait de ne penser qu'a la femme déesse, Erda.. elle l'avait soigné.. ou étai-ce un rêve depuis le départ...? Peu après, il arrivât en hauteur d'un virage du chemin qu'il reconnût comme celui qu'ils avaient empruntés juste avant l'embuscade..

 

Cherchant son épée, il dégainât une lame qu'il ne reconnût pas...argentée et toute de vaguelettes, c'était un acier damassé, mais enchâssé dans une garde d'argent et de bronze... pas son épée... Légère, il l'essayât sur une branche tombée au sol : elle tranchât net!

Rassuré, il continuât prudemment vers le lieu de l'embuscade.. Les corps étaient encore là.. la plupart dépouillés et défigurés, les visages broyés. Aucun cheval, aucune arme, aucune vivre, rien d'autre que des corps plus ou moins encore habillés, et des restes … Un bouclier éclaté, un fer de lance brisé, un arc tordu..

Un bruit le fit se retourner : Thierry bataillait dans les fourrés, couvert d'égratignures et de ronces, la cape déchirée, le visage balafré...

 

  • Alors ? On fait une ballade ?

  • Wio.. que.. j'ai été assommé !! Et je.. ho ! Mon Dieu !

  • « Mes »...

  • Quoi? Que t'es t-il arrivé ??

  • Quoi? Ha.... ça... un cadeau de celle qui t'a « assommé » et t'as évité la mort.

  • La voix? Que..

  • Tu ne comprendrai pas... enfin, je suis soigné, tu es en vie..

  • Oui, deux autres sont en vie, et ils sont repartis de l'autre côté..

  • Alors allons rejoindre le camp, et retrouvons des montures...

  • Ça va nous couter cher... On a tout perdu..

  • Non, j'ai laissé l'or sous la charrette, et on a encore quelques affaires là bas...

 

 

La discussion se continuât le long du chemin, jusqu'à ce qu'ils furent stoppés par des éclaireurs du reste de l'armée qui suivait. Les deux survivants étaient déjà revenus, et avaient racontés leur histoire, similaire de celle de Thierry. Le chef du corps taxait le petit groupe de couardise, tous survivant après êtres « assommés » n'était pas une version qu'il voulait entendre, pas plus que celle d'une déesse païenne, songeât Wiomade.. au vu des croix chrétiennes ciselées sur son casque et armure.

 

  • C'est grotesque ! Être remis au corps de protection des vivres !!

  • Mieux que d'êtres renvoyés à pied en avant garde..?

  • Peut être ! On aurai pu se venger !

  • Et mourir? A quatre, en forêt..? On a disparus pendant Une nuit, sans donner de nouvelles, et avons survécus, chacun sans cicatrices ni blessures...

  • C'est à dire??

  • Je ne veux pas te convertir, mais..

  • Hoo oui, je vois ! Les dieux, et le reste !! Tu n'as que ça à la bouche!

  • Ai-je tenté de te convertir une seule fois depuis ton enfance..?

  • Non, mais..

  • L'ai-je tenté dernièrement?

  • Non, mais..

  • Est-ce que j'en parle chaque instant qui passe ??

  • Non... Thierry sentait l'amertume remplacer l'énervement..

  • Bon, donc, tu as une explication à tout « ça » plus plausible? Regardes moi !

  • Je le sais, mais.. avoues que c'est .. étrange, non??

  • Je n'ai jamais cru qu'en ce que je voyais, et je t'accorde le même principe.. tu n'as pas vu celle que j'ai vu... Mais sache que ça ne change rien : on continuera ici, pour que u t'aguerrisse, et.. quand viendra le temps, on reprendra le trône de ta famille...

  • Avec un peu de.. ceci? Thierry tendait une jarre de vin grossier, prise dans les réserves qu'il gardaient en cette première nuit de leur nouvelle affectation.

  • Après tout.. notre paye suspendue pour un mois... on peut compenser !

  • Qu'ils gardent leurs chevaux et viande ! Leur or ! On en a, et on as du vin !

  • Ne te soule pas...

  • Toujours aussi chiant, même plus jeune !

  • Aller, donnes moi un gobelet, et restons sur nos gardes : ces capitaines, plus marchands auto satisfaits de leur règlement peuvent venir à tout moment..

  • Qu'ils aillent au diable, ou aux saxons !!

 

 

Les deux hommes burent un peu dans une premier jarre, puis dans une autre. Ainsi, rien ne réveillerai leur vol, et cela évitait de trop boire..

le lendemain, le camp se remit en route, vers l'est encore, et rejoignît le premier corps d'armée. Le roi n'était pas là, mais un comites tenait les troupes en ordre. La campagne allait être écourtée : en Aquitaine, des remous et révoltes avaient lieu... Il faudrait bruler tout les villages et partir d'ici deux semaines...

 

 

 

 

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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 03:51

 

Chapitre VII :

L'engagement.

 

 

 

 

 

 

 

Mars 761

 

A 17 ans, Thierry, qu'on surnommait «  Thyr », pour faire moins noble, commençait à montrer des signes de son appartenance à la ligné mérovingienne, même s'il avait les cheveux bien moins dorés. Il les portait longs, poursuivant la tradition des hommes libres et rois, son front commençait à être marqué, et ses yeux, d'un vert de gris, semblaient avoir étés colorés par les étangs proches des huttes.

L'endroit accueillait désormais une trentaine de personnes, voyageurs recueillis qui avaient finis par s'installer, hors la lois trouvés par Wiomade et qui avaient acceptés une nouvelle vie précaire, et quelques naissances, tant des esclaves que de femmes du peuple.

A part Brunneliede, Wiomade et Thierry, personne n'était franc. Un avantage certain : tous devaient obéir au maitre.

 

Pour en revenir au jeune homme, il commençait à montrer des signes d'ennui. C'est pourquoi, bien que déjà majeur, Wiomade prit sur lui de l'emmener en ville, et pourquoi pas, de le placer chez un maitre pour lui apprendre à écrire et à lire, compter aussi. Wiomade Irait dénicher un maitre à penser, afin d'élargir un peu le vocabulaire et la syntaxe assez pauvre de ce dernier descendant de Clovis.

 

Le matin du sept Mars de l'année 761 après Jésus Christ donc, ils partirent, laissant Brunneliede et son mari gérer le petit village. Elle seule connaissait l'emplacement d'une des caches d'or et d'armes de Wiomade, en cas de besoin..

L'arrivée à Soissons – Wiomade avait choisi l'ancienne capitale au lieu de Compiègne, pensant par là faire renouer les traditions avec l'héritier légitime- fut mouvementée : la ville, en pleine effervescence : les troupes de Pépin étaient rentrées de campagne, et attendaient de partir rejoindre l'armée à Dueren, pour tenir le champ de Mai.

 

  • Gardes le nom de Thyr, et ne parle pas trop. N'oublies pas que normalement, tu es censé être à l'abbaye de St-Wandrille de Fontenelle.

    Devant l'air effaré de son jeune compagnon, Wiomade expliquât:

  • Ils n'auraient pas pu dire que tu étais mort, ça aurait fait d'eux des assassins.. Ils ont mis un pauvre garçon à ta place là bas. Ha oui, au fait, ton père.. est mort, il y a deux ans... Son caveau humide ou il était cloitré à eu raison de sa santé fragile, ainsi que la mal-nourriture..

  • Ca n'a pas l'air de te déranger! On croirait que tu en es heureux!

  • Ne te méprends pas: il n'a pas voulu fuir, ni déclencher de guerre civile. Il a abandonné, et a fait un piètre roi, malgré tout ce qu'on aurait pu attendre de lui. Trop influençable et malléable.

  • Je ne suis pas comme lui!

  • Non, et tu n'es rien! Personne ne sait qui tu es, et ma parole ne vaudra pas grand chose! J'ai caché l'anneau de ton père dans une des caches de la forêt. Quand tu sera prêt..

  • Avec toi, je ne serai jamais prêt ! Fais ceci, apprend à lire, à mieux mentir, lance le javelot comme ça... Je veux me battre, et mener des hommes! Après, je reprendrait le trône et..

    Wiomade lui avait mis un coup de coude dans le flanc:

  • Imbécile ! Ne vas pas dire ça, ils espèrent que tu es mort, mais n'oublies pas qu'ici, c'est la ville, pas le village et ses hors la lois ou paysans mal dégrossis ! Un mot et tu finis en prison pour rébellion !

  • Ça va, pas la peine de me frapper! Tu es vraiment chiant!

  • Une autre chose à modeler : ton langage. Tu

  • Si je suis roi, je peux dire merde, connard, et insulter qui je veux, alors laisse moi au moins ça!

La journée commençait bien, les deux hommes libres se disputant s'installèrent à une table pour déjeuner. Au moment de payer avant de consommer, ils attirèrent des regards..

 

  • Tiens.. de vielles pièces ça ! Vous avez pas du dépenser beaucoup, vieil homme, depuis que le roi a été couronné! C'est encore ce stupide Childérick dessus!

    Un gros homme, franc d'origine vu son arrogance, leur parlait tout en déversant des effluves avinées vers eux.

  • Le vieil homme pourra encore te casser en deux plus rapidement que tu ne dessoulera, gras double. Maintenant, pars d'ici, tu insupporte!

  • Hé! Ca va le vieux, Je volais juste causer! En voyant vos cheveux à la vielle mode, je me suis dit que vous étiez des francs, donc guerriers, je me trompe?

  • Ca se peut.. (Wiomade prenait un air contrit, après s'être énervé contre l'homme)

  • Wio.. on devrait le tuer pour ce qu'il a dit sur..

  • Haha ! Fais ça, gamin, et mes hommes ici à côté te tueront après t'avoir violé, sale petit con! Maintenant, écoutez.. ( il fit un geste d'apaisement à Thierry et pris une chaise)

Je disais ça parce qu'on rejoint l'armée du roi, et avec l'hiver, on a perdu quelques gars... Vous avez de l'or, donc je ne sais pas si ça vous intéressera, mais on peut facilement monter un petit ban -rien de bien gros hein- et rejoindre le champ de mai, et après.. rentabiliser, quoi, vous voyez?

  • Oui, mais cela ne nous intéresse pas, merci. Wiomade reprit son gobelet et bu, d'un air de dire « discussion terminée ».

  • Wio..? C'est de combats qu'il parle ! Ce dont j'ai besoin !

  • Pour sur qu'à son âge, il faut avoir tué au moins un homme. Tu l'as déjà fait?

  • Non... des biches, des animaux..

  • Pffeuh..

    Wiomade restait toujours mutin, n'aimant pas la tournure de la discussion.

  • Quoi, pfeuh?

  • Bah, un homme c'est pas pareil... Si ton père..

  • C'est pas mon père!

  • Ok, ok.. très bien, enfin , si « Wio » est d'accord, on peut juste t'emmener toi..

  • Hors de question. Ou qu'il aille, je suis avec lui. La voix basse, froide, n'appelait aucune réplique. Les yeux verts étaient en trains de briller, et l'homme pris peur..

  • Bon, donc décidez vous, on part demain midi. Un peu d'exercice fera du bien au jeune homme! Vous payez vos part de bouffe, faites vos gardes et vous entrainez. Je ne sais pas ce que vous valez, même si toi, « Wio »

  • Wiomade

  • Oui, Wiomade alors, et ..?

  • Thyr.

 

  • Bon, je disais, même si toi, Wiomade, semble en avoir déjà tué un, d'homme... honorablement, j'imagine? (un petit sourire narquois montait sur les lèvres de l'homme)

  • Pas toujours. Demain, tu apprendra quelques trucs, machin..

  • Pas « machin », j'avoue que j'aurai du me présenter : Gondio de Tourneval.

  • Un nom qui fait très « j'ai des terres »... pourquoi combats tu?

  • Un nom pris une fois que j'ai été un homme ! Bref, Je ne viens pas de Tourneval, je ne sais pas si ça existe même, mais j'aime les sons de ce mot. Quant à la « leçon » de demain, on verra bien ! Alors, c'est d'accord?

  • On réfléchira. Ou doit on vous retrouver, Gondio ?

  • Près de l'église en bois

  • Cathédrale..

  • Oui, le vieux truc croulant et moche. Porte latérale droite. Regardez le chariot avec ridelles rouges. Et achetez vous des chevaux, sauf si vous voulez payer le transport de vos affaires sur le chariot?

  • Non, ça ira. A demain.. peut être..

  • A demain ! L'homme, Gondio, repartit vers ses camarades de boisson...

  • Alors, on y va?? A la guerre??

  • Attends un peu, on devait t'appendre à ..

  • Peu importe. Je suis majeur, je fais ce que je veux! Et toi, tu me suis, comme tu l'as dis..

  • Je peux aussi te casser les jambes et te suivre après..

  • Sois pas si grognon, Wio.. Le mec a l'air sympa, et puis ça sera formidable...Tu imagines?

  • Un peu... trop bien. J'ai déjà fais ça..

  • A mon tour alors! Tu te fais trop vieux, à vouloir rester loin de tout ça !

  • Bon.. Si on trouve de quoi t'apprendre à lire et écrire pour le voyage, c'est entendu. Mais à la première imprudence, je te casse les deux jambes, et monsieur le roi de rien du tout vivra sa vie à coudre aux côtés de Brunneliede, entendu?

  • Oui « papa », merci de me faire peur à aller vivre avec « maman »...

  • Et cesses ce ton sarcastique. Et manges ta viande : elle refroidit pendant que ta bière s'évente.

 

Les deux hommes finirent leur repas, et partirent pour le centre de la ville.

Celui ci reprenait vie, après les différentes guerres civiles qui avaient dévastés la région.

Se souvenant des évènements survenus ici, Wiomade se tenait aux aguets.

  • Que crains tu? On dirait un chien de garde qui a reniflé un renard!

  • La dernière fois que j'étais ici, on m'a insulté de Stryges, et pourchassé, moi, mes amis et ton père...

  • Ca devait être ya longtemps, maintenant sont tous crevés de vieillesse!

  • Parles mieux, comme il sied à ton rang

  • Blabla... Bon, de toutes façons, plus personne ne nous cherche, et il n'y a personne de louche ici : sont tous armés ou pressés, ou les deux, ou alors ils tirent un tête à enterrer le monde.. Trouver quelque qu'un de menaçant dans ce bordel..

  • Stop. Ici : un marchand de livres..

  • Arrrflll... Bon... latin, franc et calcul?

  • Oui.. Après, on ira dans la ruelle d'à côté, il y avait un bon boucher avant... Du moins il savait ce qu'il vendait. S'il est toujours en vie et se souvient de moi, on aura de la viande salée de qualité... Un fin sourire se dessinât sur les lèvres de Wiomade, en repanssant à sa rencontre avec Brunneliede.

  • Si tu le dis...

    Ils achetèrent quatre livres onéreux au libraire, puis allèrent chez le boucher. Wiomade vit qu'il ne s'agissait plus du même homme. Mi soulagé mi déçu, il continuât :

  • C'est chez ce boucher que j'ai rencontré celle qui t'a élevé..

  • Et que tu l'as abandonné, alors qu'elle t'aimait, ouais je sais, j'en ai mare de la me^me histoire!

  • Je me demande si la maison de ses parents est encore là...

  • Je me demande si on ne pourrait pas trouver une jolie fille pour moi, avant d'aller parcourir le monde et tuer des gens..

  • Tuer n'est pas un jeu. Et si tu veux une fille, vas voire dans un lupanarium, ça sera mieux qu'une trouvée sur la route, niveau santé, et confort.

  • Je vois..

  • Non, tu ne vois rien. Rendez vous à l'auberge ce soir, vas t'amuser..

  • M'amuser? Seul..? ( Thierry trouvait tout d'un coup le comportement de Wiomade étrange)

  • Ce n'est pas ce que tu veux?

  • Tu vas me suivre...

  • Peut être, ou pas. J'ai à faire, j'aimerai aller voire deux ou trois endroits avant de partir d'ici. Je garde les livres

  • Bon...

  • Si il t'arrive quelque chose, ne tue personne, sauf par obligation. Et pas avec l'épée... ça attire l'attention !

  • Oui, oui, oui...bon, j'y vais, à ce soir !

Wiomade regardât Thierry s'en aller, et, pris d'un peu de nostalgie, continuât à acheter de quoi voyager, et partit vers le fleuve..

Il retrouvât Thierry tout heureux le soir à l'auberge, bavassant avec deux hommes sur les mérites d'une femme qu'il avait troussée.. Déjà bien aviné, son langage et son accent juraient avec ses cheveux longs et sa caste sociale... C'est criant et gesticulant en tous sens qu'il fut emmené dans leur chambre par Wiomade, et a peine fut il jeté sur le lit qu'il oubliât toute velléité et insulte, et s'endormit comme une masse..

 

  • Il faudra grandir, ou alors tu n'aura aucune chance...

    Du haut de ses quarante-huit ans, Wiomade toisait le jeune homme et se revoyait plus jeune. Il finit par tout emballer pour le lendemain, préparer la cheminée, laisser bouillir la viande avec des poids dans un broc d'eau en terre, et calât une chaise contre la porte. Ainsi rassuré, il s'endormit, rêvant d'une forêt, d'une jeune fille, d'hommes la tuant, qui avaient le visage des assassins de Pépin.. Le père de la fille arrivait, et avait le visage de Childérick: Tu as échoué à protéger mon enfant !! Sois maudit!!

En sueurs, le cœur battant trop vite, Wiomade se retrouvât au milieu de la pièce, son couteau long à la main, et se rendit compte que Thierry ronflait méchamment. Envoyant un des édredons rembourré de paille sur son compagnon, maugréant, il se rendormis, et refis le même rêve..

 

 

 

Retrouver le groupe de de Gondio ne fut pas chose difficile : les visages hagards, encore bouffis des excès de la nuit, braillant et titubants, pissant ) même le sol de la rue, le groupe de combattants semblait sur le départ. Gondio et un homme en armure semblaient affairés à mettre un peu d'ordre dans tout ce gourbi..

Quand il vit les deux francs, son visage ne parut pas si amical..

  • Ha oui, vous deux.. yaura encore un peu de place pour vos affaire dans la cariolle, z »avez acheté de la bouffe ?

Sans attendre de réponse, il indiquât une charrette usagée tenue par un gringalet d'à peine quatorze ans, et s'en allât houspiller un homme affalé sur son paquetage.

 

  • La belle équipe que voilà..

  • Forcément, de ton temps c'était mieux, blabla... je les tyrouve agréables, même 'ils sentent le porc et l'alcool éventé..

  • Mets une partie du paquetage sur la charrette, ça leur fera plaisir, mais gardes tes armes et tout ce qui a de la valeur. Je reste avec les livres et l'or. On restera ensemble, si on peut, ça évitera que tu ne te fasses tuer..

  • Merci, Monseigneur le protecteur de ma personne! L'attitude de Wiomade, paternaliste, avait gâchée la matinée de Thierry.. balançant le sac de provisions sans égards pour son contenu , il menât sa monture vers la tête de colonne, du moins à ce qui lui semblait..

 

Le convoi fût près à partir peu avant la mi journée, et tout ce petit monde, une trentaine d'hommes et d'adolescents, fit mouvement vers l'est.. Direction Reims, pour attraper au passage un éventuel convoi royal qui partirait à la chasse aux saxons, ou à la garde des marches de l'est.. Le voyage s'annonçait morne : beuveries, champs, les 'entrainements' soit disant quotidiens étaient en fait des passes d'armes un verre à la main..

 

Après douze jours de marche, et avoir passé Reims pour continuer plus au nord-est, l'homme en armure adressât la parole à Wiomade, alors qu'il s'était jusqu'alors contenté de hocher la tête au matin, et de rester mutin avec quasiment tout le monde:

 

  • Toi ! Je ne t'ai jamais vu t'entrainer... ton tour, aller, gras du mollet!

    Wiomade prit ,un air dégouté...

  • Wammir ! Gros-cul ! Venez ici ! Puis se retournant vers Wiomade : On l'appelle gros cul, mais t'imagines pas avoir affaire à un gras comme toi, grand père ! Puisque tu veux pas te battre, on va t'y forcer, hein? Bah alors, réponds !?

    Wiomade posât son gobelet de terre cuite, et se mit debout..

  • Tu crois que parce que t'es vieux et sans arme à la main ils te taperont pas..?

    Les deux hommes appelés se tenaient à une quinzaine de mètres, haches et scramasaxe à la main... aucun n'avait de bouclier.

  • Non... mais ils sont justes bons à conduire les charrettes...

    Poussant un hurlement de colère, le dénommé « gros-cul » s'avança,t hache brandie.. et se prit de la terre dans les yeux. Un coup de coude dans la gorge, et il était à terre, suffoquant..

  • Rapide pour un vieillard.. Wammir, vas-y !

    Le second homme hésitait.. il n'avait pas pu réagir.. l'homme avait bougé rapidement, et il n'avait rien fait.. levant son arme, il fut ,pris de terreur en voyant son adversaire dégainer son épée longue, ornée de fils d'argents..avec une telle allonge chez son adversaire, et une arme de prix, Wammir se sentait ridiculement inoffensif...

  • Trouillard..!

  • Montre donc tes capacités, toi qui est si enrobé de métal que tu ressembles à un castrum... gris, inerte, plus large que haut...

    Le temps que l'homme en armure mette la main sur la garde de son épée, la lame d'acier damassé de Wiomade était à sa gorge...

  • Quand on est pas capable d'être plus rapide qu'un gros vieillard, on se tait, sac à merde.. maintenant, vu que tu entraines si bien tes hommes, je ne voudrait pas te faire perdre du temps, hein..? Va dire à Gondio qu'on s'est bien amusés, mais que nous recruter n'avait aucun lien avec jouer aux petits bâtons avec des hommes lents, stupides et trouillards tels que toi..

    L'homme fit mine de se retourner avec un sourire apaisant, puis fit volte face en décrivant un arc de cercle de sa lame.. Le vide rencontrât son arme.. .. Puis une douleur au haut de sa cuisse... une chaleur coulant sur sa jambe droite..

  • Maintenant, à cause de ton imbécillité, tu es mort.. Wiomade se retournât tandis que Wammir regardait son acolyte se vider de son sang en tombant face contre terre..

  • Vous l'avez...tué !

  • Il m'a attaqué..

  • Vous allez devoir compenser la perte du second dans la compagnie ! Il était doué, on aurait eu besoin de lui, même s'il était arrogant et stupide!

  • Besoin de.. « ça »..? pfff.. un homme peu doué, ralentit de surcroit par une armure, et imbu de sa petite personne... pour la compensation, je l'ai tué : ses affaires m'appartiennent, tout va à « la compagnie », ça ira..?

  • Faut en parler à Gond..

  • Rien que son armure compense tout! Aller, vas donc appeler Gondio, il serait malpoli de tuer ses hommes sans lui en parler..

 

La discussion fut houleuse, mais apparemment, l'homme en armure, dont Wiomade ne sut jamais le nom, ne manquait à personne, c'était la cause d'une grande partie de la mauvaise humeur du groupe.. second en grade, toujours à punir les hommes pour une broutille, tout le monde voyait le nouveau venu comme un instructeur potentiel... offre que déclinât le « vieillard engrossi », mais qu'on donnât à « Thyr » et à un vétéran du groupe. Ne plus avoir de gobelet de vin déplut aux hommes, mais le groupe changeât pendant les deux dernières semaines de voyage vers les marches de l'est.. Moins bouffis, plus musclés et vifs, Gondio se dit que ses chances de butins augmentaient grâce à ce changement providentiel d'entraineur.. et surtout, il avait désormais une armure à prix d'or...la porter le rassurait : il la revendrait après les combats, autant la porter un peu...ça donne un certain rang, et on ne sait jamais..

 

 

Juin 761, lisière une forêt bien à l'est du Rhin

 

La cérémonie était tout sauf fastueuse et fatigante : pour prêter serment au comte chargé de combattre à la place du roi les saxons, point de comte. Point de paroles ni d'anneau noble à baiser. Pas non plus de toit au dessus de la tête. Un simple hochement de tête, une question sur les effectifs, sur l'origine du groupe, et puis le « capitaine » était repartit..

Thierry trouvait cela dégradant, Wiomade préférait cela à une cérémonie ou chacun aurait du déclamer ses nom et origine avant de prêter allégeance, et ce qui inquiétait Wiomade était bien plus le danger que la répugnance à s'incliner devant un pépinide.

 

  • Bon bon bon.. bah, on dormira pas cette nuit, mes amis ! Gondio semblait de bonne humeur, et vint se poser lourdement aux côtés de Wiomade.

  • Pourquoi?

  • Ce fameux guerrier tout enrobé d'autosuffisance a estimé que puisque nous sommes en retard de deux jours et les derniers arrivés, hé bien nous pouvions continuer sur notre lancée et partir en tête de convoi. L'armée du comte est.. par là.. ( il désignât la forêt), et nous de la trouver, puis d'envoyer un cavalier donner le chemin..

  • Maintenant ? Il va faire nuit dans.. quoi, le temps de faire deux enjambées !

  • Justement! Aller, on se lève, on prend que le nécessaire, trois d'entre nous garderont les charrettes. Vous deux, ( il désignât Wiomade et Thyr) vous ne restez pas aux charrettes, je vous veux avec moi ! Il partit revigorer ses troupes par un flot d'injures ou d'exclamations, voire de promesses d'or.. mais tout le monde rechignait à repartir de si tôt..

  • Voilà qui est sage pour lui , une nouvelle armure, et deux combattants qu'il juge suffisamment bons pour l'escorter... Thiery, cache ta bonne humeur et prie pour qu'on ne rencontre pas de saxons dans la nuit... avec nos chevaux et une moitié d'hommes inexpérimentés, tout tournera mal..

  • Je n'ai rien dis! Arrêtes un peu de.. Mais Wiomade était déjà repartit vers les montures, retirant sacs à provisions et autres tissus de voyage..

  • Viens ! Gardes de quoi manger pour trois jours environ, et tes armes, plus une couverture. Le reste, tu mets ça dans leur charrette !

  • Mais... trois jours ? Et les bols..?

  • Laisses. Ça alourdira, et crois moi, s'il faut passer plus de temps que prévu là dedans (il pointait du pouce la forêt dense derrière lui, sans se retourner) , mieux vaut avoir à manger et pouvoir fuir vite..

  • Fuir??!! Je …!

  • Stop. Crois moi. Aucun honneur à crever contre dix fois trop de saxons sans avoir pu en voire un seul. Mourir avec cinquante flèches dans le corps, non merci. Prends un des boucliers aussi avec un morceau de cuir pour l'attacher dans ton dos. Et puis... dépêches toi ! On devrait déjà être prêts !

Les deux hommes rejoignirent le reste du groupe, la plupart à pied, avec des vivres pour le soir et le lendemain, et leurs armes. Tout le monde se mit en marche sur un petit sentier menant droit au cœur des sous bois déjà noirs dans cette fin d'après-midi..

 

 

 

Les yeux d'une étrange couleur bleue-argentée regardaient depuis les arbres les francs qui s'avançaient. Beaucoup ne croyaient plus. En tout, seuls cinq sur la trentaine le faisaient.

Les yeux se rétrécir, comme pour repousser les autres... Laissant les feuillages se remettre à leur place, les yeux disparurent. De l'autre côté d'une petite bute, non loin, il y avait les autres. Eux croyaient. Mais eux étaient incapables de rependre la croyance... Favoriser les francs avait-il été une bonne chose..? Désormais, tout semblait terminé, hélas..

 

 

D'autres paires d'yeux guettaient les francs approchants. Un sifflement mis en garde les archers. Et les autres raffermirent la prise sur leurs armes. Tout était prêt. Cette fois ci, la victoire serait au rendez vous..

Gondio menait la marche. Retrouver le gros de l'avant garde serait simple. La forêt, bien qu'il lui préféra la ville, ne lui faisait pas peur : il y en avait eu une grande non loin de la maison parentale. C'est en regardant la cime des arbres qu'il se sentit tout d'un coup très bien. Trop même. Depuis combien de temps les regardait-il ? Trop longtemps...Toussant, il se dit qu'il devait être malade : normalement, quand on tousse, on a pas cette sensation de chaleur liquide dans la gorge, ni sur le cou.. Puis une tête hirsute se mit à voleter autour de lui.. étrange... une tête barbare, avec un nez aplatit, et.. la vision tremblât, comme si la terre bougeait.. il vit le sol vaciller, puis venir à lui, mais par le côté...

Le saxon qui retournait le corps mourant de Gondio, du nom de Gunthr, cherchait à lui retirer sa ceinture, avant de prendre l'armure.. Tout avait été trop facile. Même l'homme qui avait tué un des leur avait succombé... trois javelots jetés sur lui, l'un l'avait atteint au ventre.. le faisant lâcher son armure argentée... il avait roulé dans les herbes, et apparemment, les compagnons de Gunthr n'arrivaient pas à le retrouver... Mais ce n'était pas son soucis : lui avait tué le chef franc d'une flèche, et il aurait ses armes et armures pour lui ! Ce qui l'embêtait plus, c'était que son frère et trois autres étaient à la poursuite d'un cavalier assez jeune, qui les avait chargés mais semblait avoir disparu dans les fourrés...

Enfin ! La ceinture venait ! Deux plaques de bronze avec un rivet en argent ! Une fortune !

Se redressant, reprenant son souffle après le démantèlement des ceinture et baudriers du mort, Gunthr regardât le virage du chemin : trente deux morts francs. Un corps saxon déjà emballé dans un linceul.. Le cheval de l'homme mort qui avait du rouler quelque part semblait affolé, mais le fils de Gunthr le tenait par les rennes. Il était fier : à treize ans, il accompagnait déjà l'armée partie repousser ces hommes de l'ouest, ennemis ancestraux, et adorateurs d'un dieu pervers et vindicatif.. Mais c'était aussi une bonne journée, son fils aurait certainement une petite fibule en bronze ou même argent pour avoir gardé le cheval..

Le temps de redresser le cadavre du chef franc, pour faire passer son armure de mailles et relaisser le corps tomber, il faisait plus froid...

Levant les yeux, il ne vit plus le cheval.. son fils paraissait hypnotisé par... des yeux bleus ciels, et.. il faisait nuit noire.. si tôt ?? Voulant se lever et s'interposer, il comprit qu'il ne pouvait plus bouge non plus.. et son cœur s'affolât...

 

 

 

Wiomade avait envoyé son angon dans l'orbite d'un des saxons surgissant de partout, alors que la troupe, majoritairement sans boucliers, tombait sous les traits saxons. Un douleur le perçât le bras : un javelot venait de perforer son bouclier et d'entamer un peu la chaire dessous.. une autre au ventre, avec la sensation d'être éjecté de selle, puis les herbes.. roulant, il pliât le javelot qui sortait de son abdomen et la douleur lui fit perdre connaissance...

Voyant Wiomade tomber, Thierry chargeât l'ennemi. Seuls eux francs étaient encore en vie. Il dut se prendre une branche au passage, c'était si stupide! Dans le noir, certainement à cause de la commotion, il dut balayer de sa lame l'espace devant lui, espérant ne pas être touché par une flèche..

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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 20:39

Chapitre VI:

La forêt

 

 

 

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Forêt de Compiègne, février 752

 

Ça faisait bien trois jours qu'ils marchaient en pleine forêt, tirant la monture de guerre de Wiomade ou s'entassait tout ce qu'ils avaient pu emporter, et peinant sous leurs baluchons.

Brunneliede et Thierry marchaient dans la boue mêlée aux prémices de neige de ce début d'année. Trois jours sans manger chaud, allant de l'avant dans la direction que leur avait indiquée le noble, mais ils pensaient s'être perdu.. Wiomade leur avait donné un parchemin usé, ou il avait grossièrement dessiné un itinéraire devant les mener vers des étangs, appelés au nom de Saint Pierre, et recelant quelques cabanes alentours. Mais le dessin, fait avec un bout de bois brulé, s'effaçait déjà, et Brunneliede, qui avait bien essayé d'apprendre à lire, sentait la panique enfler en elle en regardant le jeune garçon bredouiller ce qu'il arrivait à déchiffrer... La fuite avait été rapide, Wiomade étant arrivé sur sa monture harassée et fumante, ils avaient du prendre le strict nécessaire, et partir. Puis le noble était parti en ville, les laissant seuls pour cheminer avec le cheval, dont il avait retiré les fers avant, afin qu'on ne remarque pas les traces parmi les autres des chemins menant vers le sud-est de la ville de Compiègne.

Il leur avait adjoint un homme qu'il connaissait, un aveugle clopinant, et deux femmes assez âgées, afin de former un groupe loqueteux et ne ressemblant pas à ce qu'on chercherait : un homme, un enfant et une nourrice.. Depuis, les trois autres les avaient laissés à un détour, s'en allant comme prévu vers une obscure chapelle bâtie sur un ancien tertre romain, et ils avaient évités, comme préconisé par Wiomade, le village de Champlieu se trouvant un peu plus au sud. De là, ils avaient obliqué vers le nord, cherchant une voie vers les étangs, et ne passant pas par Saint-Jean, ou l'étang et la bourgade avaient une garnison qui, sans doute, donnerait leur signalement à d'éventuels poursuivants. Ils ne devaient plus êtres loin désormais, Saint Jean, dit « Des bois » était passé, et la route devait mener à un bourg meulant les grains des villages voisins, qui était, d'après Wiomade, juste au sud de leur destination...

Tapis derrière des fougères passées de l'année précédant, et des taillis de bois moisis, quatre hommes les guettaient, deux avaient des couteaux, un une lance, et leurs armes étaient sorties des fourreaux, des vulgaires pièces de lin huilées, ou plutôt grasses des dépôts organiques incrustés, mais le fer ne brillait pas : la corrosion ne donnait aucun risque qu'un éclat se voit de loin. Et puis, de toutes façons, qui aurait pu voire un reflet métallique dans ce jour gris et annonçant une pluie? Surement pas les deux voyageurs qu'ils s'apprêtaient à dépouiller, tuer ou violer, et laisser sans vêtements ni rien d'autre sur le sol froid.

 

 

Compiègne, trois jours avant.

 

Wiomade regardât le petit groupe s'éloigner, puis parti en ville. Là, moyennant quelques pièces, il trouvât une jeune femme, un enfant et un homme, et les fit le suivre, ayant auparavant acheté un cheval ferré de même ton que celui qu'il montait en partant de la capitale : un frison palomino. Il avait du se contenter d'un cheval bâtard, mais qui y verrait la différence, de toutes manières? La couleur était plus sombre, aussi, mais personne n'y verrait rien, combien de sénéchaux étaient des hommes de mains et assassins à la solde des pépinides, hein?

A quelques lieux de là, il leur fit faire un camp, et l'éloignât avec un arc, afin de vérifier qu'il n'y avait nul danger. Le reste du groupe, partant sur une conversation et bouchonnant le cheval, ne prit plus garde à lui... Un noble avec une lubie de voyager accompagné jusqu'à Amiens, et qui payant de quoi nourrir dix personnes pendant deux ans par tête, on ne crachait pas dessus, surtout lorsqu'il avançait l'or en avance !

 

L'homme, qui se nommait Fretgedur, un petit-fils d'un saxon déraciné des frontières et envoyé en tant que serf dans la région, ne pouvait espérer mieux que de se payer son propre couteau et de quoi se nourrir et vêtir, l'aubaine avait été trop grande, et il avait tout de suite pensé à sa nièce et son petit neveu pour venir grossir le pactole.. Il leur laisserait de quoi manger pendant un mois, et partirai avec le reste, la raison du plus malin...

Aussi malin se croyait-il, Fretgedur n'entendit pas le sifflement de la flèche qui tuât l'enfant en lui perçant l'œil, trop occupé avec le cheval. Et pourquoi ne pas tuer le noble, aussi, et s'enfuir avec la monture? Il n'était plus si jeune, mais avait une épée... un guerrier, pas facile... la nuit, certainement !

Le cri de sa nièce le fit se retourner : l'enfant était couché à terre, comme inanimé. Grognant, il s'apprêtait à aller voire de plus près quand le cheval fit un écart, hennît puis tombât à terre : une flèche venait de percer sa jugulaire, et un bouillon de sang noir coulait sur le sol boueux.

Sortant son couteau, il vit le noble sortir des buissons, un bâton à la main. Son hésitation lui fit perdre la vie : s'acharnant sur sa tête, Wiomade lui assenât un coup si rude que le crane explosât, puis se tournât vers la femme.

Blême de peur, elle n'osait croire qu'un homme leur avait fourni autant d'or pour les dépouiller de ce qu'ils avaient, même pas de quoi payer une chambre d'auberge ! Mais le noble vint à elle, et lui plantât un couteau sous les côtes. Elle mourut en quelques secondes.

Un étranger à la scène aurait pu se demander quel manège jouait le seul survivant du petit groupe.. Le fait que l'homme était près du cadavre du cheval s'annonçait bien:la flèche serait ainsi prise comme « coup perdu », des voleurs ne tuant pas une monture gratuitement...

Le plus dur fut de changer les vêtements du cadavre, tout du moins la couche du dessous, afin de faire penser à un riche vêtu pauvrement, afin de dissimuler sa condition... Il lui passât ensuite sous le manteau une ceinture, et coupât le baudrier : on pensera à un vol d'une épée de prix.. Puis il s'occupa du visage de l'homme : avec le bâton, il fallait le rendre méconnaissable...

Vint le tour de la femme. Il la trainât à l'écart, puis découpât le bas des vêtements. Il écartât ses cuisses, puis, avec la fusée de son poignard, simulât des traces intimes d'un viol. Il crachât plusieurs fois entre les cuisses du cadavre, et reculât : la mise en scène paraissait plausible. Venait le tour de l'enfant : désordonner ses vêtements pour faire croire à une fouille.

Puis il se mit à courir partout, des deux côtés de la route, raclât un peu de boue, et prit ensuite toutes les provisions et les flèches, toutes les armes. Ainsi chargé, il partit en pleine forêt, attendant d'être assez loin pour tout enterrer peu profondément..

Si tout était bien calculé, et que des hommes l'avaient suivis et pris des renseignements, ils trouveraient Wiomade, le visage défoncé, tombé au cours d'une embuscade de voleurs en tentant de fuir le courroux de Pépin. Quant aux deux autres corps, dont personne ne pourrait évaluer s'ils s'agissait bien de l'enfant et de sa nourrice, (surtout si les poursuivant mettaient du temps pour retrouver la piste, avec les charognards et la décomposition..) ils seraient pris pour ce qu'on voulait qu'ils soient !

Il ne restait plus qu'a Wiomade de rejoindre Brunneliede et Thierry, et mettre cette journée avec toutes les autres, si sanglantes qu'il avait passées.

Le fait de trouver ce genre de tueries attrayantes, lorsqu'il était jeune, le fit sourire : au point ou il en était, si les chrétiens avaient raison, que risquait-il de plus à tuer trois personnes ?

 

Mais toutes ses précautions avaient bien étés inutiles : les poursuivants n'étaient pas des pisteurs, et arrivèrent deux jours plus tard. Les cadavres, pourris et rognés, ne furent pas inspectés. Seule la plate boucle en or sur l'homme, et un sac contenant une broche de cap qu'on avait souvent vue sur Wiomade fuirent pris, et ramenés à Pépin.

Ce dernier prit la décision d'enfermer un enfant, pris au hasard dans la ville pauvre, et de le tonsurer tout comme son « père » Childérick, et de les envoyer, le fils au monastère de St Wandrille, le père de retour à St Bertin, et de laisser les nobles revenir pour élire un roi...avec, dans sa manche, une argument de poids : la lettre du pape, allant dans son sens pour une élection princière..

 

 

Soissons, Mars 752

 

Malgré le titre de roi des francs, obtenu du pape et des principaux feudetaires, Pépin avait besoin de plus de légitimité. Ainsi, c'est à Soissons, avec l'évêque Boniface, que le nouveau roi se vit sacré, et qu'il associât le pouvoir temporel à celui divin du clergé romain.

La cérémonie fût rapide, la vielle église, bâtie après l'écroulement de celle conçue des siècles auparavant, était trop petite pour pouvoir accueillir tous les nobles venus là. Ce fût l'occasion pour pépin de récompenser ses plus proches fidèles, en leur octroyant des places à l'intérieur, près du sanctuaire, et de bien démontrer que ceux qui ne le suivaient que d'un air revêche devait se contenter d'attendre, comme les plus petits des seigneurs, dehors, sous la pluie et dans le froid, tâchant leurs beaux habits d'apparats, qui gouttaient de leurs colorants et les ferait bientôt ressembler au vulgaire peuple, portant des habits aux couleurs pastels délavés..

Le rassemblement fût aussi l'occasion de faire sentir l'étendue du pouvoir du nouveau roi aux récalcitrants. Des assassinats au grand jour auraient étés mal vus, mais la présence de nombreux guerriers, aux capes de couleurs chatoyantes et saturées, aux armures de mailles rutilantes et aux épées neuves fût assez pour que la majorité des possibles réfractaire se tint coite, voire s'agenouille directement dans la boue, à la sortie de pépin et de l'évêque, tels les plus bas serfs..

Le roi, couronné d'un cercle de bronze ciselé d'or, et tenant une sorte de sceptre, avançait gravement, la tête haute malgré sa petite taille. Sa cape de laine bleu sombre aux rebords cousus de fourrure de renardeaux gris, couleur alors réservée aux richissimes personnages, mais fort décriée par l'église, semblait faire tâche.. Le roi augmentait l'emprise du clergé sur son royaume, mais se montrait dès le départ indépendant : il porterai les couleurs qu'il choisirai, et annonçait clairement qu'ils gouvernerait comme il l'entendait...

 

Plus personne n'entendis parler du fils présumé du dernier des Mérovingiens, et déjà on parlait d'une nouvelle dynastie, celle des Karlinger, ou fils de Charle le marteau..

La nouvelle du sacre à Soissons, pourtant si proche, ne parvint que plusieurs semaines après à Wiomade, alors occupé à soigner Brunneliede, qui avait développé une infection après avoir marché dans les boues et neiges, puis avoir été assaillie par des brigands en maraude... Du moins le pensait-elle..

 

 

Forêt de Compiègne, près du bourg du Moulin Ancien, février 752

 

Trois hommes sortirent des taillis et vinrent s'interposer entre Brunneliede et Thierry, et toute option de fuite.. Deux dernière, un devant...

Un des hommes, voyant la femme sortir un couteau, s'avançât et la frappât au visage avec la hampe de sa lance.. la voyant Tomber inconstante à terre, le jeune Thierry prit l'épée que leur avait confiée Wiomade, et se débattit avec le baluchon censé la cacher aux curieux..

 

- Arrêtes petit, de toutes façon,s tu mourra... donnes moi ça !

Prenant des mains le baluchon, le plus grand des bandits envoya bouler l'enfant d'un revers d'avant-bras.

- Howw howw.. regardez ça ! Ces inconscients se baladent avec une vraie fortune !

( il montrait aux deux autres, déjà penchés sur Brunneliede, regardaient avec avidité l'épée frangée d'argent que tenait le plus grand..)

- Donnes la moi, Al..

- Dans tes rêves ! Je l'ai trouvée, elle est à moi !

Le second reprit sa lance, et se préparât à l'attaque..

- Wiomade vous tuera tous, bande de vermines ! Connards!

La sortie de l'enfant les avait scotchés sur place...

- Tu connais Wiomade ? Demandât le plus grand des trois.

- Oui ! Il reviendra nous chercher dans deux jours, et vous brulerez en enfer !

Partant d'un bon rire, l'homme le prit rapidement par le col et le remit sur pied:

- Et tu vas me dire qu'il vous a laissé avec ça ( il fit un geste vers l'épée) tous seuls en forêt? De plus, je ne suis pas chrétien, je ne crois pas à ton enfer, nabot !

- Oui, et ça aussi (Thierry sorti trois besants d'or d'un poche). Ils sont à vous, si vous nous conduisez aux lacs de St Pierre! Si vous y attendez avec nous, il vous en donnera d'autres pour nous avoir escortés..

- Al., ne l'écoutes pas ! Tuons les et ..

- La ferme ! Tu voulais me tuer pour cette épée, tout à l'heure. Emmenons les, et on verra.. Il lançât une pièce d'or à chacun de ses compagnons. Voilà, aller, maintenant, on réanime cette conne qui a osé menacer trois hommes venus l'aider... Quelques rires jaunes fusèrent, mais personne ne savait trop quelle marche suivre... Le plus grand se tournât vers l'enfant, et lui dit d'un ton sympathique qui cachait mal son sourire moqueur :

- Je suis Al, enfin, Almarik. On t'emmène chez nous, ne trainez pas, toi et ta mère!

- C'est pas ma mère, et je vous ai dit de nous conduire..

- Oui, je sais, et je t'ai pas encore dit de la boucler, mais ça viendra. Chez nous, c'est les étangs, et Wiomade nous fournit de quoi planter et du cuir, plus quelques pièces, en échange on s'occupe de ces terres qu'il a achetées. Si vous dites vrai, on vous tuera pas. Sinon, on s'amusera avec elle, puis vous servirez de festin du nouvel an aux poissons gelés du lac ! Aller, boucle la et aide la femme, on doit y aller avant la nuit, nabot !

Le petit groupe, ou trainait Brunneliede encore sonnée et a peine réconfortée par Thierry, s'en allât à travers bois, quittant le chemin, et toute piste retraçable par un éventuel poursuivant...

C'est la seconde nuit qu'ils revirent Wiomade, les traits durcis pour avoir sauté trop de repas et avoir chevauché quasiment sans pause, tentant de brouiller une piste que plus personne ne suivrait désormais.. Mais ça, il ne le savait pas..

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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 04:02

 

Chapitre V:

La bénédiction du Pape

 

 

Février 752, quelque part dans une forêt entre Laon et Noyons..

 

Cela faisait deux ans qu'un messager était parti de la coure des pépinides vers celle du pape Zacharie... Rien d'anormal à cela, mais un des hommes d'un seigneur fidèle au roi avait pu obtenir via quelques pots de vins dans la ville éternelle une idée de la substance du message..

Le fils de Charles voulait le trône ! Avec ses deux fils nés quelques années plus tôt, Karl et Karloman, il fonderait une nouvelle dynastie, et mettrait à mort le roi !

Wiomade en était sur, mais son ami n'en croirait rien... «Roi par droit de sang, il ne pourra pas me démettre, il 'y a personne pour me replacer, sauf..notre secret...» avait bredouillé Childérick, entre deux rasades de bière forte...

Avec le temps, le roi buvait de plus en plus, fait agrémenté par la fourniture très -ou trop?- abondante du maire du palais en alcools... et se désintéressait des affaires publiques qu'il aurait du reprendre en main... Tenter de raisonner son vieil ami avait été impossible, et désormais, Wiomade devait surtout faire attention à ce que le roi n'ébruite trop le fait qu'il ait un fils, désormais âgé de huit ans, le petit était déjà fort et bien bâti, il respirait le fils de ses dignes ancêtres, voire un peu trop... Il avait fallut que Brunneliede et lui changent plusieurs fois de maison pour ne pas risquer la mort... Une fois, ce fût à cause de l'indiscrétion du roi... Ivre, il avait un peu trop parlé à une domestique... L'homme avait été envoyé rapidement, avec deux compagnons pour garder ses arrières, et était tombé sur Wiomade qui ramenait des vivres à l'enfant et sa gardienne...

En ce jour de février, Wiomade avait enfin ce qu'il lui fallait ! Une copie signée d'un diacre de la lettre de Pépin au pape, ainsi qu'une note: «Le Saint père a bientôt fini de trancher la question...et pas en faveur de votre seigneur..». L'affolement avait pris Wiomade, qui avait questionné longuement son envoyé, duquel il apprit que ledit homme d'église, bien disposé envers eux, était en fait un homme qui cachait une descendance, et qu'il avait suffit d'une ou deux menaces pour qu'ils se décide à agir...

Wiomade relut la lettre, la petite écriture serrée était propre, droite, et montrait qu'on avait affaire à un scribe, ou au moins à un copiste chevronné.. Il était bien question d'une demande envers le Dieu unique des chrétiens, et donc du pape, de qui devrait, « selon les lois de l'église », régner sur les francs, d'entre celui qui est roi mais n'a aucun pouvoir, et celui qui ne l'est pas mais officie comme tel... Remerciant l'homme avec une bonne bourse d'argent, Wiomade repartit vers Paris, vers son roi, espérant qu'avec une telle lettre il parviendrait à le faire fléchir et changer de comportement, et qu'il ne serait pas trop tard pour agir...

Tout en chevauchant, il pensait que fait qu'il allait déclencher une guerre civile...mais son sens du respect des traditions aboutit, (après tout, son polythéisme, si bien caché au vu des répressions, n'est il pas une survivance de traditions aussi?) et son amitié avec le roi lui faisait écarter cette idée sombre: «  Tu vas déclencher une guerre, des massacres.. »

Après tout, si le peuple refuse de servir son roi de droit, alors peut être mérite t-il quelques souffrances d'une guerre, afin qu'à l'image de ce roi, il reprenne vigueur ?

 

 

Compendio, automne 750

 

La chevauchée l'avait épuisé... Après avoir mangé ce que Brunneliede avait préparé – un repas frugal de légumes cuits dans de l'eau avec du jus de viande de la veille-, puis pris un bain chaud pendant qu'elle lui lavait le dos, Wiomade était parti chercher du bois et des grains.. son cheval épargnerait à Brunneliede d'avoir à le faire...

Étant trop fatigué pour tout faire dans la fin de journée, il avait passé la soirée avec l'enfant et la femme..

-Tu te souviens, quand tu m'as retrouvée..?

Wiomade n'aimait pas parler de ce jour là, à Noyons.. Mais régulièrement, Brunneliede abordait le sujet.. Pour elle, ça avait été la fin d'une vie de calvaire.. Pour Wiomade, le début de la culpabilité d'avoir laissé cette jeune fille promis à un meilleur avenir et de ne plus s'en soucier avant de la revoir...

- Oui... Comment veux-tu que j'oublie?

- Je sais que tu t'en veux pour ce que tu as fait.. mais je ne te remercierai jamais assez..

- C'est à moi de me faire pardonner.. je n'aurai pas du te laisser là bas..

Un silence gêné s'était installé..

- On en revient chaque fois aux mêmes phrases, reprit elle.. Mais je t'assure, tu n'y aurai rien pu, tout le temps ou tu étais en prison, ils ont eus le temps de..

- N'en parle plus ! C'est déjà assez abject comme cela, ma propre cousine ! Tu ne dois plus y penser! Avec sa connerie de croyance chrétienne, elle doit bien bruler là ou elle est désormais!

De nouveau, un silence...Wiomade regarde Brunneliede, et se rend compte qu'elle pleure.. Comme à chaque fois qu'ils reparlent de ce jour là, il aurait préféré ne pas dire ce qu'il allait dire, mais qu'il rajoute à chaque coup, sachant qu'elle en a besoin, qu'elle veut en parler comme pour mieux l'évacuer..

- Parles en, si tu veux.. Mais attends que je vérifie que le petit dorme...

- Oui.. Son père ne lui a toujours pas donné de nom?

- Toujours pas..

- Ne crois tu pas qu'il devrait le voire, au moins une fois?

- Ça sera bien assez tôt quand on le fera, pour le moment, il faut qu'il puisse se défendre seul... Je ne veux pas le voir mourir ! Il allât dans la pièce attenante et pris son temps pour regarder le jeune enfant respirer lentement, au rythme d'un sommeil tranquille.. Soupirant, il s'apprêtât à retourner auprès de la femme, et à entendre une fois de plus les supplices faits par sa cousine à cette pauvre fille, et aux quelques enfants qu'elle avait pu mettre au monde lors de ces quelques années d'enfer.. Quand elle eut terminé, elle vint s'assoir en face de Wiomade, qui buvait du lait ans un bol en terre, et lui demandât:

- Je ne t'ai jamais demandé ce qu'il s'était passé ce soir là... Les voire m'a suffit, mais un jour, je t'ai fais promettre de me dire... et j'aimerai que ce soit ce soir...

- Hmmpff.. Visiblement, Wiomade était contrarié...

-S'il te plait... Brunneliede se servit elle aussi un peu de lait tiède.

-Très bien.. tu as vu leurs corps, je te les ai montrés pour que tu vois que c'était fini... Mais...je ne veux pas parler de ce que j'ai fais, j'y suis allé, ma cousine savait que j'étais en vie, et avait complètement oublié que je te connaissais..Après des « retrouvailles » plutôt sympathiques, elle a fait mander une servante pour m'offrir du vin.. Tout a dérapé quand je lui ai demandé « Et ta jeune servante que je t'ai confié, pourquoi ne pas l'inviter, hein? »

A son teint devenu blanc elle a compris que je venais soit pour te récupérer, soit parce que je savais.. Son laquais de porte, à qui elle a fait un signe qu'elle croyait anodin, n'a même pas réussi à me toucher avec son couteau, il est mort pour rien, pour des fautes faites par autrui..

Reprenant son souffle, il finit son bol.

- En fait, ils ne sont pas morts doucement.. Cet imbécile qu'était son mari un peu plus vite, mais parce qu'il était armé, et que mon premier coup fût pour me défendre, quand il s'armât en me voyant entrer avec sa femme dans ses chambres, il était sur un jeune esclave, je te passe les détails... Il méritait sa mort, et l'épée qui a fouillé ses articulations des genoux avant que son sang ne parte trop vite.. Trop gras, trop habitué à être respecté, son coup de bâton n'aurait même pas pu blesser un conscrit sans armure.. Bref, il a perdu son sang plus vite que je ne le croyais, et ma cousine a cessé de hurler.. Elle a repris quand.. j'ai..commencé à lui faire payer pour ce qu'elle t'avait fait.. Par là ou elle t'avait fait souffrir...Sauf qu'a la place des objets de bois, de chaire ou autre qu'elle aimait tant, c'est un acier damassé qu'elle a reçut, ainsi que ses tendons.. Ainsi mutilée, il ne restait plus qu'a lui couper la langue et la regarder se noyer dans son propre sang..mais je pense que ses hémorragies sur ses orifices naturels ont eux raison d'elle... Je les ais revêtus de draps puis te les ai montrés.. La seule chose que je regrette, c'est le meurtre de ses deux enfants, par d'autres domestiques maltraités..

Il prit une profonde inspiration, raconter cette histoire lui pesait..

- Voilà, ta soif de détails est elle étanchée? Sais tu seulement ce que ça fait de ramasser les morceaux de crane d'une petite fille de quelques années, battue à mort par un domestique dont le maitre avait abusé juste avant que je ne les tue?

-Ils le méritaient.. je veux dire, pas les enfants, mais tu ne pouvais pas savoir..c'est comme pour moi, tu ne savais rien de ce qu'il se passait!

- Mais j'aurai du prévoir...Maintenant, tu sais, n'en parlons plus, je te prie. Bonne nuit.

Il allât dormir à l'étage, tandis que Brunneliede lavait les deux bols avec un tissu de lin doux puis les rangeait soigneusement, avant d'aller rejoindre Wiomade et de s'endormir sur une couche à côté, dans la même pièce... Depuis longtemps, elle savait qu'elle ne devrait rien attendre de lui, d'autant plus avec son aspect difforme désormais, et son passé.. Elle devait le dégouter...

Des pensées toutes différentes rongeaient Wiomade, qui ne dormait pas, à quelques mètres de là.. Il s'en voulait pour son amour perdu, pour les enfants de sa cousine, pour avoir laissé Brunneliede dans un tel endroit, pour la mort d'Angamir et d'autres encore, et aussi pour cacher à son roi le seul fils qu'il ait, et de ne pas arriver à le faire changer d'attitude quant aux questions politiques du pays...

 

Le lendemain, réveillé avant tout le monde, il parti finir ses tâches commencées la veille, et les trois hommes qui guettaient la maison depuis le milieu de la nuit prirent le fait qu'il prenne son cheval pour son départ... Ils n'avaient aucun ordre quant au noble, et tuer un tel homme ferait des remous...Par contre, tuer tout enfant, surtout s'il avait les traits d'un chevelu, était expressément dans les consignes... L'un d'eux allât se placer sur le bord de la route allant vers le petit bourg, l'autre gardât les chevaux à l'abri, et l'homme de main de pépin, un homme aux cheveux blonds sales, le regard bleu délavé, l'air mal réveillé et toujours hagard, laissât ses armes sur la selle et ne prit qu'un petit couteau..

Le fait de n'avoir jamais participé à une campagne militaire fait qu'ils n'avaient pas pris garde au fait que le vent soufflait vers la route du bourg, et que l'odeur des chevaux, plus le bruit de leurs broignes d'acier avait bien porté...L'homme de main n'atteignit jamais la porte, un léger sifflement vint lui défoncer le crane.. le second, qui surveillait la route, eut le temps de s'étonner... une gerbe de sang, un éclat métallique...

La voix qu'il entendit lui fit lâcher un juron... Son neveu, qui gardait les chevaux, guère plus âgé que douze ans, piaillait à mort... Courant vers le lieu d'où venait les cris, il vit le jeune homme pris de convulsions, à terre, du sang s'échappant à gros bouillons de son nez et de sa bouche.. Ainsi qu'une tâche pourpre sous l'aisselle gauche...

-Sale fils de p..

la phrase se perdit dans le bruit qu'il entendit, métallique, désagréable, glacé... tout comme la sensation sous les côtes, du côté du cœur... Wiomade retirât sa lame du corps encore en mouvement du troisième homme, et l'essuyât, comme il l'avait fait pour l'enfant, sur la tunique.. le dernier, pensât il.. Au départ, il avait craint qu'ils ne soient bien plus.. En jetant sa hache, il avait couru sur celui qui gardait les chevaux, à peine sorti de l'enfance.. Puis avait remarqué qu'il n'y avait que trois monture... Attendre le dernier avec les cris du second avait été trop simple... Des hommes plus doués dans les actions de brutalisation, pas d'assassinat ni d'embuscade...

C'est un Wiomade souriant qui fit cuire le pain du matin et accueilli l'enfant, qu'on avait fini par nommer Thierry, et Brunneliede, pour leur offrir l'odeur de la pâte qui cuisait et du lait frais. Personne n'avait rien entendu dans leur sommeil, et dehors, tout était propre... Les trois montures courraient dans les champs, des fardeaux à quatre membres ballants solidement attachés sur leur dos, leurs armes et les chevaux de qualité médiocre feraient le bonheur du premier qui les trouverai..

 

 

Paris, fin février 752

 

En arrivant dans la ville, Wiomade ne vit rien qui avait changé.. Ses informations précédaient donc celles que recevraient pépin.. Il était parti depuis trois semaines, et avait craint que ses espionnages n'ai pas étés assez rapides.. Il prit le chemin des appartements royaux, et se fit annoncer... Le garde parut surpris, demander au roi de se lever de si bon matin !

Quelques minutes après, Wiomade fut introduit auprès de son ami...Grognon, visiblement mal réveillé, il s'apprêtait apparemment à faire passer un sale quart d'heure à celui qui était la cause de sa nuit écourtée... Wiomade voulut couper court à toute confrontation, et attaquât:

- Mon ami, le temps presse, il faut que je te montre un lettre, de Rome, et qu'ensemble, on avise d'un plan pour éviter que tu ne perdes le trône..

- Imbécile ! Me réveiller pour « ça » ? Mais je suis au courant, et depuis hier soir ! Sache que, pendant que tu fouines dans les terriers de lapins en forêt, ici, on met aux arrêts son roi et qu'on s'apprête à le tonsurer, et à prendre sa place ! Et toi , tu.. Tiens? Ils t'ont laissé ton arme? Ils espèrent peut être un suicide?

Montrant l' épée de Wiomade du doigt, il parti uriner dans un sceau posé dans un coin de la pièce mollement éclairée par un soleil paresseux..

- De toutes façons, mon cher antrusion, ou devrait-je dire, cher ancien noble à la cour de l'ancien Roi Childérick, maintenant que tu es là.. tu ne t'en ira plus en vadrouille ! Ils ne te laisseront jamais partir, vu nos liens d'amitié... Le roi rotât, et allât prendre un gobelet d'eau..

- De toutes façon,s rien à foutre! C'était peine perdue dès le départ...Puis personne ne me suit, et on ne m'écoute pas, et maintenant le pape... Le Pape!Dis ! Tu m'écoutes?

Mais Wiomade était blafard, adossé au mur, et avait laissé sa copie de la lettre tomber au sol...

- Quand ils seront là, j'en tuerai le plus possible, et nous fuiront..

- Crétin ! Tous ! Tous sont avec eux ! C'est moi qui suis censé boire, et c'est toi qui a l'esprit faible, mon pauvre... Seul, ou même à deux, contre tout le monde? Non, sauve ta peau, et laisse moi... Si le fils dont tu m'a parlé vit encore, sauves le aussi, tiens, ça fera quelques chose que notre famille laissera au monde... Moi, je n'ai rien fait, vraiment! J'ai presque crut à tes espoirs, il fût un temps, mais je me suis laissé allé... et là.. Il haussât ses épaules. Là, il vont me tuer, ou m'enfermer, comme avant..Toi, tu as déjà subit ça, alors vas-t-en !

 

A midi, le dernier roi de la Dynastie Mérovingienne fût emmené devant le maire du palais, qui lui lut la lettre reçue la veille au soir, mais de façon officielle cette fois ci, et devant un petit assemblement de nobles. Childérick le troisième allait être tonsuré, afin de montrer à tous la perte de sa dignité royale, puis enfermé...Pépin, malgré sa petite taille qui faisait déjà poindre un surnom parmi ses sympathisants comme ses détracteurs, allait être nommé roi des francs peu après, et tous devraient lui jurer fidélité, ou être déchus, puis jurer fidélité à Karl et Karloman, les deux jeunes fils du maire du palais.. Quant à Wiomade, on le cherchât, mais il était parti avec une cape de laine crasseuse, et avait récupère un bon cheval et quelques vivres.. désormais, il allait devoir retrouver le jeune Thierry, et veiller sur lui.. jusqu'à des temps plus propices...

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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 01:13

lance011

 

 

 

 

 

Chapitre IV:

Le dernier des Chevelus

 

 

 

 

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28 Novembre 750, Laon

 

A 36 ans, Wiomade, comte de Nantes, antrusion du roi Childerick III, avait encore belle allure..

malgré ses cheveux qui partaient un peu les uns après les autres, il était encore fort, et les rides des ans ne se voyaient véritablement que quand il souriait.

Ses yeux verts avaient pris une teinte dorée, surtout lorsqu'ils reflétaient le soleil.. Sa peau était plus brune, et ses mains moins douces...

Le seul défaut était une cicatrice qui courait sur la joue, de la pommette à l'œil droit, reçut lors d'une petite bataille contre un seigneur rebelle qui réclamait la mise à mort du roi..

 

Il n'avait pas vu Childérick depuis plusieurs semaines, mais le roi s'était vite remit de sa maladie pulmonaire, au grand dam du fils de Charle le Martel.. mais il n'avait jamais retrouvé une belle forme, et toussait toujours de temps à autres, les hivers humides surtout..

Wiomade allait vers Compendio, sa ville natale, ou il devait retrouver un garçon de quelques années, un bâtard, de sang impur, mais qui, à lui seul, remettait en cause le titre de « dernier des descendants de Cholvis » du roi présent...

 

Bien sur, son existence était tenue secrète, et seule Brunneliede savait de qui l'enfant était.. la mère était morte à sa naissance, et Wiomade ayant prit soin de l'emmener loin, avec la jeune fille qu'il avait retrouvé dans un triste état à Noyons...

Les autres enfants de Childérick étaient tous morts, le premier à son terme, la seconde en quelques semaines, le troisième avait tué sa mère et avait vécu une année, et tait étrangement mort d'étouffement...

Wiomade avait, de sa propre initiative, fait inhumer le petit corps, et un physicvs discret avait retrouvé les vertèbres cervicales du petit brisées en plusieurs morceaux...garder cela pour lui, pour ne pas peiner son roi, en proie à une grande dépression cause de ses morts et de celle de sa femme, avait été dur..

 

Penser au petit garçon, fruit d'une union avec une paysanne quelconque sur le chemin du couronnement de son ami, faisait penser à cette belle chevauchée, lente car il fallait attendre les chariots, et au rétablissement du roi, en cet automne de 743.. Mais aussi aux sombres moments qui avait fait suite...

 

Le premier avait été la volonté du camp du maire du palais de voire la religion catholique prendre un tournant plus radical, et même de condamner au bucher tous ces hérétiques des campagnes... Le jeune roi avait reporté la question à étude ultérieure, et ce fut le premier soulèvement... rapidement écrasé par le Maire du Palais..

Sa position contre un de ses propres partisans était en fait un habile calcul : s'il voulait le pouvoir suprême, le Maire du palais se retrouverait vite à devoir combattre politiquement ses meilleurs alliés du moment... hors le pouvoir, il l'avait déjà... mais les mêmes qui étaient les plus ardents à crier rébellion seraient les mêmes à crier la même chose plus tard... Childéric le savait, mais il avait les mains liées par l'aristocratie, qui y trouvait bon compte à éliminer les plus perturbés d'entre eux...

En tout, et en sept années, quelques cinquante nobles avaient étés exécutés, ou combattu... et le dernier en date, un obscur compte au sud de Poitiers, avait été laissé à Wiomade et ses cavaliers..

Il s'en fallût de peu pour que ce jour là, Childérick perde son ami. Le petit noble, et plusieurs de ses fidèles, avaient attendu la nuit pour tenter de tuer le commandant de l'armée royale, et Wiomade avait réchappé à l'assassinât avec une balafre au visage, simplement parce que l'un des hommes de mains avait des chaussures qui faisaient un léger bruit à chaque pas.. Le lendemain, tous les habitants du village d'origine du noble rebelle avaient étés massacrés, et leurs têtes coupées.. La tactique fonctionnât: Le noble sortit des forêts pour affronter la petite armée, et fût taillé en pièces... et l'acte barbare ne fit qu'ajouter à la peine que Wiomade avait sur le cœur..

Peut après le couronnement, en effet, Wiomade partit chercher Brunneliede là ou il l'avait laissée, son père mort, la fille avait du certainement se marier et vivre dans un rang social assez bas.. Wiomade voulait aller lui parler, et lui fournir de quoi améliorer son quotidien... Hélas, ce qu'il trouvât fût contraire à ses attentes, et débouchât sur un double meurtre... que le roi du amnistier au grand plaisir de ses détracteurs.. Depuis, Wiomade se sentait en devoir de s'amender à chaque heure pour son roi et ami...

 

Un autre évènement fâcheux fût son mariage... Plusieurs femmes convoitaient une place aussi élevée, et, pour seller une amitié avec un baron des frontières est germaniques, il dût accepter la chose... encore un acte dicté surtout par sa culpabilité.. Pourtant le roi lui avait laissé le choix, mais il était clair qu'avoir un allié sur à l'est aiderait le mérovingien.. C'est donc sous les yeux des nobles de la cour qu'il prit pour épouse une hautaine jeune femme de dix ans sa cadette, une vilaine femme aux yeux de glace et cheveux d'ébène qui, bien que très avenante par son physique germanique tant en vogue, envenimait l'esprit de son mari par ses paroles acides...

Elle ne l'aimait pas, et lui non plus... mais pour l'amour de son ami, il consentît à vivre avec cette femme, dont il n'eut, étrangement, aucun enfant.. et qui le fît plus souvent que de raison se mettre en campagne ou en mission pour le roi, afin d'échapper à cette harpie qui ne voulait qu'un héritier et plus encore de richesses... ainsi que d'envie dans les yeux des autres nobles... Tout en ruminant ces pensées sombres sur le dos de son cheval, il ne prit pas garde à ce que celui ci s'était arrêté pour brouter tranquillement, et continuât à rêver tout éveillé...

 

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Castrvm de la motte des pierres, sud est de Compendio, premiers jours de l'année 730

 

La fille, Orenfid, faisait voyage avec son père, un lettré des marches de l'est, qui cheminait pour un moment en concert avec le comte de Nantes et son jeune fils..

Depuis trois semaines qu'ils se coutoyaient tous les jours, les jeunes gens ne se quittaient plus...

-Elle est si belle, avec ses cheveux d'or, ses yeux gris, son allure sure et son corps qui ne fait pas l'air chétif des souris qu'on mes sœurs!

Wiomade, alors devenu adulte selon les lois en vigueur, avait noué des liens d'amitié avec Angamir, un rusé vétéran et garde du corps de son père...qui l'avait nommé tuteur de ce futur comte du royaume franc de Neustrie..

- Je vois qu'on commence à apprécier les femmes...mais prend garde à ton père, elle n'est pas noble... et à son père à elle, à ne pas aller t'amuser avec...enfin.. tu vois ce que.. … bah ! Pourquoi dois-je à chaque fois t'expliquer tout.. enfin tout cela..??

La colère du guerrier était feinte, elle masquait son malaise..

- Ne t'inquiètes pas, Anga, je sais bien ce qu'il ne faut pas faire, surtout à une chrétienne...J'admire juste ..enfin bon, je l'aime bien !

- Et si tu persiste, vu ce que j'ai vu d'elle, ça finira mal...prend garde...ton père a déjà prévenu la famille de la jolie Errmelind pour votre mariage l'an prochain, il ne faudrait pas laisser des... trucs, derrière soi...qu'on pourrait te reprocher après ! Bien qu'on le reproche moins à un homme qu'a une femme, cela dit en passant...

- Mais cette fille, avec ses cheveux de jais, a au moins.... (il réfléchit) enfin plusieurs mois de plus que moi !

-Et la fille du marchand, au maximum deux de plus....

- Ha ! Tais toi donc, à trop savoir quoi répondre parfois, et rien dans d'autres! Je serai moins gentil au prochain entrainement!

  • Et tu mordra encore la poussière, voire plus...jeune apprenti! L'esprit d'Angamir se détendit en voyant la conversation s'orienter vers un sujet moins délicat...

 

Y repenser ramenait à la mort de son ami, des années plus tôt, à Senlis..

-Dieux, rien n'aurait du se passer ainsi... Wiomade soupirât, et son attention repartit dans les songes nostalgiques..

La fille était morte, partie en pleine forêt après avoir appris que celui qu'elle aimait devait en épouser une autre, par la bouche du comte.. Elle était tombée sur des brigands, qui avaient profité des riches bijoux qu'elle portait avant de la violer puis de la mettre à mort, tel un foret... Ils furent les premiers hommes tués par Wiomade, qui, depuis cet incident, ne parlât plus à son père pendant plusieurs années, et sprit le chemin des guerres, cherchant plus la mort qu'autre chose, tandis que son tuteur l'loignait à chaque fois... La promise s'était bien vite trouvé un autre parti, et Angamir, qui avait passé plus de temps avec son élève, était très attristé par le chemin que prenait le caractère du jeune homme... Mélancolique, sombre, et parfois violent ou impulsif.. tant en bataille qu'en ville, aux tavernes et autres lieux de rencontres.

 

Se réveillant en entendant un chariot cahoter sur le chemin, Wiomade se demandât s'il avait rêver, ou si l'esprit de son ami lui avait soufflé ces choses...Repenser à cette fille, et à son ami défunt ne faisait que peser son cœur plus lourd... Mais c'était comme s'il y prenait un plaisir malsain, s'abimer dans la nostalgie d'un passé...d'une femme...qu'il n'avait goutée que trop rapidement....

Se ressaisissant une seconde fois, il mit un coup d'étriers à son cheval, et repartit, ne voulant pas entamer de conversation avec les fermiers de passage avec le chariot, il piquât la monture et partit d'un galop effréné, tout en cachant ses armes le plus possible, ne voulant pas qu'on puisse raconter qu'un riche cavalier était bien passé ici...

 

 

 

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Hiver 743, Noyons

 

La femme était connue de tout le bas quartier de la ville, et surtout des hommes. Ce n'était pas tout le temps et en tout lieux qu'on pouvait avoir une femme si peu chère et pourtant de si haute lignée... La catin venait des bâtiments des nobles, dans la ville haute, et , même si elle semblait ne le faire sans trop de plaisir, la plupart ne se souciait pas de ses états d'âmes, trop contents de ce qu'ils pouvaient avoir... c'est à dire tout !

Sa fine et svelte silhouette était maintenant empattée, à cause de toutes les grossesses et avortements qu'elle avait connues, des régimes alimentaires mauvaisement choisis par ses maitres exprès.. Au fil des ans, les viols de sa maitresse, de son maitre, aussi vicieux et pervers que sa femme, ou des amants de la femme avaient étés son pain quotidien...

Le comte, qui avait des appétits en contradiction avec la religion de sa femme, assouvissait certaines choses sur elle, la «servante à tout faire»... Sans compter sur sa participation en «cadeau d'hôte» quand des amis ou alliés du compte passaient des nuits ici...

Le pire fût l'idée de Sigelinde de la mettre à la merci d'un régiment royal qui passait une étape sur place.. Les deux cents hommes n'étaient pas tous venus se vautrer sur elle, mais après le vingtième, elle avait fini de compter... et ne s'était nettoyée que le lendemain. Tout son corps était douleur, et son âme.. semblait partie..

Les brimades et coups avaient aussi décharnés son corps et puis son visage, et, à un peu plus de vingt ans, on avait fini par l'appeler «la grosse truie»... Si elle ne mangeait pas ce qu'on lui donnait, elle prenait des coups...tout comme quand elle n'allait pas en ville pour ramener de l'argent – qui ne servait à rien a ses maitres, vu le peu qu'elle devait prendre par passe, et le trésor familial du comte..-, et elle voyait toujours le même plaisir malsain dans les yeux de la comtesse... Elle était un animal esclave, avec lequel on s'amuse à tester différentes choses... Le tisonnier brulant sur le bas du dos par exemple, ou les coupures remplies d'épices, de sels, ou d'autres aliments, «Pour regarder comment ça fait!» disait Sigelinde dans ses éclats de voix.. Ces jours là, ou elle devait obéir à des ordres des plus dégradants, elle savait que le comte et la comtesse allaient être rassasiés, leur seule façon d'assouvir leurs vices était remplie, de façon trop temporaire...

Donc, au petit matin, elle rentrait des bas quartiers, pour aller dans la petite cabane sentant les excréments ou elle devait habiter pour le bon plaisir de ses maitres depuis quelques jours, quant elle croisât un cavalier solitaire, qui venait en ville.. Sous la capuche de fourrures qui le protégeait de la pluie, les yeux vers et une mèche d'or lui firent revenir des souvenirs... et elle défaillit...

 

Wiomade vit la paysanne tomber lourdement, et stoppa son cheval, pour aller regarder de quoi il en retournait...En s'approchant, il ne la reconnut pas, ce fut seulement lorsqu'il vit ses yeux, et les traits qu'avait conservé le visage devenu assez grossier, qu'il se piquât d'un doute...

- Femme, on se connait? Tu me dis quelque chose.... tout vas bien? Je vais appeler quelqu'un..

- Non... tu es mort!

N'y comprenant rien, mais regardant prudemment alentours, et voyant qu'il n'y avait aucun danger, il reposât les yeux sur la femme... sur.. Brunneliede!

 

 

 

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Route de Compendio, 750

 

Wiomade allait devoir dormir, il n'était plus aussi jeune, et rêvassait du passé depuis le début de la mi journée... La nuit sans repos se payait, et son cheval venait se stopper pour la énième fois...

Au coin de ses yeux, une étincelle prit le rayon de soleil qui passait par là, et partit rejoindre le sol, se détachant de la joue de l'homme..

 

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Automne 746, Région de Paris

 

-Mais ou est Wiomade??

Le roi, armé d'une lance, s'était arrêté, ses cavaliers, camarades de chasse, avaient du stopper net pour ne pas lui rentrer dedans..

-Un antrusion devrait être toujours proche de son roi... ce n'est pas la première fois..

L'homme qui avait parlé, un courtisan du cercle des pépinides, avait cette allure naturelle du furet sournois et carnassier, il en avait l'odeur aussi, et ses vêtements rappelaient vaguement la bestiole.. A bien y penser, ça amusait plus le roi qu'autre chose..et soulageait le fait qu'il doive supporter des hommes tels que celui là, « imposés » pour « aider » le roi, par Pépin le bref..

Mais il disait vrai : Wiomade s'absentait de plus en plus souvent, sans dire ou il allait... On l'apercevait souvent dans les campagnes alentours, et il ne venait trouver son roi que lorsqu'il devait voyager loin, comme lors de campagnes, ou pour rentrer dans ses terres..

- S'il continue, il perdra son titre..» L'homme parlait d'un ton réprobateur à un cavalier armé, qui avait abattu du gibier un peu avant..

- Si toi tu continues, tu perdra ta langue.. La réplique cinglante du roi, son ton détaché, avait fait perdre toute envie de discussion dans les rangs de ses suivants..

- Allez me le trouver! Aller!! Piquant des deux, il repartit vers Paris, n'ayant rien tué ce matin là, il était de méchante humeur.. Wiomade n'était pas apprécié par ces hommes à la solde de Pépin, rien d'étonnant à ce qu'il évite d'être trop là, mais tout de même...Il faudrait qu'ils aient une discussion...

 

Le soir même, Wiomade retrouvait pour le diner son roi et sa cour, et vit l'œil agressif de Childérick posé sur lui... Le roi avait bu, et passât plusieurs minutes à tanguer pour se planter devant lui.

- Alors, au bout du compte.. Tu pars ou? Tu me laisse avec ces.. Tanguant, il renversa la moitié du cruchon sur un précieux tapis..

-Et... Hé ! Tu m'écoutes oui? Je vais aller te faire enfermer, tu verra bien .. que.. Tombant à la renverse, sous des regards moqueurs ou amusés, le roi fût emmené par son ami dans une autre salle, ou il reçut de l'eau glacée sur le visage.. Retrouvant ses esprits, il s'empourprât, mais ne perdit rien en agacement.. et s'emportât sur une domestique accourue aider.. 

 

- Tais toi, et suis moi! Le ton, sans réplique, d'une voix froide et basse, clouât le roi..

La domestique n'avait pas entendu, ce qui empêchât Childérick de réarmer d'animosité face à cet ordre.. Il était plus sous le choc, n'ayant plus l'habitude de telles choses hors les « conseils » de pépin, auxquels il fallait obéir.. On lui donnait un ordre ! Cet.. ce... son ami lui donnait un ordre !

- Très bien..heu..désolé..

- Ce n'est rien, tu bois trop. Aller, viens!

Le roi suivit son ami jusqu'à une salle retirée, sombre. Il regardât Wiomade allumer une bougie, et repartir dans le couloir...

- Personne, bien... Il fermât la porte, allât dans le côté opposé de la pièce...

- J'ai quelque chose à te dire... et ça répondra aussi à ta question sur ce que je fais... la plupart du temps, je vagabonde, et ce n'est pas, tout du moins pus, par plaisir...

Childérick voulut ajouter quelque chose..

-Attends, attends avant de me couper... Donc, je pars, oui, et ça brouille un peu les pistes, vois: plus personne ne me suis ! Tout le monde pense que je suis à trainer dans un coin, trahissant ma femme, ou juste fou.. Mais la raison est autre, et se rapporte à toi...

- ..? Comment ça? Mais de quoi parles tu donc? Tu ne vas pas faire ces bêtises de rites païens au moins?

- Je t'ai demandé d'attendre... et assieds toi.. Il va falloir que je te le dise, de toutes façons...Personne, à part une fermière, n'est au courant.

-Au courant de quoi? Cesses de tergiverser!! Que caches tu?

- Tu te souviens de cette fille blonde, à la peau blanche et aux yeux bleus si pâles, que tu lui avais sauté dessus, sur le chemin de Reims, quand on partait pour..

- Oui et alors??

- Elle est morte..

-Ha.. dommage, elle était jolie.. Bon, et tu vas me dire que tu chéris sa tombe et que tu t'absentes pour ça?

- ..en accouchant...Et je ne sais pas ou elle est enterrée, dommage, pour la femme qui t'aura donné le seul fils bien vivant, le seul descendant de ta lignée..

- Non mais tu te moques de moi? Qu'est ce que je peux bien en avoir à f.. Hein?. Quoi? Un fils? Moi?! Mais... heu....Pourquoi n'as tu rien dit? Es-tu sur?

- Réfléchis... Personne ne sait, personne ne risque d'aller lui écourter la vie!

- Ha! Encore! Tes histoires de conspirations, de meurtres, de..

-N'y crois pas si tu ne le veux pas.. Mais tu l'a eus d'une femme sans mariage... ta religion s'en accommoderait-elle? Et puis, on est jamais trop sur..

Le roi tournait en rond, réfléchissant à vois haute..

- Ca fait combien de temps? Son nom?? M'en souviens plus ! Mais s'il vit, c'est bien, ça ! Mais..

-Arrêtes de tourner et de parler si fort!

- Arrêtes de donner des ordres à ton roi! Childérick s'arrêtât, et se plantât devant Wiomade: Je veux le voir!

-Tu le verra, mais attends un peu ! Que perds tu à me croire, et à le laisser dans le secret pour le moment?

-Tu veux m'empêcher de voir mon fils? Quel genre d'ami es tu donc? Avec tous tes mystères et tes histoires d'assassins cachés dans les murs!

-  Non, je veux empêcher ces couards à langue bien pendue de courtisans de le voir... De toutes façon,s il changera bientôt de place, sa nourrice se meurt, et il a l'âge d'aller habiter dans une ville, je veillerai à ce qu'il reçoive une certaine éducation...au cas ou.. tu n'aurais.. personne d'autre..

- Jamais Pépin n'acceptera un bâtard pour héritier ! Il faut que..

-Jamais Pépin ne devrait avoir à accepter quoi que ce soit, ce n'est pas le roi... Mais tu dois te conformer à ses volontés.. Qui a raison, mon cher roi, alors?

-Tais t.. Je... Merde! Tu m'énerves Wio! Merde!! Tu m'entends ? Merde!!!

-... Wiomade prenait un air faussement contrarié, mais cela suffit au roi pour le décontenancer et lui faire recouvrir un peu de lucidité..

- Bon... bien...désolé.. le vin,sans doute... Je pourrai le voir quand? Il a quel âge?

- Quatre ans. Je le met dans une ville, et j'arrange un « voyage » pour y passer, et tu le verra incognito..Mieux que dans un village, et mieux qu'un déplacement suspect..

Childérick poussât un soupir, mi rageur, mi dépressif..

- Quand.. j'aurai arrangé, si j'y arrive, tout ça.. (Il fit un geste vers la porte, vers la cour royale ) Je n'aurai pas à me cacher...

-Pas « si », mais « quand ».... Bon, je dois y aller, un voyage a Nantes, et je reviens ici ! Entre temps, j'aurai emmener ce garçon en ville..

-  Laquelle??

- Une surprise, mais je te laisse deviner... Pas dur, si tu me connais bien... ! La vie est bien meilleure avec des choses inconnues !

Grognon, le roi prit la bougie alors qu'ils se déplaçaient tout deux vers la porte, poussât un lourd soupir, se massât les yeux, puis, entendant la porte s'ouvrir, il mouchât la chandelle..-Merci..mon ami.. Mais Wiomade était déjà parti, et la face du roi, sa barbe et sa chevelure plus fournies que jamais, brillaient à la lumière diffuse du couloir...et un mur nu..

 

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 12:07

 

 

 

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Chapitre III:

Vers une longue attente..

 

 

 

 

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Forêt domaniale de rets, mi-hiver 737

 

La route boueuse s'était muée en une lame de glace dure et froide, implacable pour les chevaux qui s'usaient les sabots et les articulations à tenter de rester dessus.. Huit soldats accompagnaient l'homme dont les mains étaient attachées à la selle. Ils avaient ordre de le remettre aux guerriers du Palativm du domaine de chasse de Côtterets, sorte de petit château ou les rois venaient faire pied à terre lors de parties de chasse.

- Remettez cet assassin à la discrétion du capitaine sur place. La lettre ici est à remettre au prêtre qui saura la lire. avait émis le Dvx et Princeps Francorvm Charle dit le Martel.. Ainsi, le dernier de la lignée de Clovis avait été acquitté et assigné à résidence, au monastère de Saint -Bertin. Quant au noble qui l'accompagnait, il eut le droit d'être responsable du meurtre du Comites de Soissons, et prit pour 25 années d'enfermement avec droit de sorties sous surveillance dans la forêt alentours.. C'est cet homme, maussade et amer, qui était maintenant encadré par les gardes... Personne n'avait bronché quant l'imposteur de Duc n'avait pas pris la peine de choisir qui reprendrait le trône des francs... Qu'on le laisse «choisir» était déjà un signe de la crainte qu'on avait de lui, et semblait aberrant à Wiomade.. Mais que personne ne dise rien alors qu'on n'avait plus de roi..Incompréhensible !

Lorsque les lourdes portes de bois se refermèrent sur les arbres gelées étincelants au soleil qui se levait, Wiomade sut en voyant la tête du capitaine et du prêtre qu'il n'aurait jamais le droit à ses « sorties » autorisées, et ce fut confirmé par la lecture de la lettre, que le prêtre lui tendit... On y lisait «  mettre à mort si résistance », ou encore «  enfermement strict dans le plus haut confinement possible » , « traitre au pays » et autres termes mauvais... Vingt-cinq années.. il sortirait de là vieux et usé, avec quelques années à vivre dans la honte et la disgrâce.... Déjà les lettres pour sa famille voyageaient pour informer son père, ses cousins, ou les hauts nobles non présents à ce postiche d'assemblée de mars des faits retenus contre les deux coupables..

Deux jours plus tard, il se rendit compte que les seuls compagnons de sa vie allait être les souvenirs de jours plus heureux, quand il se rendit compte que la seule personne qu'il voyait, quand on changeait ses bassins et sa nourriture, était un sourd muet un peu simplet...

Quant à la bougie , la seule bougie qu'on lui accordât, elle ne dura pas, et bientôt, seule la petite meurtrière lui laissât, les jours de bon éclairage, de quoi voire plus loin que son nez...

 

 

 

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Noyons, printemps 738

 

A force de « laver » sa maitresse, car il n'y avait plus aucun rapport amical, mais seulement de domination « maitre - servant », et ça devenait parfois très déplaisant... En plus de servir la noble, et pas que pour des travaux d'hygiène corporelle manuelle, Brunneliede finit par arrêter de pleurer le soir, recroquevillée, humiliée, dans sa misérable chambre... Sur ordre de la noble, on l'avait déplacée au dernier étage des écuries, là, il faisait froid, et on ne lui avait plus donné de vêtements neufs.. Elle servait presque exclusivement la noble désormais, mais ce n'était rien quand elle devait « servir » son mari, le seigneur de Noyons.. Le printemps revenait, et Brunneliede dormait de moins en moins, ses traits se tiraient, et la boule dans sa gorge semblait familière, chaque fois qu'elle montait les escaliers, quand un autre des domestiques lui disait, le regard narquois Tu es « demandée » la haut ...

La nouvelle de l'emprisonnement de Wiomade et de Childérick, de la mort de leurs compagnons, avait accéléré les déviances de Sigelinde à son égard.

- Personne ne reviendra te chercher, alors obéit, ou crèves dans la rue, petite catin! Avait été la seule réponse à ses protestations du début... Au moins, ici, elle était nourrie.. ce qui était mieux que tous ces gens qu'elle avait vue, volant pour se nourrir, ou tuant des innocents sur les routes... mais jusqu'à quand?...

 

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Forêt domaniale de Rets, fin de l'été 742

Wiomade marchait comme il le faisait tous les quatre matins depuis trois ans, avant de continuer en course et de faire quelques exercices d'étirement. Ses « gardes » le suivaient à cheval, d'une façon plutôt oisive, ou aurait-il put aller , seul, sans nourriture, dans cette forêt?

Et chaque fois, il repérait les lieux, changeait d'itinéraire « pour ne pas s'ennuyer », et, lors des quelques moments ou il était dérobé à la vue directe des gardes, il s'arrangeait pour tailler, avec le couteau volé en cuisine, des morceaux de bois, ou encore creuser petit à petit un trou...

Il avait espéré convaincre un habitant de l'aider, mais sans argent, c'était difficile, de plus, l'homme abordé aurait tôt fait d'aller prévenir son maitre en ville... Et il ne fallait surtout pas revenir aux premiers mois de captivité, seul dans une pièce noire... Attristé par la condition de son prisonnier, le capitaine des gardes, un certain Chnodalbert, avait commencé à parler avec lui du bon temps quand il s'était aperçut qu'il avait sous sa garde un homme ayant combattu avec lui à Poitiers, et qui avait continué Narbonne en 737, ou ledit capitaine se souvenait du père de Wiomade, blessé aux jambes par un fauchard sarrasin.. Une fièvre l'avait quittée au bout de plusieurs semaines , et depuis cet homme ne bougeait guère de ses terres... Mais son fils avait continué un peu, avant de repartir vers le Rhin avec ses compagnons... escortant un convoi, dont avait fait partie Chnodalbert... Wiomade avait feint de s'en souvenir, et s'était ainsi rapproché du capitaine peu à peu...

La mort du prêtre en poste au début de l'année 740 avait aussi aidée, son successeur étant un grand altruiste qui avait dénoncé les conditions d'emprisonnement, il n'en avait pas fallut plus pour que Chnodalbert transférât Wiomade dans une chambre certes gardée, mais plus spacieuse, avec un lit,quelques livres prêtés par le prêtre, et des grandes fenêtres plein est que venait lécher le soleil matinal passant au ras des cimes de la grande forêt...

Une fois Wiomade avait pu aller en ville, se faire refaire des vêtements, encadré comme un noble officiel par des « gardes du corps » trop sérieux , en fait ses gardes, sur le qui vive...Même si sa seule parole aurait- du suffire..

 

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Fin de l'été 743, Forêt domaniale de Rets

 

C'est en arrivant ce matin au « virage des buissons roux » comme l'appelait Wiomade, qu'il

prit enfin la décision de partir vers l'endroit ou il avait soigneusement entreposé -la première ayant pourrie a cause de l'humidité- ses lances primitives, et le piège composé d'un trou et de morceaux de bois pointus orientés pour blesser un cheval qu'il lavait fabriqué. Dans sa tête, tout s'engainait; les cavaliers ne se méfieraient pas trop d'un changement de chemin, mais dès qu'il le verraient armé d'une pique, ils donneraient la chasse... à lui d'arriver rapidement au piège, et de le mettre en place assez tôt, il ne resterait alors plu qu'un cavalier à désarçonner.. voler les armes... trouver ou fuir, et de la nourriture... Pendant qu'il y pensait, un cavalier en armure le regardait venir à lui... Wiomade ne le vit qu'au dernier moment, ou il laçât un dernier regard pour être sur qu'il avait le temps de déterrer les piques... et s'arrêtât net.... Se pouvait-il qu'ils sachent?

- Wiomade Frigemiett, né à Compendio?

- … Wiomade ne savait quoi dire...

-  Je suis envoyé par notre maire du palais...

Ainsi, le Pépinide s'était rappelé de son prisonnier, et allait certainement le faire tuer, et prendre le trône...

 

Son pouls était accéléré au delà de toute chose imaginable... Comment vaincre ce cavalier, bien armé et protégé..à mains nues? Les deux autres arrivaient au galop derrière, et hélèrent leur prisonnier... Trop tard... Il allait être exécuté comme un chien, dans cette forêt! Avant de pouvoir s'enfuir, le cavalier dit :

- Allez prendre un repas, un bain et des bagages, nous avons une longue route, et je voudrai partir avant midi..

Les pensées de Wiomade stoppèrent nettes... Une longue route? Un piège? Mais pourquoi ne pas tenter de s'enfuir sur le chemin alors..? Ou alors ils savaient et voulaient le ramener au château et l'exécuter...

- Monsieur, nous avons la responsabilité de cet homme, veuillez décliner votre nom, et nous accompagner voire notre capitaine, mais nous ne le laisseront pas partir ainsi !

Les deux gardes semblaient tendus et agressifs, soit c'était une belle machination bien montée, soit.... Aller! Après tout, autant les laisser le ramener, et aviser après ! C'est donc un trio de cavaliers, encadrant un homme toujours courant, qui revinrent plus tôt que d'habitude au château de Cotterets.. La sentinelle en alerta le capitaine, qui fût tout juste pour les accueillir... Depuis quelques moi, Chnodalbert se laissait aller, et dormais assez tard, voire ne s'habillait pas en tenue certains jours..

- Capitaine Chnodalbert, responsable de la garnison de Cotterets! Et vous êtes? demandât-il après que l'un de ses gardes lui eut annoncé ce que le cavalier venait de leur dire le long du chemin..

- Amararic dit L'économe, attaché à la coure du futur roi des Francs, Childérick le troisième.. Je viens chercher cet homme, (il pointât sa lance vers Wiomade) propre, avec un cheval, et le livrer à Paris, ou notre futur Roi a mandé sa présence!

Devant la mine suspicieuse des hommes et du prisonnier, il produisit une lettre, et fit demander le prêtre. :

-Je ne la lirait pas seul, vous pourriez croire à un mensonge...

Une fois que le prêtre eut confirmé, le capitaine voulut savoir pourquoi il n'y avait qu'un seul homme...

- Sommes nous en guerre? Ou le message signifie-il que le seigneur ci présent soit toujours prisonnier? Allez ! Dépêchons ! Amenez moi ou je puis manger, et faites le laver, habiller, et fournir en vêtements et vivres !

C'est un Wiomade avec des cheveux coupés et peignés, dans un habit de meilleure composition ( une tunique de laine bleue sombre, des braies saumons en bon lin, et une ceinture neuve à boucle de bronze) qui fit son entrée dans la petite salle des repas du château, ou le cavalier et le capitaine mangeaient tranquillement, riant de blagues grivoises ou de souvenirs de guerres... L'homme, Amararic, semblait jeune, mais il avait pourtant, dit-il , près de 42 ans..Il avait combattu à maintes reprises, toujours dans le camp des Pépinides, et avait la confiance du maire du palais. Il était aussi connu pour être un homme de bonne gestion, et aiderait le nouveau roi dans ses fonctions, nouvelles pour lui... Pendant qu'il écoutait, Wiomade se demandait comment tout cela avait-il fait pour changer, en si peu d'années..

Se retournant vers Wiomade, Amararic se penchât pour saisir un objet sous la table, long, fourré dans une étoffe de laine grossière...

- Ceci vous appartient, (il posât le paquet sur la table) ainsi que cette bague )il sortit d'une petite poche un anneau qui appartenait au père de Wiomade). Je vous souhaite un bon retour dans la vie, monseigneur le Comites de Nantes ! Vôtre père est mort ce printemps, et son poste est resté vacant tant que l'ordre de votre libération n'est pas venu... De plus, vous avez été acquitté pour le meurtre dont vous étiez accusé, Childebert y a veillé, et pour le pardon, le maire du palais vous alloue une petite somme... et vous rend ceci (il poussât vers Wiomade le paquet, et y déposât la bague) . Du bout des doigts, Wiomade s'en saisit, et la passât à son doigt... Il s'attendait à ce que son père meurt un jour, il avait put lui écrire lors des relâchements de sa captivité, mais ce fut l'intendant du comites qui lui répondit, lui annonçant la mort de sa mère, et la santé déclinante de son père.. Là, maintenant, il se trouvait devant le fait accompli... Il prit le paquet, qui pesait assez lourd, et en sortit une lame longue, ornée de dorures bronzées, qu'il reconnut aussitôt : son épée!

- Le comites de Senlis l'avait gardée dans son Castrvm, mais ne l'a jamais utilisée...il en a eut une bien plus onéreuse comme récompense.. Enfin, elle vous revient de droit... Il est temps de se mettre en route maintenant !

Se levant, il fit congés du capitaine, et Wiomade dût se dépêcher pour le voir déjà juché sur son étalon, attendant l'ex prisonnier pour partir au galop sans se soucier de fatiguer son cheval... «  Bon économe, mauvais cavalier » pensât Wiomade... Faisant ses adieux au capitaine Chnodalbert, il partit rejoindre Amararic, mais vit bien vite que son cheval était en bien moindre santé physique que celui de son nouveau compagnon...qui chevauchait un pur sang venant des pays sarrasins, rapide et apparemment infatigable... Nulle salive n'écumait de sa bouche, et son flanc était propre et se soulevait régulièrement et lentement, à contrario avec le cheval donné par la garde, luisant de sueur et battant rapidement...

Voyant se regard, Amararic commentât

- Nous faisons peut être de bonnes épées, mais rien ne vaut un étalon pur du pays de ces arabes. Il n'y en a que peu dans notre royaume, j'ai dépensé la moitié de mon or dans celui ci, et espère en tirer une bonne lignée!  Allons ! Nous devons êtres au village de Sainte pierre de l'aigle avant la nuit ! J'y connais une superbe auberge...

Et il ne laissât dans son sillage que de la poussière, et un Wiomade craignant de tuer sa monture à la tâche...

 

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St Pierre Aigle, le lendemain matin

 

Après une nuit dans une petite auberge ou les repas servis étaient copieux et de très bonne qualité, les deux cavaliers partirent vers le nord, il leur restait encore plusieurs jours de chevauchée avant d'atteindre la capitale... Mais Amararic voulait descendre en bateau jusque là, pour ménager les chevaux et gagner du temps.. En passant par un Castrvm près de l'Aisne, Wiomade se rendit compte d'un changement notable chez les guerriers : beaucoup avaient un casque, et une épée longue.. Depuis quelques années, les francs commençaient à améliorer leurs équipements, notamment ceux faits avec le fer, mais jamais Wiomade n'avait vu autant d'hommes équipés de lames...Surtout pour une « petite garnison »...

En en faisant part à son compagnon, une fois embarqués, ce dernier lui expliquât qu'on en venait à couler les lames et à les souder, plutôt que de replier maintes fois le métal sur lui même et de souder les barreaux torsadés ainsi obtenus... La conséquence était certes une moindre qualité, mais un prix nettement inférieur, tandis que les armes faites hors de ces ateliers restaient d'encore moins bonne qualité... et très longues à produire...

Tout en partant sur des explications de transport des minerais, de prix des convois de divers poids, de dépenses dans les feux et outils pour les fabriques d'armes, Amararic ne se rendit pas compte que celui qu'il considérait comme un bon camarade s'ennuyait... Pour Wiomade, tous ces chiffres n'avaient aucune importance, il était libre, et voulait repartir en vadrouille! Mais il fallait retourner à Nantes aussi, prendre en main les affaires, et aller voir la famille de Angamir, si injustement tué et laissé à l'oubli... Quant le soir vint, les insectes suceurs de sang se présentèrent, et les deux nobles furent contraints de se munir de capuchons en toile grossière, et de ne dormir que peu dans la nuit qui commençait... Mais demain soir, si les bateliers ne faisaient pas d'arrêt ou de fausse manœuvre, ils seraient à Paris, et Wiomade reverrait son ancien ami, maintenant quasi roi., et dernier représentant de sa lignée...

 

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Ile de la cité de Paris, premiers jours de l'automne 743

 

Wiomade voyait pour la première fois la cité, longtemps capitale de royaumes francs dirigés par diverses branches de la famille descendante de Clovis Ier..

L'ancienne cité des Parisii était maintenant une grande ville, qui débordait un peu sur les berges « continentales ». Deux ponts principaux permettaient d'y entrer, et étaient gardés par les anciennes murailles romaines, tandis qu'a leurs extrémités externes, des maisons et hôtels mal ordonnés poussaient sans vrai plan précis..

-  Cette cité aurait du rester une ile, et un fort en cas de coup dur pour les rois...

Amararic ne semblait pas apprécier Paris, même si il la préférait à nombre de cités plus petites.. D'après lui, rien ne valait Reims, surtout que cette ville là charriait de plus en plus de saletés dans ses eaux à cause de l'explosion démographique incontrôlée...

- Nous iront d'abord voire le maire du Palais, puis tu sera libre d'aller retrouver ton ami. Mais il faudra être prêt d'ici deux jours, nous iront couronner Childérick et je pense que tu y sera convié !

Ils dépassèrent les murailles, et partirent vers un palais reconstruit dans un ancien fort romain, à l'allure assez trapue et austère.. En fait, certains murs avaient étés percés, et des bâtiments annexes agrandissaient l'édifice, et de l'intérieur, on avait l'impression d'être dans un véritable palais.

La rencontre avec l'homme qui détenait désormais le pouvoir dans le royaume fut brève, il saluât Wiomade comme s'il le connaissait bien mais n'en avait que peu d'intérêt, puis passât à des questions guerrières avec plusieurs hommes tenant des rouleaux de divers parchemins et autres tablettes... Amararic laissât Wiomade aux soins d'un domestique, et s'excusât : il devait aller rejoindre sa femme et ses fils, qui étaient venus avec lui à paris pour la saison.

Wiomade fût conduit dans un dédale de couloirs et de petits escaliers, et introduit dans une chambre sombre, surchargée de meubles, décorations, et autres objets divers. Là se tenait un homme, qu'il ne reconnût qu'avec peine : à vingt-neuf ans, Childérick en paraissait bien dix de plus, et malade.. Les yeux enfoncés et quasi sans vie, la chevelure autrefois dorée terne, la peau jaunie, et le dos vouté, il n'avait plus rien du port royale que lui avait connu Wiomade quelques années auparavant.. Devinant ses pensées dans son regard et son attitude, Childérick maugréât :

-  Tu as aussi pas mal changé, mon ami.. Mais en mieux … Pas de graisse prise, et les cheveux toujours aussi bien longs et faits!  Une toux l'empêchât de continuer..

-   Cette vilaine maladie passera, et tu sera de nouveau comme avant!

- Peut être, peut être... Mais ce que j'ai du vivre m'a appris l'humilité, parmi ces moines pervers pour certains, bons pour d'autres... Que je devienne roi ou pas, que ma santé s'améliore ou pas, Le fils du Marteau, le défenseur des francs, comme on le nomme maintenant, n'en restera pas moins le vrai chef des francs.. De nouveaux une toux.. Des expectorations jaunâtres étaient parties de sa bouche sur le mouchoir en lin beige qu'il tenait..

- Quelles tristes retrouvailles... Mais nous sommes réunis, après tout ce temps ! Et tu pourra compter sur moi, si tu le veux bien, pour t'aider à te remettre d'aplomb ! Tel que tu me vois, c'est parce que j'ai réussit à avoir le droit d'aller courir plusieurs fois par mois, et avec le régime frugal qu'on me servait...

- Oui, on m'a dit que tu avais eut le droit à une détention assez abjecte... Mais un assassin aurait du mourir.. Tu as eut de la chance!

-J'y ai crut sur le moment ou ton ami Amararic s'est présenté devant moi... être assassiné dans une forêt, quelle chose déplaisante..

-Mon ami! Mon Ami Amararic ! Ha ! Quelle blague ! Il n'est là que parce qu'il est un chien servile de Pépin le Bref, et parce qu'il est un rude économe et un gestionnaire de talent ! Mais en rien ce n'est mon ami, mais il faut garder des apparences, et montrer que notre cher Maire a l'approbation du dernier des rois... De nouveau une toux... Wiomade allât aux fenêtres et les ouvrit,

-  Tu ne pourra pas guérir si tu restes dans une chambre moisie et renfermée ! Viens avec moi profiter des deux prochains jours de soleil , et bien manger ! Tout en disant cela, Wiomade retirait les tapis suintants et les déposait sur les rebords des fenêtres, et s'apprêtait à aller chercher à manger pour son ami..

- Je vais trouver un bon repas, et un Physicvs, et on te remettra sur pied afin que ton sacre voit un roi digne, noble , et impressionnant! Restes ici, je, reviens!

- Humph... Wiomade, comment avons nous pût tomber si bas? Les avidités, et nos femmes.. et notre lâcheté..

- Je reviens, chaque chose en son temps, tu n'ira pas replacer ta lignée si tu es mourant ou mort !

Et Wiomade ramenât des viandes, pains, et un médecin dans une chambre non loin, qui lui était allouée, à l'atmosphère sèche et en plein soleil du sud. Il allât transporter le dernier roi dedans, et lui fit changer de vêtements pur des secs, puis payât les onguents et tisanes du Physicvs, restât avec son ami une partie de la soirée, et allât dormir un peu dans la chambre alloué à Childérick.

Au matin, il toussait, et crachait de la salive jaune... mais le futur roi semblait aller beaucoup mieux, et ils allèrent aux écuries, prendre deux hongres noirs et des provisions, tandis qu'un groupe de vingt cavaliers semblait ne pas vouloir les lâcher...

-  Un roi doit être protégé... non? Amusant comme on doit avoir des responsabilités, même si je suis sur qu'a nous deux, ami Wiomade, nous n'avons pas besoin de ces traines savates pour nous défendre contre un cerf... car qu'y aurait-il de plus dangereux dans ces prairies civilisées..?

Heureux de voir son ami en meilleure forme, et réprimant une toux, et des idées qui paraissaient paranoïaques sur la cause de ces affections pulmonaires, Wiomade ne répondit rien et lançât sa monture au galop, sur les traces de son roi..

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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 20:08
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Chapitre II:

De Noyons à Senlis

 

 

 

 

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Ils prirent la fuite vers l'Ouest, et ne s'arrêtèrent qu'a la nuit tombée. Encore sous le choc de la cruauté du combat, Brunneliede parlait des hommes qui avaient attaqués ses parents, de sa mère étendue dans son sang, .. Son père faisait ce qu'il pouvait pour la calmer, mais tout le monde savait ,qu'il fallait qu'elle s'exprime ainsi, n'ayant pas l'habitude, comme eux, des carnages et des morts..

-Tu as été guerrier, Batalfrir? Wiomade regardait le vieil homme, se demandant quel âge il pouvait bien avoir.

-Oui, quand mes genoux ne craquaient pas! Je servais en Austrasie, comme lancier de rang..

- En tout cas, jolie framée, elle doit valoir son poids en pièces..

Le fer de la lance de Batalfrir était décoré de ridelles gravées dans le métal, formant des chevrons alignés sur la gouttière centrale..

- Je la tiens de mon père, il l'a reçut en cadeau pour avoir sauvé un noble de l'est, dans une forêt quelque part.. Je ne l'ai jamais vendue, même rouillée par endroits, elle tient le coup! La discussion parti sur les armes de chacun, et elle calma la jeune fille, ou tout du moins l'ennuyât assez pour qu'elle s'endorme.

- Demain, dit Wiomade, nous trouverons un pont et iront au nord, j'y ai de la famille et nous nous y reposerons, puis nous aviserons de la marche à suivre... Un prince de sang ne peut pas fuir devant des hommes qui le pourchassent tel un chien, ce dans son propre royaume!

 

La nuit fût courte, Angamir les réveillât en revenant d'une excursion matinale : il ramenait un lapin sanglant, et des nouvelles : la route à l'ouest débouchait sur un petit village, avec un pont de bois. Avant ça, il y avait un entrelacs de bois et marais, peu praticables à cheval..

- Je ne suis pas retourné à Compendio depuis longtemps, mais à Noyons nous trouverons ma cousine et son mari, qui nous aideront...

-Si je veux être roi, il va falloir, Wiomade, que j'aille à Paris, et que je rassemble les nobles.. Les Pépinides ne laisseront jamais cela arriver, vu ce que leur sbire de Soissons a tenté!

- On n'en sait rien, il agissait peut être par pur égocentrisme, espérant attirer l'attention.. émit Angamir..

- Je n'attend pas de toi de comprendre la politique... Nous devons aller au sud!! Et je lèverai une armée pour réduire cette ville ou j'ai été malmené!!

Piqué au vif par Childéric, Angamir préférât se taire et s'éloignât, tandis que Wiomade continuait à argumenter. Finalement, les mauvaises manières du princes mirent un terme au débat, et il se retrouvât soit seul à aller au sud, soit accompagné et faisant un détour au nord... Un choix vite fait, surtout vu ses ressources actuelles...

Batalfrir s'approchât de Angamir et Wiomade, au cours de l'avancée, après avoir traversé le petit pont qui était gardé par un vieux soldat qui demandait un prix dérisoire..

 

- Messeigneurs, puis-je vous demander de vous accompagner? Je n'ai plus de travail, et peu d'économies.. Plus de femme, et une fille à nourrir.. Je pourrai vous être utile : je sais encore me battre et peut toucher un homme à vingt pas avec ma lance..

- Et qui s'occupera de ta fille? Elle ne peut nous suivre, n''est-de pas, Wio? Angamir mimait le scepticisme à merveille..

- Non... Mais.. il y a peut être un moyen, et gratuit pour toi, Batalfrir.. Par contre, tu ne viendra pas avec nous si le médecin de ma cousine émet un avis contraire... Tu es blessé...

- Quelle solution Seigneur? Ma blessure à la tête est refermée, et celle du flanc.. peu profonde, je verrai votre homme, mais je l'ai déjà nettoyée..

- Ne discute pas, c'est la seule condition! Bon, ma cousine aura certainement besoin d'une servante, les femmes en ont toujours besoin... et elle y apprendra à vivre dans une grande ville ! Elle sera nourrie, logée, et entre de bonnes mains..

- C'est trop espérer! Merci mille fois !! Après toute cette aventure, vous aurez en moi un ami et un serviteur, monseigneur!

Angamir rit de bon cœur devant l'enthousiasme du père trop heureux pour sa fille, et Wiomade émit un grognement d'assentiment, et reposât ses yeux sur la route : tout était étrangement trop calme..

 

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Brunneliede ne fût pas enthousiaste quant son père lui fit part de ses projets... Servir une femme, s'était peu sympathique à côté de la vie qu'elle avait toujours connue, et qu'elle aurait préféré continuer...

- Ma fille, c'est bien mieux pour toi : tu mangera bien, tu apprendra de bonnes manières, moi, j'aurai un salaire, et qui sait, un bon poste si ce Childéric de vient roi...

- Mais père, si je tombe sur une vielle acariâtre qui me bât? Elle n'y mettait pas le ton, n'y croyant pas trop elle même..

- Je ne pense pas, la cousine de Wiomade est a peine plus âgée que lui... Et puis...

- .. et puis?

- J'ai bien vu comment tu es quand il est là, et ta façon de le regarder.. ma fille, tu vises trop haut...

-Mais...

- Non, tais toi! Tu n'y arrivera pas plus en restant fille de ferme! Vois ça comme une façon de peut être y progresser! Je tâcherai d'en toucher deux mots à cet homme quand nous serons sur la route, mais je te le dis : n'espère pas trop...! Et puis, une petite éducation t'ouvrira le chemin d'un meilleur mariage que celui que tu ne pouvais espérer dans notre chaumière...

- Père! je...

- Ne discutes pas! C'est mieux pour nous, et surtout pour toi ! Et il est hors de question que tu vive sur la route avec nous! Nous en reparlerons quand je rentrerai de notre mission avec ce prince! Jusque là, contentes toi de m'obéir, je suis encore ton père, non?

 

Les échanges entre le père et sa fille amusèrent Angamir, assis non loin et préparant le repas de ce soir là, deux jours après leur fuite de Soissons. L'échange ne fut pas perdu par Trandan non plus, qui montait la garde non loin, mais s'intéressait plus à la jeune femme qu'a d'éventuels poursuivants.. En son fort intérieur, il bouillait: le père de Brunneliede venait de confirmer ses craintes : lui, pourtant si fort, si bon, et bientôt riche, n'avait pas été regardé par cette fille ! Elle préférait les titres et la beauté physique, comme toutes les femmes ! Il lui montrerai, à elle, ce qu'il valait! Il irait lui parler, il suffisait d'un moment seuls, et lui rapporterait ce qu'elle exigerait! Des oreilles d'ennemis, des fleurs, des bijoux, n'importe! Mais il l'aurait !! Tout dans ses pensées, il ne prit pas garde à Batalfrir qui venait le remplacer, et sursautât..

- Aller, jeune homme, part manger, tu tombes de fatigues et ne guette plus rien... Regardes toi, tu trembles alors que ce n'est que moi !!

Mécontent d'avoir été pris en faute, il s'en allât mâchouiller une part de viande séchée, tout en regardant de l'autre côté du petit feu la fille... et ses pensées repartirent dans une folle cavalcade...

 

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Noyons, Neustrie

 

Trois jours plus tard, ils arrivaient devant les remparts de terre et de bois de la cité de Noyons. Les gardes à l'entrée se montrèrent suspicieux, mais les laissèrent passés après une petite taxe. Arrivés dans la partie des seigneurs, ils retrouvèrent la cousine de Wiomade, Sigelinde, une jeune femme de vingt-sept ans et mariée au seigneur de la ville. Elle avait deux enfants en bas âge, l'un héritier du titre de comte de la ville, l'autre serai destiné à aller chez les moines, sauf s'il arrivait malheur à son ainé..

La comtesse était grande, au dessus de la moyenne des hommes autour d'elle, les cheveux coupés courts pour son époque, d'un roux doré, ce qui rehaussait ses yeux d'un bleu de glace, et lui donnait un air hautain.. Elle se tenait en haut des marches en pierre de la grande entrée, on venait d'annoncer son cousin et en effet, un petit groupe de cavaliers se tenait dans la petite coure, mettant pied à terre. L'un d'eux était son cousin, et un était une femme. Les autres, tous des guerriers.. L'un des compagnons de Wiomade releva son capuchon, et elle sentit qu'il était « anormal ».. Sigelhinde repéra ses arcades plus proéminentes, et sa taille haute, son front bombé... Nul doute, il avait tous les traits des princes de sang, tout jusqu'à ses cheveux blonds et sa peau claire..

- Bienvenue, cousin. Ça faisait longtemps que tu n'étais pas venu..

- Bonjour, chère cousine. Wiomade s'approchât et embrassa sa cousine.

- Nous avons besoin d'un toit ce soir, ainsi que d'un bain! Sans compter ta table du diner, qui, si je me souviens bien, est assez copieuse et raffinée..

-Évidement... Moi qui pensait que tu venais pour moi...

- Mon cher Wiomade voulait passer depuis longtemps, mais nous avons étés plusieurs fois écartés  de votre château, madame..

Sigelinde se tournait vers Angamir, qui venait de parler.

- Cousine, voici Angamir, un habile guerrier de ton oncle, et qui m'est assigné pour me suivre et me bercer quant je vais mal! Et là, c'est Childérick, un des princes de sang..

Sigelinde avait vu juste... Un prince, ici, ça ne s'était pas vu depuis … Tout à sa stupéfaction, elle ne se rendit pas compte tout de suite que l'homme venait de lui prendre la main, et de l'embrasser.

- Une joie et un honneur de connaître si belle femme... Il ré-embrassât sa main..

- Je.. Mon mari, dit-elle, se tournant vers Wiomade, est parti ce matin même au sud, on a reçu une lettre convoquant une assemblée au champ de mars, pour les principaux nobles..

Se retournant vers Childérick, elle vit que son regard la dévorait, et se sentit mal à l'aise, elle qui était d'habitude si sure et si fière de son rang..

- Par ici, vous devez avoir besoin d'eau, et aussi d'un bain.. Vos serviteurs peuvent suivre mes domestiques, ils auront eux aussi le droit à un nettoyage, sinon, je n'aurai pas d'appétit ce soir!

Tous suivirent les domestiques qui firent entrer la troupe, sans les deux nobles partis dans les appartements privés, dans une salle ou on lavait les linges, et ou les bacs servaient au nettoyage des hommes de temps à autres. Batalfrir fit mur de son corps quant sa fille se lavât, mais Tradan réussi à voir un bout de flanc et une jambe pâle, avant de se prendre une bourrade par Angamir

- Dépêches toi, on doit vérifier les chevaux, nettoyer les armes, et commander de la nourriture pour demain!

 

Le soir même, tous furent conviés à la table de la comtesse, et mangèrent avec d'autres membres locaux admis à la table. L'atmosphère était lourde, et bruyante, mais les cousins et Childérick avait eut tout le temps de parler entre eux auparavant, et c'est une Sigelinde toute excitée par ces histoires de sang qui accepta de prendre à sa charge la jeune fille de Soissons.

- Je lui apprendrai tout, tu verra, ne t'inquiètes pas. Avait-elle dit. D'ailleurs, pourquoi l'a tu emmenée?

- Aucune idée, je l'ai rencontrée par hasard..

-Et..?

- Et rien. Que sais tu de la mort du roi? La conversation était partie sur ce qu'ici ont avait appris à ce propos, mais la comtesse avait noté dans un coin de sa jolie tête le changement de sujet dans la conversation..

 

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Le lendemain matin, ils étaient sur le départ. Brunneliede était en larmes, elle n'avait jamais quitté son père, et toute la tension depuis la mort de sa mère, l'homme tué, la fuite, refluait et elle lâchait toutes ses larmes.. Plus tôt dans la matinée, l'un des hommes de Wiomade était venu la voire, et elle avait eut peur.. Il avait attendu qu'elle soit seule, et l'avait bloquée dans un coin.. Il avait parlé de devenir sa femme, qu'il l'aimait, qu'il reviendrait une fois Childérick rentré à Paris, qu'il parlerait à son père en chemin.. Puis c'était la comtesse, qui était venue la stimuler pour qu'elle commence aux lingeries, qu'elle n'était pas là pour rêvasser, et que si elle voulait apprendre à se comporter comme une dame franque, il fallait commencer par les tâches ménagères.. Et qu'elle avait bien remarqué comment la jeune fille regardait son cousin au diner de la vaille, qu'elle n'avait aucune chance de se mettre à son niveau, si ce n'est en apprenant à devenir une aristocrate,

-Et ça, ça passe par le fait d'aller tout de suite prendre le linge et le laver! avait-elle ajouté.. Puis son père, les adieux.. Il avait l'air fatigué, et pas si en forme qu'il ne le disait..

- Je reviens directement après, sauf si le jeune noble a quelque chose pour moi.. Avec un peu de chance, je serai à son service jusqu'à être trop vieux, et j'aurai de quoi te payer un bon mariage, ma fille..

Il l'avait embrassé, lui avait recommandé de bien se tenir et d'apprendre au maximum dans l'entourage des ces nobles.Se retrouvant seule, dans un matin brumeux et frais, elle entendit la voix de la chef cuisinière derrière elle.. Il fallait y retourner, puis aller chercher de la viande séchée pour le repas des domestiques..

 

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Route de Senlis, Hiver 737

 

Le petit groupe alternait la marche et la monte de leurs chevaux maintenant fatigués. Obligés d'éviter les villes, ils mettaient plus de temps que prévu à rejoindre l'assemblée du champ de Mars, qui, pour une fois, ne se tiendrait pas une fois le printemps arrivé..

Il ne pleuvait plus, mais la neige n'améliorait pas l'état des routes boueuses, et leurs pieds menaçaient d'êtres envahis de champignons dans l'humidité quotidienne et sans répit. C'est en arrivant devant la cité de Senlis qu'il firent une pause, cette après midi là.

Il leur faudrait refaire les fers des chevaux, et dormir au sec, acheter de nouveaux linges de pieds, nourrir les chevaux, et trouver tout ce qu'ils n'avaient pu acheter sur les petits villages ou fermes croisées en route.

- Le seigneur de Senlis est un pro Pépinides connu, surtout qu'ils n'ont plus besoin d'un motif inventé pour nous poursuivre : le meurtre du comites de Soissons a du être diffusé partout à l'heure qu'il est..

Angamir était de plus en plus maussade ces derniers temps.. La mort de leur compagnon Chlotem le peinait, Childérick se montrait hautain avec les non nobles, Tradan se montrait distant et agressif, et Batalfrir semblait perdre des forces à vue... Tandis que Wiomade avait pris un comportement sérieux qu'il ne lui connaissait pas..

- Mais, mon ami, nous ne pouvons continuer plus longtemps sans passer par une ville... D'ici, nous irons ,directement à Paris sans relai, et ça sera bien mieux..

- Je suis d'accord, Wio, mais je redoute qu'un de ces chiens ne nous cherche querelle,et qu'on soit reconnus...

  • S'il en est ainsi, on se battra, et ils mourront!

    Childérick semblait de plus en plus prompt à vouloir distribuer la mort, il répétait de plus en plus que «ses sujets» devaient lui obéir désormais... Un autre élément irritant de plus dans cette aventure qui le dépassait... Angamir soupirât, et emboitât le pas à la troupe déjà en route vers la porte nord. Les anciennes murailles romaines, encore majestueuses malgré leur délabrement, montraient fièrement leurs alignements de briques et de pierres blanches, tandis que les tours ovoïdes ressortaient d'un air digne mais menaçant, semblant briser les lignes rouges et blanches de la grande muraille dans un trompe l'œil qu'on ne découvrait qu'en arrivant au pieds de celles ci.

 

En ville, ils trouvèrent une auberge assez propre, ou Batalfrir s'assoupit rapidement, les deux nobles préférèrent rester dans une chambre, discutant comme à leur nouvelle habitude. Angamir prit soin des chevaux et allât trouver un forgeron pour leurs fers, tandis que Tradan se mit en devoir de trouver des provisions et des linges. Il apprit que le Comites de Noyons était passé deux semaines auparavant, et que le seigneur de Senlis ne l'avait pas suivi à Paris, il battait la campagne après des fugitifs assassins.. Retournant chercher les chevaux pour les ferrer, il manquât Tradan qui revenait des casernes de la ville...

 

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Noyons, deux jours auparavant..

 

Brunneliede était désormais la bonne à tout faire de la comtesse, et à ce titre, s'était rendue bien vite compte de la vie «légère» de cette dernière.. Un des artisans de la ville, un menuisier apparemment, l'avait même prise à part et lui avait demandé si elle « fournissait le même genre de générosités »...Sans compter son lit trop dur, ses levés difficiles pour blanchir linge, préparer repas, et faire des courses en ville, tenir la chandelle de la noble et veiller sa porte jusqu'au coucher, Brunneliede avait du mal à s'intégrer dans sa nouvelle vie... la plupart des autres domestiques étaient soit des hommes, soit des femmes bien plus âgées.. C'est quatre jours plus tard qu'elle recroisât le menuisier, qui semblait être un habitué plus que les autres, et qu'elle entendit, tenant fièrement la chandelle «  Laisses là, mon cousin ne me permettrait pas qu'il lui arrive quelque chose... Si tu la touches, dis adieu à tes visites, et penses à ta vie, il se pourrait bien que.. » le reste se perdit aux oreilles de Brunneliede. Le ton de la voix était menaçant, mais avec la même teinte de suggestivité qu'elle connaissait à la comtesse quant des hommes «  visitaient ses appartements »... Elle se rappelât du cuisiner, qui avait essayé de la déshabiller, un soir, après la cuisine.. Elle avait eut le temps de hurler, et la noble, avertie, avait fait punir le pauvre homme.. Depuis, il marchait en clopinant, ses orteils arrachés, il n'avait échappé au tranchage de ses doigts que parce que ceux ci étaient utiles à son métier... et que la comtesse appréciait ses plats.... Encore quelques semaines, et mon père reviendra.. La jeune fille, ce soir là, s'endormit sur cette pensée réconfortante, comme chaque soir...

 

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Senlis, petit matin

 

Angamir allait chercher un pain ou deux pour le voyage.

Avec les années qui passaient , il dormait de moins en moins.. Premier levé, il en profitât pour aller d'étirer dehors, avant de partir chez le boulanger : mieux valait arriver avant tout le monde, ça éviterait d'avoir un choix réduit sur les pains non vendus de la veille..Arrivant devant l'enseigne du boulanger, il croisât un homme armé qui partait dans une rue latérale.. Au dedans, seule deux femmes faisaient la conversation..

- Bien le bonjour! Vous êtes matinal ! Si c'est pour une commande, mon mari vient tout juste de partir.. Si vous voulez du pain de ce matin, je vous servirait à sa place ce matin !

- Merci bien.. Il désignât deux pains de forme quelconque, à croute épaisse, et payât

- C'est lui que j'ai croisé en entrant?

- Effectivement.. Les deux femmes avaient stoppé leur conversation tout au long de la transaction..

- Un artisan en armes.. Pourtant, il n'y a aucune guerre, non?

- C'est que.. Voyez vous, le Seigneur est rentré hier soir. Et ce matin, ils vont appréhender de dangereux criminels en ville.. Mieux vaut être en nombre, on ne sait jamais...

- Mon mari aussi, qui est charron, est armé et se rend chez le seigneur ce matin. dit la seconde femme. Si ça se passe comme l'autre fois, ils vont encore cavaler dans les bois après les vilains... Les gardes de la porte ne referment jamais celle ci, les gens n'aiment pas que la porte soit fermée.. et forcément, les vilains courent, et passent, et nos hommes perdent du temps à les rattraper!

-Je lui dit toujours, d'aller réclamer pour la porte, mais non, et puis...

- Oui, oui, je comprends.. Angamir lui coupait la parole..

- Je.. Je dois repartir livrer mes tissus ce matin vers le pont de la Seine, au sud.. Vous dites que les fugitifs partent vers ou , d'habitude?

- Heu... Vers une des portes... Nord, souvent, à cause des bois.. Au sud, ya que la route, et trop de monde dessus!

- Ha! Tant mieux ! Je serai plus tranquille entouré alors! Mais dites moi, les gardes fouillent ils tous les passagers, s'il y a une battue?

- Pour sur ! Ça ralentit de beaucoup les voyageurs parfois...

- J'espère que ça ne durera pas trop longtemps, je n'aimerai pas avoir à rentrer de nuit avec ces brigands pas loin !

-Ha.. La femme du boulanger semblât réfléchir, prenant une moue concentrée..dans ce cas, si vous voulez éviter les fouilles et les blocus des voies, je vous conseille, pour la route sud, d'aller sur le petit chemin une fois le premier bosquet sur votre droite passé. Là, vous rejoindrez l'ancienne voie romaine, assez délabrée, qui désert des villages. Mais je pense, vu le nombre d'hommes recrutés ce matin, que vous n'aurez pas à vous en faire! Ils seront arrêtes et exécutés, croyez moi ! Et vous voyagerez tranquille sur la bonne route !

  • Merci, je me souviendrait du chemin et de la vielle voie, si je vois qu'on avance pas! Une bonne journée, mesdames!

C'est un Angamir rouge sous l'effort d'une marche rapide, mais ne voulant alerter personne, qui allait d'un bon pas vers l'auberge ou tout le monde se réveillait..

En chemin, il croisât des hommes mal réveillées pour la plupart, dont certains allaient vers les rues latérales à l'auberge.. Sentant une panique l'envahir, il se maudit d'avoir laisser ses armes dans la chambre...

 

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Senlis, chambre de l'auberge

 

Batalfrir se sentait reposé, mais toujours aussi mal.. Les douleurs dans ses jambes étaient parties, mais reviendraient une fois les efforts à faire, ou une marche longue...

La nuit, il devait laisser sa jambe pendre le long du lit, la plus blanche des deux, la droite.. Sinon, la douleur revenait lorsqu'il était allongé... Ce matin, il massait sa jambe, regardant par la fenêtre.. Il vit Angamir, à l'autre bout de la petite place, marcher d'un drôle d'air.. De partout sur la même place, des hommes armées de lances bougeaient...

Entendant un grognement dans son dos, il lançât:

- Quelque chose me dit, ami Tradan, qu'on va avoir des ennuis..

Tradan ne répondit rien, mais semblait mal; réveillé...

-Il faut prévenir les nobles.. Batalfrir se levât, mais quelque chose en lui l'empêchât de continuer son geste... Il se rassit, ne sachant pas comment prendre la situation : ses jambes.. plus de douleur ! Par contre, il se sentie mal... Sous lui, un liquide chaud se répandait... Il était vieux, mais pas à ce point l... La chambre était grise, et il sentit à peine le sol le frapper...

 

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Tradan veillait depuis la veille, et avait peu dormi. Il feignait le sommeil depuis plusieurs heures, et attendait avec anxiété l'arrivée des soldats Senlisiens.. Quant le vieux fit sa remarque, il en fut quasiment soulagé... Il coup de scramasaxe dans le bas du dos, sans même un cri.. «Ce vieux là n'emmerdera plus personne» se dit il.. laissant Batalfrir tomber comme un sac de terre, il était déjà à prendre les armes de la chambre et les bloquer sous le lit, quant il allât vers la chambre de Wiomade et de Childérick.. «Leur retirer leurs épées, et ils seront sans défense...» avait préconisé le Seigneur de Senlis.. Qui ne voulait pas d'un incident comparable à celui de Soissons...

«Tu sera remercié, et j'enverrai quérir la fille dont tu veux la main, à Noyons. Une ferme pour toi, en tant que mon vassal, et une belle femme, telle que tu la décrit, ton avenir est fait!» Tradan s'était senti bien, bien plus que les jours derniers, autant que quant il avait tué ces hommes basanés dans le sud des royaumes Francs... Il se voyait déjà, Brunneliede à ses côtés, éplorée par la mort de son père, haïssant Wiomade pour ce meurtre, et la réconfortant, elle l'aimerait.. Oui ! Et ils vivraient des revenus de ses terres.. SES terres! Ses fils seraient respectés, et il vieillirait auprès d'une femme qu'il espèrerait toujours belle, voyant sa famille aller d'exploit guerrier en poste important...

Mais la nuit avait été longue, et l'anxiété le rongeait.. Et si un des deux nobles avait ouvert la fenêtre? Et s'ils avaient déjà leurs épées?

- Tradan? Que fais tu là?

Il n'osât pas se retourner, cette voix lui était trop familière... C'était Angamir, qui montait les escaliers en courant...

- Prends nos armes! On va en avoir besoin... Moi, je préviens Wiomade et Childérick!

Tradan ne bougeât pas, mais ne fit rien pour stopper son compagnon. De toutes façons, les deux nobles étaient déjà sortis de leur chambre, et tenaient leurs épées longues à la main..

- Nous n'avons pas étés assez discrets.. Anga, as tu pensé à seller les chevaux hier soir, avant de remonter?

- Oui Wio, mais ils sont nombreux, et déjà là.. Se tournant vers Tradan : Et alors? Vas chercher Batalfrir et des armes! Dépêches toi !!

Il partit dans la chambre des nobles et prit les rations qui y étaient entreposées, et descendit avec les deux hommes armés jusqu'aux écuries. Dans la rue, on entendait des pas, nombreux, et des cris étouffés. Tradan n'était pas avec eux..

- Sale merdeux, depuis le temps que je lui dit qu'il ne vas pas bien, toujours à trainer! On va se faire avoir par sa faute! Angamir déposât ses paquets et courut vers les chambres, chercher ses amis ,et ses armes.. Quant il arrivât dans la chambre, il ne vit ni ses armes, ni Tradan, ni Batalfrir.. Une mare de sang maculait le sol.. Commençant à paniquer, il prit son petit couteau, et fit mouvement lentement, sur qu'il y avait des hommes non loin prêts à sauter sur lui.. Arrivé dans le couloir, il suivit les traces de sang.. Pour arriver devant une autre chambre, fermée.. Il ouvrit la porte, et vit une femme, égorgée, sur un lit, un homme, son mari certainement, allongé auprès d'elle, le sang gouttant encore de ses carotides.. Batalfrir était dans une drôle de position, comme si on l'avait jeté là, au sol.. La porte se refermât sur le nez d'Angamir, et il lâchât sa seule arme. Un couteau se mit sous sa gorge, et la voix de Tradan, pleine d'angoisse, lui intimait à l'oreille de ne plus bouger.. Qu'ils s'en sortiraient, eux deux, sauf s'il résistait.. Eux n'étaient pas coupable.. Qu'il ne devait surtout pas bouger... Il fallait attendre les gardes..

Angamir avait la tête qui tournait.. Pourquoi son compagnon parlait il ainsi? Pourquoi ces trois cadavres?

- On aura qu'a dire que c'est le vieux qui a tranché la tête du Comites de Soissons..

- Tradan.. Qu'as tu fait? Et..pourquoi? Relâches moi, maintenant!

- Ho non ! Tu risquerait de faire l'imbécile ! Écoutes moi, notre ami nous as toujours manqué de respect, par sa naissance, par ses manières, et depuis qu'il a rencontré ce fou de Childérick, il est de plus en plus distant, et méchant ! Regardes comme il m'a vol..

- Il t'a quoi? Et Tu nous a trahit pour ça? Alors que tu aurai très bien pu repartir, Wio t'aurait donné de l'or pour rentrer seul, et tranquillement !

- Tais toi! Tu ne sais pas! J'aurai des terres, et on m'a promis..

-Promis Quoi? Qui t'as promis quoi que ce soit? Tradan?

Tradan ne bougeait plus, il sentait l'acier froid d'une lame entre ses jambes... La voix de Batalfrir, grêle ,raisonnait dans la pièce.. Une sorte de murmure...

-Lâches le , petit con, lâches le, ou je te castre, et je t'arrache les entrailles, et tu souffrira, lâches le.. Tradan poussât un cri suraigu, et se retournât pour frapper le vieil homme. Celui ci se prit le couteau dans l'œil, et lâchât son arme.. Dans le même temps, quelque chose frappât Tradan derrière la tête, et il partit contre le mur.. Ce fut le noir complet..

Angamir ne prit pas le temps de s'arrêter sur le corps de Batalfrir, il ramassât un couteau, une épée courte, et courut retrouver les deux nobles, il n'y avait plus qu'eux maintenant ! Et si Tradan les avait vendus, il devraient faire vite.. L'itinéraire glané chez la boulangère ne serait pas de trop ! En Arrivant en bas des escaliers, il vit une trentaine d'hommes entourant Wiomade et Childérick, tout deux à dos de cheval, l'arme au clair..

Personne ne voulait engager le combat, et personne ne remarquait Angamir, dans l'encadrement de la porte.. La scène était fixe, un homme richement vêtu, le Seigneur de Senlis, ricanait en même temps qu'il insultait les deux hommes au centre de la petite coure.

- Allez, déposez vos armes, de toutes façons, je n'ai aucun droit de vous juger, moins encore de vous exécuter.. Vous allez vivre quelques jours en plein air, le temps d'arriver à Paris.. ne faites pas les imbéciles, et ne mettez pas en jeux la vie d'hommes qui n'ont rien demandés !

Tradan et deux miliciens venaient d'arriver derrière Angamir.. Tradan prit la lance de la main d'un des guerriers, et se jeta sur son ancien ami, lui perçant le dos. Le cri semblât revendable tout le monde, les lances s'abaissèrent autour de deux cavaliers qui ne purent plus bouger, et Angamir s'écroulât sur les pavés.

- C'est lui qui a tué le Comites! Laissez moi l'achever!! cirait un homme fou, avec une grosse bosse sur le front.. Il se battait avec un milicien qui voulait reprendre sa lance... Ce qui laissât le temps à Angamir de se retourner sur le dos et de trancher le mollet de Tradan, dans un geste désespéré, avant de recevoir une pluie de coups venant des miliciens qui s'étaient retournés sur lui..

 

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Senlis, grande place, trois heures plus tard

 

Les deux nobles étaient sévèrement gardés par des hommes à cheval, et attendaient le seigneur de Senlis, qui devait les emmener à Paris dans l'après midi..

le corps d'Angamir, couvert de plaies, avait été mis non loin, et une oraison publique avait été faire : « ainsi finissent les tueurs de nobles francs » pouvait on lire sur un écriteau en dessous.. Quant à Tradan, il ne se servirait plus jamais de sa jambe droite comme avant.. Il avait eut le droit à des insultes de la part de Wiomade, et avait misé les deux meurtres qu'il avait commis en voulant cacher le corps de Batalfrir et les armes sur le dos du vieil homme, qui d'après lui avait voulu s'échapper voyant la foule en armes devant sa fenêtre.. et avait pris les deux autres locataires pour des miliciens..

C'est un Tradan tout joyeux qui vint saluer son ancien maitre et le prince de sang, en insistant bien sur le fait qu'il se marierai très prochainement avec la fille que Wiomade avait sauvée, que pour une fois, on reconnaissait ses véritables qualités, et d'autres phrases qui échappèrent aux deux nobles, qui se fermèrent devant tant d'absurdes paroles.

Plus tard, sur le chemin, Le seigneur de Senlis s'approchât d'eux

-C'est un grand jour pour moi, j'attends un titre officiel depuis longtemps, je vais l'avoir pour l'arrestation du meurtrier et de vous deux, recherchés pour des motifs politiques, enfin passons... Vous savez, votre ami Tradan, fût d'une grande aide! Mais bien que je cautionne de tels actes, et que je soutienne les Pépinides dans leur action contre notre propre royaume, je n'en suis pas moins doté d'un sens moral.. Cet homme voulait une femme qui ne veut pas de lui si j'ai bien compris, et des terres.. Imbécile comme il est, il a voulu bien trop, et n'a pas sourcillé quand je lui ai offert bien plus.. Tout ce qu'il aura de moi, c'est une pointe de flèche à la sortie de la ville... ca me fera quelques armes et un cheval gratuits ! J'espère que malgré cette note pragmatique, vous apprécierez le fait que ce traitre crève dans un fossé tel le chien qu'il est.. !

Au fait, comme je ne suis pas en poste depuis très longtemps, je pense que vous ne connaissez pas mon identité: Je me nomme Sabroïne Luz.. Ravi de connaître un membre de la ligné royale!Il sourit d'un air franc, et s'éloignât d'eux..

Le voyage durerai quelques jours, et même s'ils n'étaient pas attachés, il y avait bien quinze, hommes armées et montés qui les surveillaient.. Leur seule chance serait de tomber sur un conseil des nobles en faveur de Childérick ,et pas d'un autre prince, s'il en restait... Charles n'irait jamais les tuer, mais un emprisonnement long, comme ça s'était tant vu, ne pourrait pas être mieux !

 

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Noyons, le lendemain matin

 

Brunneliede allait chercher un bac d'eau, pour nettoyer les linges sales des domestiques du bâtiment principal, comme on le lui avait montré. Ses mains étaient déjà rouges des savons qu'elle devait utiliser pour décrasser les tissus, c'était le quatrième aller-retour qu'elle faisait... Sigelinde lui avait fait savoir la veille qu'une fois tout cela fini, elle devrait monter la retrouver dans sa chambre. Elle devait donc se dépêcher, si elle voulait avoir le temps de manger quelque chose avant la préparation du repas de la mi-journée..

Une fois cela fini, elle partit retrouver la noble dans sa chambre... laquelle était sombre, et à la chaleur étouffante.

- Ouvre donc les tentures des fenêtres, et va me chercher un bac d'eau. S'exécutant, la jeune fille vit que Sigelinde attendait dans son lit, assise et mâchonnant un morceau de pain rassi.. Elle allât donc, une fois de plus chercher de l'eau, et remontât dans la chambre. La noble était en train de se soulager dans un pot, et, sans aucune gêne, lui donnât l'ordre de venir mettre l'eau à tiédir sur les braises de la cheminée, et de prendre ses vêtements pur la journée.

- Tu vas me nettoyer, tu dois aussi apprendre ça.. Déjà gênée par l'action en cours de la noble, c'est une Brunneliede rouge pivoine qui allât aux coffres chercher une chemise de lin, tandis qu'elle essayât de lisser la tunique de laine rouge soyeuse jetée négligemment à terre..

- Alors, tu viens ? La noble était debout, nue , devant elle.. Tu ne vas quand même pas me jeter de l'eau simplement sur moi, et espérer que je sèche ainsi? Prends le savon dans le petit coffre noir derrière toi, et un linge pour frotter, tandis qu'avec le second tu me sèchera! Il faut vraiment tout t'apprendre!

Ne pouvant être plus rouge, elle allât chercher l'eau qui devenait plus chaude, et s'appliquât à tremper le premier linge dedans, puis frottât le savon dessus commençait des mouvements circulaires sur le dos de sa compagne.

- Plus doucement, je ne suis pas un poney !! Et je ne suis pas frileuse, ça ne sert à rien de se dépêcher!!

Le ton devenait plus sec, et Brunneliede se dit qu'elle devait faire attention pour une tâche si délicate, ne pas décevoir son père et se faire mettre à la porte, vu le changement d'attitude de la noble..

- Voilà, avant de passer à un autre endroit de peau, enlèves le savon avant qu'il ne sèche, et essuies.. Brunneliede accomplissait sa tâche comme on lui demandait

«Plus bas» «Plus fort!» «Repasses ici». Les ordres commençaient à lui peser, jusqu'à ce qu'elle soit trop stupéfaite pour s'en énerver d'avantage... l'autre femme venait de lui prendre la main pleine de savon et de la glisser en bas de son ventre..

 

 

 

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